lundi 25 février 2008

Barack Obama : Origines familiales, enfance et jeunesse :



« Barack » signifie « béni » en hébreu, en arabe et swahili alors qu'Obama signifie « lance enflammée » en swahili. Ses parents se sont rencontrés à Hawaii alors qu'ils étaient jeunes étudiants.

Son père, Barack Hussein Obama Sr. (1936 – 1982 ) est kenyan. Sa mère, Shirley Ann Duham (1942 – 1995), est descendante de Jefferson Davis, le président des Etats confédérés d’Amérique. Shirley Ann Duham est étudiante en anthropologie à l'université d'Hawaii quand elle rencontre Barack Hussein Obama Sr..

Études, famille et carrière professionnelle

Après le lycée, Barack Obama étudie deux ans au Collège occidental de Californie où il trouve un exutoire à ses études dans les fêtes estudiantines dans lesquelles il éprouve pendant un temps un « dangereux penchant pour la défonce» puis il entre à l'Université Columbia de New York. Il en sort diplômé en science politique et en relations internationales.

Il commence une carrière professionnelle à Chicago comme analyste d’affaires d'une grande compagnie financière. En 1984, il choisit de travailler comme animateur social dans le quartier noir défavorisé de South Side.

Obama quitte Chicago en 1987 pour trois ans afin d'étudier le droit à la faculté de droit de Harvard (Harvard Law School) à Boston dont il sera diplômé magna cum laude. En 1990, il y devient le premier noir rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review, élu face à 18 autres candidats.

À la fin de ses études, au lieu de devenir adjoint au juge Abner Mikva, Barack Obama revient à Chicago pour devenir enseignant en droit constitutionnel à l'Université de Chicago et entrer dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques.

Début de carrière politique locale (1994 - 2004)

En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'État de l'Illinois dans la circonscription des banlieues sud de Hyde Park à Chicago. En 2000, il tente de se faire désigner aux primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des Représentants des Etats-Unis mais il est balayé avec 30 % des voix contre 61 % à Bobby Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure historique du Black Panther Party.

Carrière nationale (2004 - 2005)

En juillet 2004, il se fait remarquer en prononçant un des discours clés de la Convention démocrate de Boston désignant John Kerry comme candidat du parti à l'élection présidentielle. Il y fait l'apologie du rêve américain, de l'Amérique généreuse en les reliant à ses origines familiales. Barack Obama a prêté serment comme sénateur le 5 janvier 2005 devenant le seul afro-américain à siéger au Sénat, et le cinquième de l'histoire.

Politique étrangère

Barack Obama se fera aussi remarquer à l'échelle nationale en 2002 lorsqu'il refuse de cautionner les explications des néoconservateurs au sujet d'une invasion nécessaire de l'Irak. Ce refus lui servira de référence tout au long de sa campagne.

Barack Obama Jr.

Barack Obama en campagne électorale en Caroline-du-Sud en août 2007

lundi 18 février 2008

Lancement du Projet de l’AIHC « Repenser Haïti avec la Jeunesse haïtienne »

Soumis à Réseau Citadelle le Lundi, 18 février 2008
http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/

Communiqué de presse

Pour diffusion immédiate

Association des ingénieurs et scientifiques haïtiano-canadiens


Montréal, le 18 février 2008 En 2008, l’Association des Ingénieurs et Scientifiques Haïtiano-Canadiens (AIHC) entre dans sa 26ème année d’existence. Cet organisme à but non lucratif a célébré l’année dernière ses 25 ans en lançant une campagne d’activités à Montréal autour du thème « Rendons justice à l’image haïtienne ».

Dans son souci d’accompagner la jeunesse haïtienne en Haïti qui constitue près de 60% de la population et qui, délaissée et face à un chômage grandissant, se laisse piégée par la délinquance ou ne rêve que de quitter le pays, l’AIHC a décidé de s’engager à assurer des échanges et des transferts de connaissances avec ladite jeunesse.

Le 15 mars 2008, l’AIHC lancera un projet inédit entre Haïti et sa diaspora avec l’initiative citoyenne « Repenser Haïti avec la jeunesse haïtienne ». Ce projet consiste à organiser et diffuser 10 visioconférences entre Montréal, Port-au-Prince et 7 villes de provinces : Hinche, Cap-Haïtien, Jacmel, Port-de-Paix, Gonaïves, St-Marc et Jérémie. L’hôte des visioconférences à Port-au-Prince sera la Faculté des Sciences de l’Université d’Etat d’Haïti, et la Télévision Nationale d’Haïti retransmettra les visioconférences en direct dans les villes de province. Ces visioconférences se dérouleront pendant toute l’année à raison d’une visioconférence par mois. L’objectif de ce projet est de s’adresser à la jeunesse haïtienne en Haïti et de lui donner la parole. Cette initiative permettra de mieux appréhender les attentes d’une jeunesse exclue des débats médiatiques et sociopolitiques autant de permettre un transfert de connaissances, à moindre coûts, vers Haïti.

