lundi 28 avril 2014

Haïti : Bloquons le FNE, les Elections, mais pas les 300 millions de la classe moyenne.- (Texte de Cyrus Sibert)

(Haïti – Crise politique : Jusqu'où peut pousser l'arrogance de certains intellectuels.)
 
1-  Le parlement haïtien refuse de voter le FNE (Fonds National de l'Education), cette loi qui devrait autoriser l'Etat à utiliser plusieurs dizaines de millions de dollars collectés pour l'éducation gratuite des enfants défavorisés. Cet argent est le résultat de la décision expresse du Président Martelly d'imposer, dès son investiture, des charges financières sur les transferts d'argent et les appels téléphoniques internationaux. Au lieu d'exiger du parlement que la loi soit votée, que ce montant soit débloqué, au profit des professeurs, l'élite responsable des syndicats font pression sur l'Exécutif et lancent des appels à la grève.
 
On ne peut que se demander si ces gens respectent le peuple, n'ils nous considèrent comme des êtres humains doués de raison.
 
2- Le Sénat haïtien ne cache pas ses manœuvres pour empêcher la tenue des élections législatives et municipales en Haïti. Depuis l'arrivée du Président Martelly à la tête de l'Etat, toutes les initiatives allant dans le sens de la réalisation des élections sont systématiquement combattues :
-      Plusieurs mois pour négocier une formule électorale dénommée CTCEP (Conseil Transitoire du Conseil Electoral Provisoire);
-      7 mois pour la désignation des 3 représentants du parlement CT-CEP;
-      de nouvelles négociations en vue de trouver un accord pour organiser les élections;
-      un accord trouvé sous l'arbitrage de l'Eglise Catholique représentée par le Cardinal Langlois;
-      Aujourd'hui, le Sénat ignore son engagement consigné dans cet accord qui devait faciliter l'organisation des élections à la fin de l'année 2014. Alors que plus de 50 partis politiques et organisations de la société civile, sans compter les partenaires internationaux, attendent qu'il respecte son engagement d'amender la loi électorale, comme seul concerné par les joutes à venir, il parle de non-confiance dans l'organisme en place et propose une nouvelle formule… une nouvelle stratégie dilatoire pour conduire le pays au chaos.
 
Sur les ondes et dans la rue, on continue d'accuser le Président Martelly de refuser d'organiser des élections dans le pays dans le but de pouvoir diriger par décret. La monstruosité extrémiste Lavalas/MOPOD/RDNP utilise ce mensonge pour exiger son départ.
 
Nous prennent-ils pour des idiots ?
 
3- Résultat logique de cette stratégie du Sénat de la République d'Haïti, les Etats-Unis menacent de couper l'aide financière à Haïti. Une manne de 300 millions de dollars restera dans les coffres de la Banque Centrale Américaine, si le pays n'organise pas des élections avant la fin de l'année 2014. La perte de cet argent va affecter directement la quasi totalité des projets et programmes de santé. Ce qui va couter la vie à des milliers de gens parmi les plus démunis. Des projets d'infrastructures pour le développement et la sécurité maritime en paieront aussi les frais. http://haitihebdonews.com/?p=1087 
 
Peut-être, cette fois-ci, ils se comporteront de façon raisonnable. Parce qu'en réalité, la stratégie de blocage systématique du pays n'est autre qu'un habituel mépris des intellectuels de la classe moyenne envers le peuple. Ces gens se croient tellement supérieurs au reste de la population qu'ils se sont évertués à déformer les faits. Aujourd'hui, les ONGs concernées par cette manne américaine sont dominées par ces éléments de la classe moyenne, sans scrupules, qui défilent tous les jours dans la presse pour dire au peuple que ce qu'il voit comme BIEN est MAL, le VRAI est FAUX, ce qu'il ressent est à refouler, et que leurs interprétations méchantes sont faites suivant une connaissance ésotérique – (même incapable d'interpréter la réalité haïtienne et de proposer des solutions aux problèmes du pays).
 
Car, si les enseignants et le peuple n'ont pas les moyens de propagande pour faire entendre leur voix,  si les responsables des syndicats et des organisations de base sont assez zombifiés au point de ne pas pouvoir identifier les intérêts des secteurs qu'ils représentent, les éléments de cette classe moyenne, bénéficiaires directs de la manne américaine, à partir des ONGs, ne laisseront pas filer ce pactole. Ils finiront par pressurer le Sénat pour un déblocage de la situation. Comme d'habitude, leurs intérêts directs de clan et de classe, leur redonneront le bon sens. Ils cesseront de se comporter comme des fous et/ou de considérer la majorité comme la canaille incapable de saisir la réalité. 
 
Voyons ! On saurait demander à des Juristes, à des Médecins, des Economistes, des Experts, Consultants des ONGs, de se passer de 300 millions de dollars U.S.
 
Cyrus Sibert, RéseauCitadelle,
Cap-Haitien, Haïti
28 Avril 2014.
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, 
But you can't fool all the people all the time."
 (
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.

Les manifestants pro-opposition de plus en plus agressifs

Des partisans et sympathisants qui se réclament de l'opposition ont investi, sous la direction du Mopod et de la FOPARC, les rues de la Capitale, Lundi, pour manifester et réclamer le départ du chef de l'État. Les protestataires voulaient se rendre devant le Palais national pour procéder, disent-ils, aux funérailles symboliques du Présdent de la République.

 
Ce mouvement s'est vite dégénéré lorsque ces manifestants ont pris à partie les agents de la police nationale d'Haïti dépêchés sur les lieux pour sécuriser leur marche. Ils ont tenté de briser les barricades métalliques érigées dans l'aire du Champ de mars pour protéger les bureaux du président de la République.
 

Aussi en réaction, ont-ils mis feu à un véhicule immatriculé service de l'État, identifié au numéro SE 04838. La police a répondu par des jets de gaz Lacrymogène pour disperser la foule qui devenait de plus en plus agressive et qui a procédé à des scènes de casse, un peu partout dans la ville.

http://directeinfo.com/les-manifestants-pro-opposition-de-plus-en-plus-agressifs/

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dimanche 27 avril 2014

Le Sénat propose officiellement au chef de l’Etat la formation d’un CEP sur la base de l’article 289 de la Constitution de 1987 amendée.--

"Le CT-CEP est caduc du fait qu'il n'avait vu le jour que pour organiser les élections pour le tiers du Sénat et les collectivités territoriales"

Publié le dimanche 27 avril 2014

Son Excellence
Monsieur Michel Joseph Martelly
Président de la République
Palais National

Monsieur le Président de la République,

J'ai l'honneur d'informer Votre Excellence qu'à la suite de plusieurs séances plénières et réunions informelles, l'Assemblée des Sénateurs a exprimé des points de vue sur la conjoncture nationale. La présente est pour vous en faire part de façon exhaustive.

1.- Le Sénat de la République n'a aucune option ni velléité de constituer un espace de blocage de la gouvernance d'Etat, encore moins de la tenue d'élections dans le pays. A cet égard, il oppose un démenti catégorique à certaines déclarations d'ici et d'ailleurs lui imputant la responsabilité de retarder l'échéance inéluctable de l'année 2014. Il tient à faire remarquer que la nation haïtienne soupire après les élections depuis 2011 pour les mairies et les collectivités et depuis 2012 pour le tiers du Sénat. Parce que ce n'est pas à lui qu'incombe la charge de les tenir, ce ne peut pas être sur lui que doit tomber la sentence de les avoir ignorées ou ratées. A ce compte, le Sénat réaffirme son souhait que les élections soient organisées au cours de cette année 2014 ; l'échéance est impérative et incontournable.

2.- Toutefois, étant donné que ces joutes prochaines visent à renouveler la totalité de la Chambre des Députés, la totalité des maires et des agents des collectivités locales, les deux tiers du Sénat, elles sont d'une importance capitale. Elles doivent être organisées avec toutes les garanties pour éviter que surgissent ces interminables crises pré et postélectorales qui ne cessent depuis 1990 d'atomiser l'échiquier politique haïtien, de diviser la nation haïtienne et de retarder son avancée sur les chemins de la paix, de l'union et du développement. Sur cette base, le Sénat a pris le temps d'analyser toutes les facettes de la conjoncture et d'identifier toutes les germes de tensions, de conflits et de désaccords potentiels :

A) Le CT-CEP, issu de l'Accord de Noel 2013, suscite une méfiance quasi générale en raison de ses longs silences et de certaines mesures douteuses et conflictuelles frisant une partisannerie étroite. En ce sens, le Sénat se fait l'écho des préoccupations d'une large partie de la classe politique qui ne voudrait s'engager que dans des compétitions régies par un organisme inspirant confiance totale, car totalement dépouillé de préjugés, de parti pris et d'allégeances suspectes.

B) Le CT-CEP, il y a lieu d'en convenir, est caduc du fait qu'il n'avait vu le jour que pour organiser les élections pour le tiers du Sénat et les collectivités territoriales. Maintenant que le panier électoral s'est élargi d'un autre tiers du Sénat et de la totalité de la Chambre des Députés, la logique politique élémentaire veut qu'au autre organisme prenne sa relève et assume les nouvelles obligations et attributions plus étendues et plus complexes.

C) Aujourd'hui, dans cette logique de dépassement et de renouveau, on ne parle plus de CT-CEP, mais de Conseil Electoral Provisoire. Et dès qu'il s'agit de Conseil Electoral Provisoire, il n'existe qu'une seule façon de le former en s'écartant délibérément de la solution bâtarde de greffer un transitoire volatile sur un permanent inconsistant voire inexistant. Le Sénat, parangon de la légalité et n'ayant de boussole que la Constitution de la République, ne voit d'autre alternative pour constituer le CEP que de se référer à la Constitution de 1987 amendée, sinon dans la lettre, du moins dans l'esprit de l'article 289. Certes, dans la liste des organismes apprêtés à cette Constitution, certaines entités n'existent plus ; mais, depuis 1987, de nombreux précédents offrent des exemples probants et efficaces toujours dans l'esprit de l'article 289. C'est dans cet esprit de conformité et de continuité que le Sénat de la République suggère la mise en place d'un Conseil Electoral Provisoire où figureraient des Représentants des organes publics suivants :
1. Un représentant de la Fédération des Barreaux d'Haïti
2. Un représentant du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire
3. Un représentant du Sénat de la République
4. Un représentant de la Chambre des Députés
5. Un représentant du Pouvoir Exécutif
6. Un représentant des Médias
7. Un représentant de l'Université d'Etat d'Haïti
8. Un représentant du secteur des droits humains
9. Un représentant des différentes organisations de femmes. 
Si les contacts et les pourparlers sont menés avec bonne volonté, célérité et méthode, cela ne prendrait pas plus d'une semaine pour former ce Conseil Electoral Provisoire de consensus et de confiance.

Monsieur le Président,

Le Sénat de la République n'éprouve aucune réticence à voter des amendements à la loi électorale de 2013. Mais il comprend mal que des voix appellent à mettre la charrue avant les bœufs. L'article 191.1 confie au conseil électoral le soin d'élaborer la loi électorale. Il est donc prématuré de se pencher sur des amendements dont l'opportunité ni le libellé n'auraient pas été préalablement étudiés par l'organisme chargé d'appliquer la loi, d'en expérimenter les imperfections et les omissions et de faire des suggestions à l'autorité compétente. C'est pourquoi le Sénat demande officiellement à Votre Excellence de prendre des dispositions en vue de former un Conseil Electoral Provisoire qui analyserait la loi de 2013, relèverait les écarts et les défauts sur la base de compétence avérée et d'expérimentations de terrain et acheminerait des amendements bien documentés à l'Exécutif « pour les suites nécessaires. »

La prise en compte de ces observations et suggestions , marquées au point de la plus saine logique administrative et juridique, enverrait un signal sans équivoque de la volonté de Votre Excellence d'atténuer les tensions, de diluer les oppositions, de débloquer la situation et d'avancer d'un pas assuré et déterminé vers la tenue d'élections démocratiques, crédibles, honnêtes et inclusives au plus tard à l'automne de l'année 2014.