Le projet « Repenser Haïti avec la jeunesse haïtienne » devrait permettre aux Haïtiens, restés au pays et dans la diaspora, de se faire une idée plus réaliste des attentes de la jeunesse haïtienne autant que de lui offrir des opportunités en matière de transferts de connaissance et de débouchés professionnels. Le lancement de la première visioconférence aura lieu à l’École de Polytechnique de l’Université de Montréal le 15 mars 2008 à 10hAM.

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Contact : Nancy Roc, Coordonnatrice générale Téléphone (514) 577-6897; nroc04@yahoo.com

Secrétariat de l’AIHC : Tél. : (514) 327-7555; secretariat@aihc.ca

La fin du débat sur l’armée

Que cesse donc le débat sur l’armée. C’est mon souhait. Bien que certains compatriotes lucides ont su apporter des arguments convaincants pour défendre leur position. D’autres n’ont de cesse d’y opposer des arguments d’ordre émotionnel.

Pourtant, tout comme la nécessité de faire appel à l’astronomie pour les questions relatives aux astres, d’utiliser la chimie et les sciences naturelles pour comprendre la matière, les questions relatives à l’Etat font appel à une science qu’on appelle science politique. Car ce débat se concentrant sur l’armée est en réalité un débat sur l’Etat. Des sociologues comme Max Weber, Norbert Elias ou des historiens tels que Marc Bloch, Otto Hintze etc. nous ont montrés combien l’Armée est centrale pour l’Etat moderne. Nous ne pouvons sur ce forum débattre de ces questions en ignorant ces travaux, nous ne pouvons non plus remettre en cause ces travaux avec uniquement des arguments émotionnels et affectifs. Nous ne pouvons faire appel à l’histoire pour corroborer des arguments qui n’ont pour fondement que le sens commun.

Il serait malheureux et même absurde de vouloir construire une nation sur ces considérations émotionnelles. En s’interdisant de comprendre qu’une seule institution ne peut être responsable de tous les malheurs d’une nation. Les institutions évoluent dans un grand ensemble (où l’interdépendance est de mise). Ce sont les interactions (Etat/société) entre les différents éléments de cet ensemble qui vont dessiner la nation et son devenir. Il s’agit également d’interactions multidimensionnelle s.

Un Etat n’existe qu’en fonction des interactions régionales et internationales. La survie de chaque Etat dépend des autres. C’est pourquoi on ne peut pas édifier un Etat sans tenir compte de la force de ses concurrents les plus proches. Autrement dit il est irrationnel de vouloir construire l’Etat d’Haïti sans une réelle force de défense tandis que la république dominicaine n’a de cesse de renforcer ses capacités militaires. Une armée ne s’arme pas contre des menaces intérieures mes extérieures. Un Etat moribond sans armée est appelé à disparaître.

L’un des arguments phares des antimilitaristes se veut historique : l’Armée a toujours joué le rôle de déstabilisateur en Haïti. Or on sait que des faits historiques exposés abruptement ne permettent pas de comprendre l’histoire des femmes et des hommes, encore moins de comprendre le présent et d’orienter le futur. Ces arguments antimilitaristes incarnés par Aristide et ses admirateurs avoués ou inavoués ont pour fondement une seule et même logique : le refus de réfléchir profondément sur les problèmes sociétaux en vue d’apporter une réponse globale à la hauteur des maux qui gangrènent notre société et qui sont à la base de notre retard séculaire. Cette haine de l’armée est fondée sur l’amour des solutions faciles : la société va mal, supprimons donc l’armée et le problème est réglé ! Pourtant 15 ans après cette suppression la société ne va pas mieux. Bien au contraire. 15 après cette suppression on fait appel à une armée étrangère « multifaciale » chargé de la « sauvegarde de la souveraineté nationale ».

Cette façon de faire me fait penser à un événement historique qui a marqué la France : le pétainisme. Les antimilitaristes sont animés par le même sentiment que Pétain, c’est-à-dire la peur. Ils le disent clairement. Ils ont peur que l’armée fasse des coups d’Etat mais n’ont pas peur que le pays soit occupé par le premier venu. Ils parlent d’une police bien équipée qui garantirait l’ordre intérieur. Ils raisonnent comme si le seul risque de déstabilisation était d’ordre intérieur.

Il faut que ce débat cesse car il porte sur quelque chose qui n’est pas négociable, qui ne doit pas faire objet de débat, le seul fait de le mettre en question est suspect : l’existence d’Haïti en tant que nation sur la carte du monde. Pour moi cela n’a pas de sens de se demander si Haïti doit continuer à exister. Se poser cette question c’est comme se demander si les esclaves de Saint-Domingue avaient raison de se rebeller contre les colons. Ce qui à mon sens n’a pas de sens. Donc le débat est clos.

Je fais appel à tous-tes les haïtiens-nes qui n’acceptent pas que Haïti soit vendue de venir travailler avec nous en vue d’une Haïti à la hauteur de son histoire.

Renald LUBERICE

samedi 16 février 2008

Arguments de Cyrus Sibert en faveur d'une force armée

Cyrus (Noir) répond à Camille Loty Malebranche (Bleu).

Je propose qu’on mette fin à ce débat. CLM semble être paniqué. Ses arguments sont de plus en plus faibles. Il lance des flèches comme un soldat indien mal entraîné. Il risque de blesser des gens qui au fond n’ont rien contre lui, sauf des arguments contraires.

Il fait montre d’une confusion totale. Il parle toujours d’histoire, ‘Moi, je n'ai que faire du jugement majoritaire. Je m'en tiens a l'histoire et à ses faits d'après 1804 jusqu'à Aristide’’, tandis que ses attaques contre l’armée nationale n’ont aucune base historique. Son approche est métaphysique : les militaires sont responsables de nos malheurs. ‘‘les militaires tyrans et sans vision au pouvoir moulent et taillent les peuples par la répression, d'après leur tares de despotes’’.

Toujours une approche manichéenne (en noir et blanc), coupant ainsi l’évolution de l’armée de ses contextes sociaux, économiques, géopolitiques et historiques.

Toujours des approches idéalistes sans fondements historiques : ‘‘Il ne faut pas ici que la mauvaise foi - celle qui a toujours prévalu et a conduit ce pays à sa perte et qui fait qu'au bout du compte, nous sommes devenus un pays en faillite après près de deux cents ans de militarisme au pouvoir - prévale.’’

Finalement il accuse :

‘‘Malheureusement en politique, "le mensonge cru", comme dit Talleyrand, "est plus fort que la vérité"!

Il insiste :

Il ne faut pas toutefois répéter sous d'autres formes les mêmes redites que j'ai clairement réfutées par des arguments.

Quels arguments ?

CLM continue sans maîtrise : Il faut: 1) Prouver ou nous trouverons l'argent pour faire une armée moderne, pas cette armée folklorique dont certains parlent ridiculement sur ce site, et en quoi ce n'est pas le mépris du peuple qui a faim au pays le plus miséreux du continent!

J’ai proposé qu’on remette rapide en place une infanterie nationale. L’infanterie n’est pas ridicule. Lisez Raymond Aron et vous comprendrez que le fusil est une arme redoutable accessible aux peuples les plus pauvres. On ne peut pas utiliser les bombe partout mais on utilise un fusil partout, même pour garder la Maison Blanche. Ce n’est pas l’aviation ni les Scuds ni l’artillerie iraquienne qui harcèlent ou affaiblissent l’armée américaine dans sa mission en Irak mais l’infanterie. Après les bombardements de l’Aviation et de la Marine, il faut descendre. La vrai guerre est terrestre. Sans un contrôle du terrain on ne gagne pas. Les vietnamiens avaient repoussé l’armée américaine avec leur infanterie.

C’est la même chose en Afghanistan : l’infanterie. Nous sommes victorieux à Vertières grâce à l’infanterie indigène.

L’arme de base du soldat est son patriotisme. L’infanterie utilise les mêmes armes que les unités spécialisées de la police. Mais elle a un plus : un entraînement militaire et des techniques de combat pour faire la guerre : tuer l’ennemi. Pour la police il s’agit de protéger et servir. Toujours protéger et servir. Les policiers sont individuellement responsables de leur acte. On peut les traîner devant un tribunal civil. Bref c’est pas bien dans une démocratie de dérouter les policiers de leur mission en les forçant à développer des réflexes militaire. Ils n’ont pas connu de baptême de feu. Celui qui les aidera à rester coucher même quand des balles touchent leur casque et avoir plus confiance en eux-même que dans des gilets para balles et autres équipements ridicules.

Je partage encore une fois avec vous une autre déclaration d’un des hommes de Guy Philippe : Le policier même quand il est lourdement armé avec des habits sophistiqués, il n’a pas confiance en lui. Il n’a pas connu de baptême de feu ni l’entraînement nécessaire pour faire la guerre. Il peut attaquer une cible précise. Un point. Un objectif enveloppé. A part cela, même quand il s’est bien abrité on a qu’à maintenir des tirs nourris et combinés pour qu’il perde confiance en lui et tente de se déplacer. Là, il sera à découvert…

CLM n’a pas confiance en la nation :

2) Démontrez-nous ce qui garantit que cette institution chez nous immonde, tout au long de l'histoire, responsable de la débâcle du pays par l'instabilité politique, le pire de nos maux historiques parce que générateur de tant d'autres, et la répression sauvage, peut d'un seul coup devenir digne et respectueuse du droit minimal des citoyens.

C’est ce qui le porte à tout miser sur la police. Parce que le non dit dans ses écrits : il croit dans les forces étrangères.

Mais comment les chiliens on pu sortir leur pays de la dictature et moderniser leur armée ? Les brésiliens ainsi que tous les autres pays sud-américains qui sont présents en Haïti ont connu des régimes militaires aussi répressifs que nous en Haïti. C’est pays ont des intellectuels capables de prendre les choses en main. Et là CLM est honnête. Il reconnaît tacitement la déchéance de la société civile dont il est membre. Pour cela il est prêts à sous-traiter la défense nationale.

Nous disons non ! La perte de confiance d’un homme ou d’un groupe d’homme - dans ses capacités à moderniser l’Etat - ne doit pas hypothéquer l’histoire nationale. Il y a encore des hommes courageux et capables de diriger le pays vers la modernité.