3.- Le Sénat de la République, par la présente, réitère à Votre Excellence ses plus fermes dispositions à participer au dialogue institutionnel aux date, lieu et horaire laissés à son entière convenance. Il estime que c'est la voie idéale pour les pouvoirs de l'Etat de rechercher et de trouver un consensus minimal en vue d'honorer les échéances électorales et de permettre à Votre Excellence de diriger le pays dans la paix et une relative concorde citoyenne jusqu'à la fin de son mandat constitutionnel.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments patriotiques.

Simon Dieuseul Desras, Av.
Président

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Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
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) dixit Abraham Lincoln.

De quelle Haïti parle Hérold Jean-François dans sa lettre à Daly Valet ? (Texte de Cyrus Sibert)

Nos commentaires sont en Bleu !
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Billet de Hérold Jean-François à Daly Valet
26/04/2014 06:23:00 Auteur(e) La Redaction

Le Journaliste Daly Valet
Faut-il croire que, dégoûté de nous, tu laisses la presse sur la pointe des pieds? Doit-on comprendre qu'avec cette sortie, quand on réfère à toi désormais, on doit dire Daly Valet, ex-journaliste?

Mais Daly, te rends-tu compte qu'après toutes les batailles menées par les démocrates, celui à qui l'on a confié les rennes du pouvoir n'est autre que Michel Martelly?
[CYRUS SIBERT :
Les batailles menées par les démocrates, ne voulaient-elles pas implanter la démocratie basée sur le suffrage universel en Haïti ?  De quel droit un intellectuel démocrate, si savant soit-il, peut-il contester le choix du peuple consacré par des joutes électorales suivant l'esprit procédural de la démocratie ? La classe moyenne d'Haïti avait fait le même raisonnement en 1991. Elle trouvait le Petit Prêtre des bidonvilles Jean-Bertrand Aristide trop peu pour diriger le pays ; ils ont ignoré le choix du peuple ; conséquences : Coup d'Etat, embargo, invasion, occupation et Tutelle internationale.]
As-tu oublié que, depuis le coup d'État du 30 septembre 1991, on est sorti de Dessalines et de la belle tradition d'autodétermination et de la fierté souverainiste? Depuis l'arrivée de la MINUSHA en 1992, ne vois-tu pas que, même pour lever une pelle et ramasser nos ordures, il nous faut une main étrangère?
[CYRUS SIBERT :
Cette situation ne date pas d'hier. Elle est le résultat de cette prétention de citoyens qui se croient au-dessus des principes démocratiques. Ces gens n'ont rien appris. Ils veulent déstabiliser le pouvoir en place qu'ils n'ont jamais accepté. La vérité, la participation de l'Etat haïtien dans le Budget national a augmenté avec l'arrivée de l'équipe Martelly/Lamothe. Haïti n'organise plus de réunions de bailleurs à Washington (USA) ou à Punta Cana (République Dominicaine) pour quémander l'aide humanitaire. Les officiels de ce pouvoir font appel à des investissements étrangers.  Il n'y a plus de soldat de l'ONU dans le Nord-Ouest et d'autres régions du pays. Un contingent de soldats haïtiens formés en Equateur est actuellement opérationnel sous le sol national. Le pouvoir en place négocie un plan de désoccupation du territoire national.]
La République des ONG, Daly, elle ne date pas du 12 janvier 2010. Rappelle-toi le titre d'un livre de Sauveur Pierre Étienne, L'Invasion des ONG (Le Natal, octobre 1997)! Et puis Daly, quand tu vas d'un point à l'autre du pays, l'état délabré de nos villes figées dans le temps si ce n'était la verrue des bidonvilles qui les encercle, cela ne traduit rien moins que l'échec de la nation?
[CYRUS SIBERT :
Depuis l'arrivée du Pouvoir Martelly/Lamothe, les villes sont de plus en plus propres. Au Cap-Haitien, les visiteurs constatent une ville plus propre qu'il y a 4 ans. La stratégie du pouvoir en place de faire du SMCRS un organisme stratégique avec plus de moyens, plus de ressources , la décision d'interdire l'importation de certains produits plastiques améliore considérablement l'image des villes de provinces. Le tourisme reprend ses droits. Des tours opérateurs organisent des visites guidées en Haïti. La semaine écoulée, j'ai vu au Cap-Haitien, des italiens, des allemands, des canadiens et un anglais d'origine haïtienne (adopté par un couple anglais) qui n'avait jamais connu sa terre natale. Ils étaient guidés par le « Tour operateur Lumière » qui travaille en partenariat avec une compagnie Européenne.]
Alors mon ami, la gangrène de la corruption comme elle s'installe dans la 49e législature, à la Chambre des députés en particulier, ce qui rend le Parlement inopérant avant sa caducité prochaine par l'attitude même des sénateurs, n'est-ce pas là un objet de dégoût?

[CYRUS SIBERT :
La corruption au parlement haïtien ne date pas d'hier. Depuis toujours, il y a les fameuses résolutions monnayées. Comme exemple, citons celles sur la SOCABANK, sur les importateurs de riz au Cap-Haitien,… En 1995, des députés de l'OPL étaient impliqués dans une affaire de vente de moteurs de voitures, un autre a été arrêté en Suisse transportant de la drogue dans ses valises. Comme aujourd'hui, ils n'étaient pas tous corrompus, mais la corruption existait. Plus prêt de nous, la 48e législature avec le Groupe CPP votait sans débattre des lois, sur simple ordre du Palais national. Le renvoi spectaculaire de Madame Duvivier Pierre-Louis et le vote des lois formant le CIRH sont des exemples forts. De plus, en 2011, n'est ce pas la société civile haïtienne et la classe politique qui exhortaient le Président Martelly de trouver une entente avec le parlement pour pouvoir gouverner. Le nouveau Président n'avait pas bénéficié du support de la société haïtienne face au refus des parlementaires de valider la nomination d'un Premier Ministre désigné Daniel Rouzier, jugé trop honnête et sérieux.  On rendait le Président Martelly responsable du blocage, on critiquait son incapacité à négocier avec le parlement. Alors, les faits sont là.  Si le pouvoir en place a suivi les conseils de la Société haïtienne jusqu'à constituer un bloc au parlement, qu'on ne vienne pas nous parler de corruption. Car, il était clair pour tout le monde, même le citoyen le plus simple, que les parlementaires faisaient chanter la Présidence dans le sens de leurs intérêts personnels, au détriment du général.]
 