CLM : 3) La police étant responsable de la sécurité puisqu'il s'agit de sécurité, vu que la dernière armée que nous avions eu, fut elle-même une armée zenglendiste, criminelle d'État, et meurtrière du peuple, armée qui pourtant n'a pas osé résister une seconde a l'invasion étrangère de 1994, de quelle sécurité militaire nous parle-t-on? Votre armée, messieurs, fut une petite bande de sybarites régnant sur une masse de porteurs d'armes, une soldatesque tyrannique et meurtrière contre le peuple que vous prétendez vouloir protéger. La dernière armée que nous avions, fut une horde de narcotrafiquants, de zenglendos et d'assassins. Pourquoi vouloir réimposer tout de suite une telle horreur au pays?

Voyez honnêtement les statistiques et dites moi : la PNH et les FADH laquelle des deux institutions est la plus corrompue. Le narcotrafic était l’affaire des haut-gradés de l’armée tandis que pour la PNH c’est généralisé. La jeune institution qui devait remplacer l’armée corrompue que vous détestez, compte beaucoup de prisonniers dans les prisons américaines. De plus, malgré l’implication continue de policiers dans les actes criminels personne ne demande le démantèlement de la PNH. C’est une nécessité nationale !

Gérard, toi, tu es intelligent, j'espère que tu ne vas pas basculer dans l'entêtement sans argument de ceux qui vocifèrent et m'interpellent avec une haine de gendarme la main a la gâchette prêt a faire feu, et qui tirerait sur moi, s'il le pouvait par l'internet! De toute façon, à ceux-là, je ne m'abaisserai jamais à répondre! Car ceci n'est pas une discussion personnelle. Si tu as des réponses claires, des faits dans l'histoire récente et si tu peux nous démontrer que les pays sans armée sont dysfonctionnels,

Récemment, le Tchad a failli être déstabilisé parce qu’il a une armée faible. Sans l’appui de l’armée française cela aurait été le cahot. Tous les pays qui n’ont pas d’armée sont obligés de sous-traiter leur défense nationale. Pour une nation nègre comme nous, il faut une armée. La défense d’Haïti ne déprendra pas de réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies. On a vu ce que cela a donné au Koweït et au Rwanda. Alors que les troupes ennemies envahissent ou massacraient les peuples, les bureaucrates de l’ONU se sont retirés pour aller discuter calmement et négocier en fonction de leurs intérêts.

De plus, c’est illogique, qu’esclaves nous ayons eu notre armée et qu’aujourd’hui libres et indépendants on nous demande d’y renoncer.

alors ce terrible sacrifice des 40 à 60% du budget national sera consenti vu l'indispensabilité de la chose pour une nouvelle armée! Le peuple acceptera malgré les coûts insupportables - comme crever 10 fois plus de faim, moins d'accès a la santé et l'éducation, sans que l'État puisse rien planifier dans le sens de ces nécessités susdites sinon que payer les militaires et acheter les équipements de l'armée - à entretenir ses incontournables protecteurs. Je ne hais pas l'armée mais la violence destructrice de mon pays d'où qu'elle vienne. Une violence destructrice ne saurait en justifier une autre encore plus négative vu qu'elle se veut légitime!

La police dépense plus d’argent que l’armée. Les hommes au pouvoir gaspillent plus pour leur voyages et festivités. Le développement se fait dans un espace sécurisé. La production nationale a besoin d’une armée, car il faut rassurer les investisseurs.

‘‘Quant à la crainte qu’une telle institution ne renverse l’Etat en favorisant les vues ambitieuses des chefs, je répondrai que les armes dont la loi revêt les citoyens ou les sujets, loin de causer jamais de dommage, ont toujours rendu les plus grands services ; et les républiques qui s’en sont fait un appui se sont conservées plus longtemps pures d’esclavage, que celle qui les dédaignèrent. Rome vécut libre pendant quatre cents ans, et elle était armée ; Sparte, huit cents ans. Une foule de républiques, qui négligèrent de s’appuyer sur leurs propres armes, ne purent voir le terme de leur liberté s’étendre au delà de huit lustres. Une république, en effet, ne peut se passer d’armes : si elle n’en a pas qui lui appartiennent propre, il faut qu’elle soudoie des armes étrangères…

Celle qui s’appuie sur des armes étrangères craint tout à la fois et l’étranger qu’elle paie, et ses propres citoyens…’’

Nicolas Machiavel (1521) L’Art de la guerre. (Extrait Chapitre 1 : Nécessité d’une armée nationale.)

Je propose qu’on mette fin à ce débat car il n’est pas dans mon intention de gagner quoi que ce soit ni de sauver la face.


Cap-Haïtien, Haïti.
14 février 2008

jeudi 14 février 2008

Un peuple a l'armée qu'il mérite !




Cyrus Sibert, Kontak Inter 94.9 FM
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com, www.reseaucitadelle.blogspot.com


13 février 2008

A bien suivre Camille Loti Malebranche (CLM) (dont j’aime lire les textes), je comprends à travers ses arguments sa haine contre l’institution militaire. Le problème est personnel, CLM comme tant d’autres, ne le pose pas en terme de recherche solution nationale.

CLM: Des corps et unités de la police bien équipés et bien entraînés remplissent habilement ces fonctions.