L'État affairiste qui nous tient lieu de pays aujourd'hui où les opérateurs politiques sont autant de dealers qui liquident, contre commissions, les ressources et biens de la nation; les scandales autour du pouvoir qui nous envoient la perception que nous sommes mal pris dans un vaste réseau d'association de malfaiteurs mettant à mal l'image de la principale institution nationale, la Présidence.
[CYRUS SIBERT :
Pure spéculations !  La Présidence de Michel Martelly s'est toujours montré radical envers toute personne accusée, à raison, de violation de la loi. Le chauffeur du Chef de l'Etat est en prison pour une affaire de fausses cartes d'accès, le journaliste Moloscot (un partisan) est en cavale ; Calixte Valentin, le Conseiller Spécial du Chef de l'Etat a été emprisonné sur simple accusation. On se plaigne de sa libération, mais c'est une décision de justice.  Sonson la Familia est en cavale. Un jeune membre du cabinet de la Première Dame a été renvoyé parce qu'il est rapporté dans la presse comme un jeune ayant eu des démêlés avec la justice américaine. C'est encourageant dans un pays traditionnellement dictatorial où le Palais national est toujours au-dessus de la loi. Nous sommes loin d'un Président comme René Préval qui imposait des chefs de gangs comme membres de la Commission de Désarmement, au mépris des protestations des organisations des Droits humains. On peut dire même que c'est beaucoup si l'on considère que sur cette terre aucune Présidence ne se laisse pas traiter comme une personne morale dénuée de puissance publique.]
La situation de dépendance de la justice malgré la création du CSPJ à cause d'une carence de personnalités de caractère, sans préjudice à ceux et celles qui en ont encore au sein de ladite entité; un substitut du commissaire du gouvernement incapable de dire non et qui se prête à une forfaiture et qui démissionne après coût plutôt qu'avant, n'avons-nous pas là, mon ami, des indices clairs de la décomposition de notre société qui nous donne de bonnes raisons d'avoir la nausée?
[CYRUS SIBERT : C'est une erreur que cette décision du Président Martelly, d'instituer le CSPJ, a été adoptée avant un rapport de Vetting sur tous les juges du système. L'Exécutif est souvent victime des agissements de magistrats souvent motivés par l'argent que par le droit. Je pense comme Hérold Jean-François qu'il y a trop de juges corrompus dans le système. Le comportement de ce commissaire de gouvernement n'est pas nouveau. D'habitude, ils ne reculent pas devant l'argent. Et, c'est normal que ce dernier démissionne après avoir posé l'acte contesté. Ils sont nombreux les commissaires de gouvernement haïtiens qui ne reculent pas devant l'argent. Et si l'offre est importante, ils préfèrent commettre le forfait et démissionner après. Dans le dossier Sonson lafamilia, il s'agit de gens pourvus en argent. On ne peut pas attribuer cette décision à l'Exécutif. Enfin, le fait d'exiger la démission de ce magistrat est une preuve que le pouvoir exécutif fait des efforts. Car, sous les gouvernements Lavalas, lors du règne de la gauche haïtienne, on aurait eu un résultat différent. Il ne faut pas oublier que dans le temps, les policiers et commissaires corrompus étaient mutés au Palais National avec promotion.]

Tu n'es pas dégoûté par la société du crime qu'est devenu notre pays où des gens, parmi les plus en vue, disparaissent du jour au lendemain sans laisser de trace comme s'ils étaient une fiction et puis, affaire classée?
[CYRUS SIBERT :
Le journaliste semble être déconnecté de la réalité (factuelle)! Car, depuis l'arrivée du Président Martelly au pouvoir, on observe une lutte systématique contre le crime organisé. Les kidnappings ont diminué considérablement. La cellule anti-enlèvement de la PNH est renforcée et devient plus dynamique. Presque tous les crimes spectaculaires sont objet d'enquête. Hérold Jean-François semble se référer au cas du Sénateur Toussaint assassiné dans les années 90. Même l'enquête sur  l'assassinat du journaliste Jean Dominique le 3 avril 2001, a pu progresser grâce à l'administration du Président Martelly. Certes, le crime organisé reste un problème majeur, comme partout dans le monde. Mais, on ne peut pas dire que cela a empiré sous le gouvernement du Président Martelly. Le gang de Brandt existait et opérait dans le pays depuis longtemps. Il a fallu une administration comme celui du Président Martelly pour permettre à la police de l'arrêter. Les detracteurs diront que cela est du grâce à un contact au Département d'Etat Américain. Alors la question, ce Département d'Etat n'existait-il pas avant l'arrivée du Président Martelly ? Il faut donner à César ce qui est à César ! ]
Nous aurions pu, Daly, écrire un livre à plusieurs tomes pour illustrer la difficulté de porter avec fierté la nationalité haïtienne en déroute pendant toute cette transition démocratique. Mais va-t-on lire, après le dégoût de la presse, ton dégoût d'Haïti et d'être Haïtien?

Mon cher Daly, quelque justifiée et préoccupante que puisse être la situation d'une certaine presse en Haïti, car chacun des intervenants de la presse, pris séparément, n'est pas toute la presse dans un sens comme dans l'autre. Nous croyons fermement que ce qui reste encore de notre pays l'est, grâce à la contribution de la presse. Loin de nous la prétention d'écarter le mérite de femmes et d'hommes politiques, de parlementaires conséquents, de militants et d'activistes increvables, de défenseurs de droits de la personne courageux et téméraires, de leaders de la société civile tenaces, de braves citoyennes et citoyens d'organisations de femmes, d'associations de tous types.