Cyrus Sibert (CS): Alors pourquoi la MINUSTAH est constituée d’une composante militaire en plus ses policiers ? On devrait facilement faire ‘‘remplir habilement les fonctions’’ par la UNPOL.

CLM : On doit avoir une police où des corps de policiers sont prêts à intervenir en cas d'exception et de catastrophe, ces corps-là ne se verront pas dans les rues au quotidien.

CS : La police n’a pas l’entraînement de l’armée ni l’organisation ni le mode de fonctionne d’une armée. Une armée est une force d’attrition composée d’hommes et de femmes entraînés pour obéir aux ordres. Le militaire à un réflexe de guerrier. Il est tueur au service de l’Etat. Il n’est pas passible du tribunal civil mais de la cour martiale. Il a une culture du secret défense. Il n’a pas le droit de se déserter. Il ne peut pas reculer s’il reçoit l’ordre d’avancer. Il peut être exécuté sur le champ de bataille s’il se rebelle.
En 2003, les policiers ont abandonné leur poste. Ils y sont retournés sans problème, sans un rapport d’enquête sur les motifs de leur abandon. De plus les policiers ne connaissent pas les tactiques de guerre. Beaucoup ont abandonné leur position parce qu’ils avaient entendu des coups de feu impressionnants. Ils ne pouvaient pas identifier l’armement des rebelles. Selon l’histoire rapportée par des hommes de Guy Philippe, il leur suffisait de combiner 3 fusils M1 dans un tire simultané pour que des policiers abandonnent leur position croyant que le son combiné des trois fusils est d’un canon.

Bref CLM prouve encore une que la société civile haïtienne n’est pas à la hauteur de la souveraineté nationale léguée par nos ancêtres. Elle ne peut pas gérer des forces armées et définir une doctrine de défense nationale. C’est ce constat qu’ont fait les américains pour limiter le droit de l’Etat haïtien à acheter des armes. En tant qu’intellectuel, il est prêt à utiliser la police dans des missions militaires reproduisant l’erreur des anciens qui ont accepté que des soldats entraînés pour la guerre soient utilisés dans des taches de police civile.
Aujourd’hui CLM nous demande de militariser la police.

CLM : C'est l'État qui doit favoriser l'efficacité universitaire du génie civil, hydraulique et autre. C'est aussi les travaux publics qui doivent établir un partenariat valable avec des firmes de construction des routes (ponts et chaussées) pour répondre au besoin des voies de communication.

CS : Et quand cet Etat (providence) s’effondre ? Après les élections de René Préval l’Etat n’existait pas. Les gangs à la solde du candidat de LESPWA avaient occupé les rues de Port-au-prince. La foule empêchait à l’Etat d’imposer le respect de la loi. Il fallait faire appel aux soldats de la MINUSTAH qui en profitaient pour imposer la violation de la loi et le projet politique de LULA DA SILVA. Au Cap-Haïtien de janvier 2004 à mars 2004 cet Etat n’existait pas. Le plus fort avait raison. Il ne restait que la conscience pour guide. La loi fut suspendue. Alors peut-on demander à des gens intelligents de résider dans un pays où l’Etat n’a pas les hommes et les moyens capables d’imposer l’ordre établi en opposant à ceux qui se prennent pour des bandits des jeunes entraînés à les tuer s’ils refusent d’obtempérer. Seule la perception d’une mort imminente peut porter les bandits à changer de comportement.

CLM : Au sujet des nécessités pécuniaires d'une armée, comme celle que tu as décrite, Imagine combien rien que pour l'artillerie, l'État aurait besoin de millions pour acheter des tanks modernes et les entretenir et payer les hommes qui les conduisent.
…pour la marine, ce grand corps, sais-tu combien de dizaine voire centaines de millions, peuvent coûter un nombre raisonnable de porte -avions dignes de ce nom? Et pour les avions militaires de pointe, encore une fortune.

CS : Une nation a l’armée de son économie. CLM ne peut pas nous demander d’avoir une armée de la dimension des grandes économies : USA, France, Angleterre, Russie, Chine, République Dominicaine... Avec cette logique, Toussaint Louverture n’aurait pas créé l’armée indigène. Il lui a fallu trouver des hommes motivés du marronnage pour d’abord créer une armée indigène et ensuite l’entraîner - augmenter sa capacité technique. Grâce aux ‘‘revirements’’, l’armée indigène acquérait les techniques espagnoles, françaises et anglaises. Combinées à une bonne connaissance du terrain et l’appui populaire (sa matrice) dont elle jouissait, elle était imbattable. Après, l’armée indigène a appris à utiliser des canons, on avait même une marine nationale.
Durant toute l’histoire de ce monde, chaque peuple, chaque civilisation avait l’armée de son économie et de sa science. Les indiens utilisaient les flèches, les romains le fer, avant, David se battait avec sa fronde, durant la première guerre mondiale l’homme utilisait la mécanique et des fusils d’assaut limités, pour la deuxième guerre des armes semi-automatiques et aujourd’hui des armes intelligentes. L’homme connaîtra d’autres armements.
Ce n’est pas l’armement qui fait l’armée mais c’est l’armée qui fait l’armement - grâce à la technique.