Mais Daly, le travail de la presse et des médias, malgré des limitations, déviations et autres attitudes faisant de la plateforme des médias un lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères, il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique.
[CYRUS SIBERT : C'est illogique de dénoncer tous ces problèmes déontologiques et de dire dans le même paragraphe « il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique».  Une presse peut-elle être responsable et sérieuse avec tous ces défauts : [« lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères » ?]
Vu l'ampleur de ces dérives, c'est orgueilleux de vouloir parler de presse responsable après avoir cité tous ces problèmes. Sur ce point, la position de Daly Valet est louable. La presse haïtienne doit accepter de se réformer. D'ailleurs plusieurs recherches, réalisées par des universités étrangères ont démontré que la presse haïtienne a un problème de représentation.
Lisez : La représentation médiatique d'Haïti est problématique, selon un chercheur de l'UConn. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2013/01/la-representation-mediatique-dhaiti-est_5652.html ]

La veille de cette presse pour monter au créneau et signaler les déviances, le courage de certains analystes, éditorialistes dont toi-même, la fougue de jeunes confrères qui couvrent l'actualité au quotidien pour informer la nation ne peut pas être jetée à la poubelle ou dans un fourre-tout comme le Conatel a tenté de le faire. En parlant du Conatel Daly, cela ne t'interpelle pas, les réflexes et l'état d'esprit autoritaire dans lequel a été adopté le décret du 12 octobre 1977 et qui prévaut aujourd'hui encore, après toutes les résistances depuis le 29 mars 1987 pour asseoir des acquis démocratiques dans un État de droit en gestation? En 2014, peut-on prétendre se constituer en une juridiction d'exception pour tenter d'intimider la presse, en marge de la Constitution et des lois de la République?
[CYRUS SIBERT :
La note de la CONATEL visait à dénoncer le comportement irresponsable de Radio Zénith FM qui, au mépris du droit des marchands du secteur informel, a diffusé les noms des personnes ayant reçu de l'argent sous forme de prêt accordé par l'ONA. Une presse professionnelle devait pouvoir respecter le droit de ces marchands et comprendre le danger auquel elle les expose, en publiant des noms sur les ondes. C'est un acte méchant qui visait à livrer ces marchands aux gangs criminels. On doit pouvoir comprendre cette réalité injuste et simple. Puisque les médias haïtiens n'auraient jamais cité les noms de gros commerçants dits du SECTEUR DES AFFAIRES, on doit accepter le principe pour tout le monde. Ce principe de confidentialité ne peut pas exister seulement en faveur de commanditaires.  Cette reflexe de lutte antidictatoriale rend la presse stupide et ridicule. Car, elle la pousse à violer les principes le plus élémentaires de la profession suivant une logique de solidarité et de lutte. Le comportement d'une presse responsable aurait été une demande d'explication au CONATEL par l'Association des Médias, suivie d'une note de désapprobation appelant Radio Zénith à se ressaisir. ]

La presse, la corporation, les médias doivent être ouverts à la critique pour corriger les anomalies et certaines pratiques qui avilissent la profession. Cependant Daly, tout comme malgré tous les maux qui accablent notre pays, nous continuons avec stoïcisme d'assumer notre nationalité et allons au-devant de notre pays quand c'est nécessaire de le défendre contre les gifles de nos voisins, l'arrogance des proconsuls et autres envoyés spéciaux, tout comme mon ami, la presse, pour son utilité et les immenses services qu'elle rend à la nation dans une réalité d'institutions défaillantes et en plein dysfonctionnement, nous ne saurons, à la satisfaction de prédateurs et contempteurs qui applaudissent, jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous ne devons pas alimenter en eau  le moulin des ennemis de la presse et de la liberté d'expression.
[CYRUS SIBERT : Une conception militante de la presse, conséquences des périodes dictatoriales de Duvalier et militaires, la presse haïtienne se croit missionnaire et non UN SERVICE. Incapable d'évoluer avec le projet démocratique, cette presse se croit encore forgeuse de nation et de démocratie. Elle se croit au-dessus du peuple. C'est une presse aristocratique dominée par des seniors qui paralysent toute tentative de réforme, toute association de journalistes. Finalement, en Haïti, les travailleurs de la presse sont sous la coupe de journalistes seniors devenus patrons de médias… Un problème de classe transverse la presse haïtienne. La dialectique Journalistes-Seniors-patrons/Jeunes-journalistes-Employés-exploités crée une réalité de deux groupes d'intérêts divergents qui empêche de poser les vrais problèmes de réforme de la profession, de salaire et d'amélioration des conditions de travail. Car, quand les employés des salles de nouvelle cherchent de meilleur salaire, des formations complémentaires, des séminaires et de meilleures conditions de travail, le Journaliste Senior, souvent proches de pouvoir ou d'opposition, est prêt à tout sacrifier pour la prise du pouvoir ou le renversement du gouvernement en place. Le tout se fait au nom de la liberté d'expression. Et, voyant les avantages de cet espace d'hypocrisie folle, des personnes en conflit avec la loi comme les criminels et les trafiquants de drogue font leur entrée par la grande porte en y injectant leur argent sale en échange de louange et de protection.]

Il s'agit de se situer pour faire la part des choses, sans œillères, mais aussi sans autoflagellation. En tout cas, si ton expression de trop plein est une sorte de chronique d'un départ annoncé de la presse, ce serait dommage, ta plume va nous manquer.

Souviens-toi avant, pour réformer, restructurer, changer, bousculer, améliorer, il faut des combattants. Ce n'est ni la Minustha, ni les ambassades, ni l'Unesco, ni aucune instance étrangère qui remplacera le travail de notre presse. Tout comme c'est aux Haïtiennes et aux Haïtiens de se colleter aux défis avec persévérance et détermination pour changer Haïti. Malgré que toutes les conditions soient réunies pour nous décourager, l'heure n'est pas à la déprime. Nous savons que les ressorts pour rebondir sont bien là. Fraternellement.
[N.B. : Le journaliste Cyrus Sibert a une position connue, une ligne claire - depuis toujours. Il sait établir un distinguo élémentaire entre fait et opinion. Il n'est pas de ces hypocrites qui se cachent derrière le principe de la « neutralité » tout en mélangeant les faits à leurs opinions dans le but de supporter un secteur politique et de combattre un autre.  Il est contre cette soumission aux idées reçues, contre cette prétention qui fait des journalistes de la capitale haïtienne des donneurs d'ordre et de leçon. Il est un ouvert aux échanges, mais est contre toute forme d'arrogance.  Il n'est pas un démagogue.]
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!

"You can fool some people sometimes, 

But you can't fool all the people all the time."
 (

Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.