CML : Moi, je suis antimilitariste, mais même en acceptant le militarisme, crois-moi, cette armée valable dont tu rêves, nous ne pouvons nous l'offrir ni aujourd'hui ni dans un proche avenir immédiat.

CS : Je suis nationaliste et comme tel, je tiens à une force de défense nationale. Mais, je suis aussi démocrate. L’armée doit être sous les ordres des autorités civiles. Il n’y a pas de territoire sans défense et cela est l’œuvre d’une force de défense. La MINUSTAH ne peut rester sur le sol national de façon illimitée.

On peut Immédiatement reconstituer l’infanterie légère et l’utiliser pour la protection des frontières et des positions stratégiques sur les cotes. Qu’est ce qui empêche un bateau de racistes russes, à leur retour de l’Amérique du Sud, d’accoster dans l’un des villages du Nord-ouest, près le Canal du Vent, pour kidnapper des jeunes filles haïtiennes qui leur serviront d’objets sexuels sur la route du retour.

On peut avoir des garnisons de soldats dans ses zones ouvertes. Sur la frontière, les commissariats ne disposent que de 5 policiers présents en moyenne. N’ayant pas la discipline militaire, la majorité de ceux qui y sont affectés reste à Port-au-prince, demandant aux collègues en place parce qu’ils sont originaires de la zone de ne pas signaler leur absence et de leur envoyer les chèques à Port-au-prince.

Le problème est sérieux. Les questions nationales ne peuvent pas être traitées avec ressentiments. Je sais que les FAD’H avaient fait beaucoup de victimes. Beaucoup de compatriotes ont raison d’être sceptiques. Mais l’indépendance requiert le dépassement de soi.

Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, Haïti

Une nouvelle association entend gérer le transport - Cap - Port-au-Prince.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com

L’APTN (Association des Propriétaires de Transport du Nord) est fondée le 29 novembre 2007 dans le but de ‘‘mettre un terme au désordre enregistré continuellement dans le circuit Cap – Port-au-prince’’ pouvons nous lire dans une lettre adressée à Marcelin Jean-Philippe et Rolande S. Pierre, respectivement Président et Secrétaire du Syndicat des Propriétaires et Chauffeurs du Nord (SPCN).

Serge Talabert Béliard, ancien membre fondateur de SPCN et actuel Président de l’APTN reproche à Marcelin Jean-Philippe des comportements dictatoriaux et autocratiques. Il refuse de présenter le rapport financier annuel, d’organiser des élections et en plus, il utilise des personnes non membre du syndicat pour court-circuiter la hiérarchie de l’organisation et instaurer le désordre à la station de Barrière Bouteille (point d’embarquement des passagers). Toujours d’après les déclarations de Béliard Il empoche de forte somme d’argent pour permettre à des transporteurs venus d’ailleurs de contrôler la station. Aujourd’hui, il est très difficile pour un transporteur du Nord de travailler. On ne peut même pas faire un voyage par semaine.

Si, dans le temps, Barrière Bouteille n’était qu’un simple point de stationnement, aujourd’hui il représente un gros marché organisé et contrôlé par le syndicat de Marcelin Jean-Philippe. De grosses sommes d’argent circulent dans le trafic Cap-Haïtien – Port-au-prince. Pour embarquer des passagers à la station, chaque camion doit verser 3000 gourdes par voyage. Les propriétaires dissidents reprochent à Marcelin Jean-Philippe d’avoir empoché les recettes qui devaient revenir au syndicat. Il instaure une mafia dans le transport Cap—Port-au-prince. Des propriétaires de camions venus d’ailleurs peuvent verser jusqu’à 150,000 gourdes pour acheter le droit de stationner à Barrière Bouteille.

A chaque fois qu’on lui demande des comptes, il accuse les membres de vouloir l’assassiner. Il se vante intouchable, grâce à ses contacts au niveau du gouvernement.

Aujourd’hui, deux syndicats travaillent à Barrière Bouteille. Des propriétaires ont quitté le syndicat de Marcelin Jean-Philippe pour monter leur propre organisation. Une lettre a été adressée à la Délégation du Nord, à la Mairie, au Parquet , au Ministère des Affaires Sociales et au Doyen du Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien pour leur informer de la situation.

Les propriétaires entendent exercer leur droit syndical. Ils réclament la transparence dans les recettes et des élections démocratiques. Ils disent ne plus accepter la dictature de ‘‘Petit chef’’.

La situation dans le transport à Barrière Bouteille est une leçon pour tous les secteurs et même la diaspora. Tout le monde doit s’engager pour éviter le vide, toujours, favorable au ‘‘Petit chef autocrate’’. Il faut surtout exiger le respect des principes démocratiques.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
14 février 2008.

lundi 11 février 2008

Pour une Gendarmerie Nationale

Par Marc L Bazin

Introduction

Le problème de la reconstitution, ou non, de l'Armée d'Haïti, donne lieu à un débat militant qui met face à face deux forces dont chacune, pour l'essentiel, défend son point de vue à partir de positions de principe.

Une situation de blocage

D'un côté, les partisans de la reconstitution font valoir la dette contractée par la Nation vis-à-vis de l'Armée qui l'a fondée, le respect de la Constitution, la nécessité de limiter le temps d'occupation du territoire national par des forces étrangères, à quoi s'ajoutent la surveillance des frontières, la lutte contre la drogue et même des tâches de développement. D'un autre côté, les opposants considèrent que la reconstitution de l'Armée, coupable dans le passé de violations de droits de l'homme et de coups d'état contre des gouvernements légitimement élus, ferait peser une grave menace sur le processus en cours de consolidation de l'ordre démocratique. Déjà, Patrick Elie, un proche du Président de la République nommé Président de la Commission chargée d'étudier le problème a fait connaître, d'entrée de jeu, qu'il est opposé à la reconstitution de l'Armée. De ce fait, le sort de cette Commission est scellé. Ce sera, au mieux l'impasse sans fin, au pire, l'enterrement de première classe. Une telle situation de blocage se comprend facilement mais n'est pas acceptable.

Cet article est en trois points :

A.- Entre les partisans de la reconstitution de l'Armée d'Haïti et ceux qui s'y opposent, il s'est créé un fossé, à base de méfiance et d'hostilité réciproque, lequel prend sa source dans les conditions qui ont entouré le passage du pouvoir autoritaire des Duvalier aux tenants du pouvoir populaire.

B.- La priorité aujourd'hui, ce n'est pas de régler des comptes mais de rechercher comment consolider la démocratie, en privant les armées privées de l'espace qui sera rendu disponible par le départ de la MINUSTAH.

C.- Nous pensons, quant à nous, qu'il convient, de part et d'autre, de garder la tête froide et d'examiner l'affaire sans passion, sous l'angle strict des réalités i.e. de la capacité de la PNH, telle qu'elle est et telle qu'elle sera au départ de la MINUSTAH, à assurer le maintien de l'ordre sur l'intégralité du territoire national, en tous temps, bons ou mauvais. Notre position est que l'option réaliste n'est pas entre Armée d'Haïti ou pas Armée d'Haïti, mais dans la création d'une force de maintien de l'ordre qui ne serait ni la PNH ni l'Armée d'Haïti reconstituée, mais une Gendarmerie Nationale dont la conception, la structure et le fonctionnement participeraient de l'une et l'autre institution.


A.- Un fossé, sur base de méfiance et d'hostilité réciproque

Entre les forces populaires qui ne souhaitent pas le retour de l'Armée et les partisans de la reconstitution, il y a un énorme déficit de confiance, lequel s'explique par les conditions dans lesquelles s'est opérée la transition politique. Jean-Claude Duvalier n'a pas négocié son départ. La transition a été brusque et sans règles. Il n'y a pas eu d'accord sur la meilleure manière d'absorber l'expansion de la participation politique ni sur les mécanismes appropriés de partage du pouvoir en régime de démocratie libérale représentative. L'Armée, qui craignait les conséquences de l'irruption des masses dans la politique, avait jugé bon de prendre les devants et de provoquer un changement artificiel du régime, à seules fins de limiter le champ et le rythme du processus de démocratisation.

Circonstance aggravante : la communauté internationale, qui aurait pu servir d'arbitre entre les positions adverses, a parfois manqué de clarté dans l'objectif et de détermination dans les moyens, n'a pas mis les cartes sur la table pour favoriser la négociation, mais s'est souvent contentée de faire monter le prix à payer pour toute résistance à la démocratisation. L'absence d'une négociation préalable, sinon entre les extrémistes, mais entre les modérés des deux camps, est un fait regrettable car si on n'a peut être pas toujours besoin de négociations pour sortir d'un régime autoritaire, les négociations sont indispensables pour la construction d'institutions démocratiques. Du fait que la transition a été brusque et non négociée, le problème de l'amnistie pour faits de violation de droits de l'homme et d'abus, celui de l'aménagement raisonnable et nécessaire des règles de cohabitation entre le pouvoir démocratique et l'Armée, sont restés sans solution. La dissolution, pure et simple, de l'Armée, au mépris des règles constitutionnelles, -à quoi est venu s'ajouter le cas des militaires démobilisés sans pension de retraite-, si elle s'expliquait par le ressentiment et la soif de revanche, achevait de rejeter l'Armée et ses partisans dans le camp opposé à la démocratie et fragilisait davantage l'effort de consolidation démocratique.

Une formule de démocratie directe

De plus, la manière dont les gouvernements populaires ont choisi d'exercer le pouvoir, sous forme de prépondérance absolue et directe de la volonté populaire, accompagnée de violences contre les biens et les personnes, d'occupations de rues et de pneus enflammés, n'a fait qu'aggraver les choses. Dans un tel contexte, les élections intervenues sous le régime nouveau sont souvent apparues non pas comme un moyen de changer le gouvernement mais comme un moyen de légitimer l'ordre nouveau et le gouvernement déjà en place. Les partisans de l'Armée ne se sont donc jamais sentis rassurés sur leur sort et ont longtemps survécu dans la peur des représailles.