) dixit Abraham Lincoln.

samedi 26 avril 2014

Contribution critique de Madame Emmanuelle Gilles, aux dirigeants de s'expliquer ou de corriger!

Compte rendu de mon dernier voyage en Haiti -

Chers amis internautes,

Au debut de ce mois,  j'ai effectué un voyage d'agrément dans notre pays pour voir mes deux petites jumelles de  4 ans.  Pour débuter les vacances, on a passé un excellent weekend au Club Indigo.  C'était un samedi matin, après le petit déjeuner, nous avons fait le tour de la station balnéaire, et j'ai été étonnée de voir que les clients étaient peu nombreux.  Les membres de la MINUSTHA que les Haïtiens appelaient les Touristas n'étaient plus sur les plages.  Les chiffres d'affaires ne doivent pas être très alléchants.  Les clients étaient en majorité quelques membres de la diaspora et quelques expatriés. Très peu de touristes !  Ce n'était pas la foule…  Ceci dit, la MINUSTHA serait entrée dans sa coquille car ses membres ne fréquentent plus les plages ni les boites haïtiennes.   Même si leurs bottent nous dérangent a vue d'œil mais leur dollar dérange-t-il ?   Les touristas auraient bien pu augmenter l'emploi dans le secteur service car plus ils sont présents plus la demande pour la main d'œuvre augmente.  Dans un système économique, les décisions  de produire, d'échanger et d'allouer des biens et services sont déterminées par l'offre et de la demande établie par le libre jeu du marché.  Il fut un temps où le marché était bien là avec la présence des Touristas.  Bien évidemment, mieux vaut que les Haïtiens s'enfuient en République Dominicaine plutôt que viser les perdiem des touristas en leur offrant de «l'Entertainment ».   Un Hard Rock Café Haïti aurait été amplement suffisant.  Bref, cela ne m'étonnerait pas qu'ils se la coulent douce en RD de préférence là où les touristas seraient les bienvenues, et là où la main d'œuvre haïtienne est plus en demande en dépit des conflits.  

Le pays est-il en Chantier ?
Le gouvernement avance qu'Haïti est en chantier, en effet, j'ai noté quelques bâtiments en construction, en l'occurrence des édifices publics et des routes.  Cependant il n'existe aucun plan de reconstruction en instance d'exécution.  Les travaux sont au ralenti, et d'après des renseignements obtenus auprès d'un employé du gouvernement, le parlement n'aurait jusqu'à présent pas voté le budget pouvant permettre le décaissement des fonds pour les travaux de construction.   Aucune loi n'a été votée malgré leur soumission, c'est le cas de  la loi sur le Fond National pour l'Education et la loi électorale.
 
Les Fonds de PetroCaribe alimentent en majeure partie le budget de l'Etat pour les travaux de construction en plus des projets de la BID.  Autrement, Haïti ne reçoit pas d'assistance financière depuis la fermeture du CIRH.  Sans les fonds Petrocaribe, Haïti aurait des difficultés à poursuivre ses projets de reconstruction.  Il n'y a aucune garantie d'activités économiques dans le long terme en absence des fonds petrocaribe. Martelly et Lamothe ont commis l'erreur de miser sur les fonds PetroCaribe sans une forte mobilisation de ressources parallèlement.  Pour survivre, Haïti devra trouver des moyens de diversifier ses sources économiques pour éviter une dépendance totale soit du fond Petrocaribe ou de l'extérieur.  
 
Les Programme Sociaux en Haïti :
Nous avons remarqué qu'Haïti investit des fonds dans différents programmes sociaux, ce qui est un phénomène nouveau puisqu'avec les fonds de la Banque Mondiale et du FMI, les programmes sociaux n'étaient pas permis, on peut constater que le pays dispose de  beaucoup plus de flexibilités pour investir dans le social avec les Fonds Petrocaribe mais il demeure une absence de transparence totale dans les activités de l'Etat.   La corruption bat son plein! C'est la réalité de notre pays.  Espérons que la stabilité du Vénézuela reviendra afin d'éviter une coupure totale de l'aide Vénézuélienne qui alimente en grande majorité l'économie Haïtienne.  Haïti doit trouver des moyens de productions et de génération de ses ressources économiques propres, autrement ces programmes sociaux ne seraient que des initiatives ad hoc qui ne pourront faire l'objet d'un programme à long terme.
 
Quels sont les progrès visibles :
J'ai noté quelques réalisations telles que la construction de centres sportifs à travers le pays, beaucoup d'aménagements ont été réalisés à Pétion-Ville, Jacmel et d'autres villes de provinces selon les témoignages de mes proches, cependant vu que j'étais seulement à Port-au-Prince et Montrouis, mon rapport sera limité à la Capitale et la situation de l'Ile à  Vache.  S'agissant des aménagements à Pétion-Ville, l'émergence de complexes hôteliers et de supermarchés modernes auraient pu rendre Pétion-Ville attrayante, cependant nous qui avons vécu dans des pays structurés et qui pouvons faire la différence entre des structures urbaines et rurales, ces améliorations sont à peine visibles.   Je regrette de dire qu'aucun changement ne peut se réaliser à Port-au-Prince ou dans les grandes villes sans une déconcentration majeure et sérieuse. A Pétion-ville, on se heurte à une foule dans les rues à toutes les heures.  A quoi bon reconstruire les trottoirs si c'est pour être envahi par des vendeurs de rues qui sabotent tous les efforts.  La surpopulation tue les grandes villes qui sont exposées à tous les risques environnementaux.  C'est une situation catastrophique !  Une copine de l'Ethiopie qui était en Haïti a eu à me dire que Pétion-ville ressemble à une petite ville de l'Ethiopie et non pas sa capitale Addis avec son imposante Hotel Sheraton.  Les habitants de Jalousie qui de plus en plus prennent davantage d'expansion sur les mornes polluent la ville.  On sous-estime le risque que courent les résidents des mornes telles que Jalousie et autres en cas de catastrophes naturelles.  En absence d'arbres dans les mornes avec des constructions sommaires et précaires, les résidents deviennent vulnérables aux effets du danger que représentent ces constructions illégales et anarchiques.  On devrait alors se demander qui dirige le pays, est-ce le peuple ou l'Etat? Ces actions irresponsables des gouvernements successifs, sont-elles irrémédiables à jamais au détriment des normes d'urbanisation ?   Le parc de la Place Boyer nouvellement rénové est occupé quasi quotidiennement par des chômeurs à vie.  Malheureusement, la bidonvilisation n'a jamais été stoppée ni contrôlée car elle constitue une garantie de manœuvres politiques des politiciens apatrides successifs.  Il faudrait un gant de fer pour prendre des décisions musclées pour mettre en œuvre un plan coriace favorisant l'urbanisme à tout prix.  Comment pouvons-nous espérer un changement dans ces conditions?
 
Quid de la Reconstruction du Centre-Ville ?
Depuis que le gouvernement de Préval avait déclaré le centre-Ville d'utilité publique, un plan de reconstruction avait été établi mais les commerçants se sont plaints de cette mesure argumentant que leur propriété avait été saisie de façon arbitraire.  Le gouvernement de Martelly a levé cette mesure d'utilité publique tout en invitant les propriétaires à participer librement à la reconstruction du centre-ville.  Depuis la levée de la mesure, les commerçants se sont concentrés sur Pétion-ville qui n'a pas un espace adéquat ou structures pour un grand marché économique comme ils le prétendent.  Pétion-ville est petite avec très peu d'espace pour garer.  Tout est coincé.  On parle de magasins, mais en fait, il n'y a que des petites boutiques invisibles et de petites entreprises.  On ne voit rien de l'extérieur, ce n'est pas comme marcher sur Madison Ave à New York ou on peut faire la lèche vitrine.  Mais c'est là où se concentre le nouveau centre-ville.  D'après ce que j'ai appris de certaines sources, les commerçants n'avaient aucune intention de reconstruire le centre-ville après le séisme car ils entendaient vendre leur propriété à des investisseurs potentiels pour des millions. Ils avaient voulu récupérer leur terre à cette fin et non pour participer à une quelconque reconstruction du centre-ville.  De toute manière, pour inciter les commerçants à réinvestir au centre-ville, l'Etat devrait d'abord faire sa part, développer les infrastructures (route, eau, électricité) afin de créer des  incitations pour attirer l'investissement interne ou externe.  L'Etat Haïtien n'a rien offert et s'attend à ce que les commerçants réinvestissent au centre-ville sans leur aide.   En résumé, le Centre-Ville est abandonné à son sort et Pétion-ville ainsi que les quartiers avoisinants, Frères, Delmas et tous les coins du pays sont devenus de véritables marchés de rues incontrôlables.  Grosso modo, les changements ne seront jamais visibles car cette eternelle bidonvilisation des villes ne favorise pas le changement de l'image d'Haïti.  Haïti ne saurait être ouvert aux affaires dans ces conditions.
 
Les Conflits à l'Ile à Vache :
Bref les conflits de l'Ile à Vache sont très complexes.  La constitution stipule que « L'expropriation pour cause d'utilité publique peut avoir lieu moyennant le paiement ou la consignation ordonnée par justice aux ordres de qui de droit, d'une juste et préalable indemnité fixée à dire d'expert.  Si le projet initial est abandonné, l'expropriation est annulée et l'immeuble ne pouvant être l'objet d'aucune autre spéculation, doit être restitué à son propriétaire originaire, sans aucun remboursement pour le petit propriétaire. La mesure d'expropriation est effective à partir de la mise en œuvre du projet. »  Voilà ce que stipule la constitution.
 
Dans les années 1957, toute l'ile appartenait à l'Etat, Louis Déjoie avait acheté une petite partie des terres qu'il avait distribuées à quelques Habitants de l'Ile.  Duvalier de son coté, en réalisant les astuces de Louis Déjoie, avaient aussi acheté des terres qu'il distribua aux habitants qui se plaignaient de n'avoir pas bénéficié de la largesse de Déjoie.  C'est ainsi que près de 800 personnes sont propriétaires sur l'ile sur les 15,000 habitants.  Ceux qui ne sont pas propriétaires se sont servis des terres de l'Etat pour l'agriculture de subsistance donc pour leur survie. Les 15,000 habitants de l'ile ne sont donc pas tous des propriétaires.
 
En déclarant l'ile d'utilité publique, l'Etat Haïtien n'a pas violé les lois car la constitution lui confère ce droit cependant l'état n'a pas respecté les clauses de la constitution qui stipulent que le paiement et une indemnité fixée par des experts devraient être effectués.  Il arrive aussi que selon l'article 39, «les habitants des sections communales ont un droit de préemption pour l'exploitation des terres du domaine privé de l'Etat situées dans leur localité. »
 
Le gouvernement a commis des erreurs capitales dans le dossier.  Premièrement, Il ne s'était jamais préoccupé de l'ile !  Les habitants de l'ile étaient quasiment livrés à eux-mêmes pendant deux siècles.   Deuxièmement, les habitants de la ville n'ont pas été consultés ni avisés au préalable car Ils avaient aussi leur mot à dire dans les négociations. La déclaration d'utilité publique au prime abord couvrait toute l'ile sans tenir compte des besoins de ceux qui ont habité l'ile toute leur vie.  La mesure n'épargnait pas des investisseurs locaux déjà sur place qui se sont sentis menacés. C'est le cas de cette famille Haïtienne et leur beau-fils Américain qui avaient investi sur l'ile avec chacun leur « share » dans Akaba Bay Resort.  Ils avaient également développé un « master plan » pour le développement touristique de l'Ile à Vache.  Martelly était au courant de ce masterplan.   Apres l'élection de ce dernier, son avocat Gary Lissade aurait fait pression sur les propriétaires de Abaka Bay resort que le président convoitait personnellement. L'Américain au nom de Dietricht aurait écrit une lettre ouverte à Martelly et Lamothe et je cite un des passages :
 
"I am appalled at the way you are today treating my former neighbors, the inhabitants of Ile a Vache.  My vision had been to attract tourism and investors to the island, but only in complete transparency, cooperation, fair dealing, and respect for the island's residents.  Instead, you and your officials are lying to the island's people, expropriating them from their land, unilaterally bulldozing their forest, land and homes, and then terrorizing and brutalizing them with heavily-armed militarized police when they protest.  I had seen the Ile a Vache project as a way to give back to Haiti, not to take from her yet again".
 
L'approche du président était arbitraire tout comme les diverses arrestations qui ne sont pas justifiées.  L'idée de rendre l'Ile à Vache un lieu touristique n'était pas celle du gouvernement Martelly et de Lamothe mais plutôt des actionnaires d'Akaba Bay qui avaient soumis à Martelly un plan de développement touristique pour l'ile.  Selon l'investisseur Américain, Martelly et Lamothe auraient décidé de s'accaparer du projet pour en faire leur pour leurs intérêts personnels et non pour le développement économique du pays comme ils l'entendent.
 
Les manifestations successives qui s'en ont suivi étaient justifiées car l'Etat ne pouvait pas déclarer l'ile d'utilité publique sans un plan qui incorporait un développement communautaire au profit de ceux dont les terres seraient passibles sous cette mesure. Ce plan devrait prendre en compte des infrastructures qui à la fois rehausseraient l'ile et les conditions de vie des Habitants c'est-à-dire, logements, école publique et eau potable avec des possibilités d'emploi.   Les habitants bénéficieraient d'un programme de  perfectionnement de la main d'œuvre, ce qui l'aiderait à participer dans les projets de l'ile.
 
Récemment des amis ont été a Ile a Vache et m'ont fait un compte rendu que l'ile est plutôt calme et qu'il n'y a plus de manifestations.  Les habitants ont repris leurs activités journalières et on ignore toutefois si le plan du gouvernement a été modifié pour tenir compte des revendications des résidents.  Il n'y a toujours pas de transparence sur le projet de l'Ile à Vache.  Nul n'est au courant du profil des investisseurs et de la source de financement de l'aéroport prévu!  Certains jurent que Martelly et Lamothe ainsi que la Ministre du Tourisme ont de gros intérêts personnels dans le projet, mais il reste à voir s'il s'agit vraiment de leurs intérêts ou de développement économique. 
 
Le gouvernement a déclaré que «Le projet de l'Ile-à-Vache est une lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales à travers les investissements et la création de richesse».  J'en conviens que c'est même une nécessité et notre pays a besoin de plusieurs sources de revenus pour alimenter notre budget national, est ce pourquoi nous devrions nous rassurer que le projet bénéficierait le pays et non les poches des membres du pouvoir.  De ce fait, Laurent Lamothe et Michel Martelly ne devraient pas être des actionnaires dans ce projet ni non plus réclamer des pots de vin et leur pourcentage au niveau des potentiels investisseurs.   Les Haïtiens doivent être donc vigilants, par là je ne me réfère pas à des politiciens véreux qui profitent de cette situation pour déstabiliser et boycotter mais ceux qui sont véritablement concernés par le développement de notre pays.
 
Lorsqu'un Président déclare que les caisses publiques sont vides, on devrait réfléchir ? Qui alimente le trésor public ? Quel est le pourcentage  des recettes publiques et des impôts alimentant le trésor public mensuellement?  Ou vont les impôts, et les recettes douanières? Sur quoi repose le budget de l'Etat ?
 
Programme d'Education gratuite : (PSUGO)
Le programme d'éducation gratuite est une initiative qui devrait être appuyée par tous les Haïtiens désireux de voir un changement au niveau de ce secteur important.  C'est un des plus grands défis qu'un gouvernement ait tenté depuis des décennies.  L'accès à l'éducation pour tous a toujours été une préoccupation majeure pour moi, et c'est l'un des objectifs du millénaire auxquels s'engagent les pays en voie de développement.  Je me suis dit que finalement ce projet contribuera à éliminer l'existence de deux mondes dans un même pays, une situation désastreuse qui pénalise et isole tout un peuple depuis plus de deux siècles.  En d'autres termes, c'est en grande partie l'origine de ce grand fossé entre la masse populaire et les nantis.   Le programme d'éducation du gouvernement revêt toute son importance, cependant, vu la célérité avec laquelle ce programme a été mis sur pied, les structures ne sont pas adéquates pour garantir son succès.  Beaucoup de failles ont été enregistrées.  Dans la liste des écoles ayant reçu des subventions de l'Etat, Des Directeurs d'écoles aussi bien que des députés ont falsifiées des écoles inexistantes pour lesquelles ils percevaient des fonds.  C'est une preuve que la corruption gangrène notre société a un point tel que même nos législateurs ne font pas l'exception.  C'est le paradoxe de la corruption institutionnalisée ! En Haïti la corruption est systémique car sa fréquence est telle qu'elle constitue plutôt la régie plutôt que l'exception, et c'est à cause de ces impasses encouragées par un système judiciaire faible et défaillant que le changement d'Haïti ne peut être espéré. 
 
Conclusion :
Après le départ de Duvalier, c'était évident pour tous que nos problèmes relèvent d'un système défaillant mis en place pendant des décennies par des gouvernements incompétents. L'arrivée au pouvoir d'un gouvernement démocratiquement élu en 1990 était l'occasion idéale pour créer ce nouvel Etat qui nous tient à cœur, malheureusement, l'Etat s'est effondré davantage pour  devenir dysfonctionnel quasi en permanence.  Certains décrets de lois créés par le gouvernement de transition ont pu aider à renforcer le fonctionnement de l'Etat cependant La corruption est considérée comme une négation de l'Etat même en tant qu'institution.   Tous ceux qui lèvent leur voix contre l'actuel gouvernement et qui s'attendent à un changement drastique, se leurre car aucun changement n'est possible sans des réformes institutionnelles en profondeur au sein d'un système décomposé et putréfié.  L'institutionnalisation de l'État moderne repose sur l'exigence de règles formelles reconnues par la loi et applicable selon la loi par tous. Avec un parlement opportuniste et incompétent au service unique de ses intérêts politiques, des gouvernements successifs qui abusent de leurs pouvoirs, et d'une société quasiment en déchéance morale.   En dépit d'une constitution et des lois, l'Etat demeure  l'otage du peuple et le peuple l'otage de l'Etat.  On ne peut rien espérer!
 
Emmanuelle Gilles
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, 
But you can't fool all the people all the time."
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Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.