Haïti en transition vers l'inconnu

Avec un Parlement pas vraiment fonctionnel, des partis politiques non mobilisateurs, un Etat trop faible pour exercer, de lui-même, un contrôle effectif sur l'intégralité de son territoire, le tout sur fond de pauvreté, d'inégalités, d'une opération d'ajustement structurel qui ne fait aucune place à la création d'emplois, et d'un populisme à fleur de peau, l'ordre politique actuel n'est en définitive garanti que par la présence de troupes étrangères et on ne peut pas dire que nous ayons déjà établi les bases d'une démocratie libérale fonctionnelle ni que nous en serions très proches. D'où il suit que si on fait la somme des ressentiments croisés entre protagonistes du débat Armée ou pas Armée et des risques auxquels, de par les circonstances, la démocratie se trouve tout naturellement aujourd'hui exposée, on peut dire que Haïti aujourd'hui est un pays en transition vers quelque chose, mais personne ne sait avec autorité une transition vers quoi.

B.- La démocratie, chez nous, une plante fragile et exotique : à consolider d'urgence

Les choses étant ce qu'elles sont, notamment sur le plan de la précarité et de la fragilité du stade actuel de construction démocratique, le problème prioritaire qui se pose aux démocrates et aux Haïtiens de toutes tendances, ce n'est pas de rechercher comment bloquer la reconstitution de l'Armée d'Haïti mais comment consolider la démocratie et par suite déterminer combien de temps la MINUSTAH va rester encore en Haïti et dans quel état, à son départ, sera la PNH. Si, faute d'un compromis rationnel entre ceux qui veulent l'Armée et ceux qui n'en veulent pas, on laissait à des armées privées l'espace nécessaire pour combler le vide sécuritaire que laisserait la MINUSTAH, une telle situation ne ferait l'affaire de personne.

a) La MINUSTAH

Même si on ne dispose pas d'une boule de cristal pour deviner l'avenir, l'hypothèse que la MINUSTAH pourrait rester en Haïti après la fin du mandat de Préval ne serait pas souhaitable ni réaliste. Pas souhaitable parce que, au-delà d'une certaine période de cinq ans, l'opération MINUSTAH apparaîtrait aux Haïtiens, non pas comme une opération de maintien de la paix, mais comme une véritable occupation pure et simple du territoire national, ce qui risquerait de créer un sentiment de rejet collectif que les forces nationalistes de droite et d'extrême droite ne manqueraient d'exploiter à leur profit exclusif, et vraisemblablement aux dépens du processus de consolidation démocratique. Tabler sur le maintien de la MINUSTAH pour une période longue ne serait pas non plus réaliste. Le coût de l'opération est de $600 millions par an, soit donc, sur une période, disons de 10 ans, un total de $6 milliards, $2 milliards de plus que notre Produit Intérieur Brut. Nous ne voyons pas comment la communauté internationale pourrait continuer de justifier un tel niveau de dépenses dans un pays qui ne constitue pas une menace mondiale pour la paix et la sécurité et dont les besoins de dépenses sociales d'éducation, de santé et de nutrition dépassent de très loin la capacité interne de financement et ne sont pas couverts.

b) la PNH

Pour ce qui est de la PNH, nous savons que d'énormes progrès ont été accomplis. De 1.500 policiers qu'elle comptait en 2004, elle compte aujourd'hui près de 9.000, dont un large pourcentage en soutien administratif, soit une augmentation considérable de l'ordre de 4% par an. De nombreux chefs de bandes ont été mis hors d'état de nuire. De 500 en 2006, le nombre de kidnappings est tombé à 218 en 2007 soit donc une réduction de près de 50%. La présence de postes de polices dans certaines zones chaudes, la sortie d'une nouvelle promotion de 632 policiers, une augmentation des salaires de l'ordre de 52% depuis 2005, une unité mobile suffisamment entraînée pour manoeuvrer à travers le trafic infernal des principales artères de Port-au-Prince, telles sont, en gros, quelques unes des réalisations dont le Chef de la Police pouvait, à bon droit, se féliciter, dans une interview au Miami Herald du 15 janvier dernier.

Malheureusement, nous sommes loin du nombre de policiers dont la PNH devrait disposer pour assurer la sécurité d'une population de 9 millions d'habitants. D'après certaines estimations d'experts, il nous faudrait 20.000 policiers, soit 10.000 de plus que ce que nous avons actuellement. L'aide financière bilatérale à la PNH, notamment de source américaine qui se situait à hauteur de $60 millions depuis 2004, s'est considérablement ralentie. De plus, la capacité d'absorption de la PNH, en regard à la fois des besoins de consolidation de l'acquis et d'expansion future, n'est probablement pas aussi grande qu'elle devrait l'être. Comme le dit le Major Général Carlos Alberto dos Santos Cruz, Commandant de la MINUSTAH « Nous avons un niveau acceptable de sécurité mais tout le monde doit comprendre que la situation est très fragile ». Faute que la PNH soit en mesure, à elle seule, de remplir sa mission de maintien de l'ordre d'ici 2011, au plus haut niveau d'efficacité nécessaire, il n'y a pas d'autre solution que la création d'un corps nouveau de maintien de l'ordre qui ne serait ni la PNH, ni l'Armée d'Haïti mais une combinaison des deux et qui aurait vocation à assurer tous les besoins de sécurité qui sont pour l'instant insuffisamment couverts. Une telle force hybride de maintien de l'ordre serait une Gendarmerie Nationale.

C.- Une Gendarmerie Nationale d'Haïti

La mission essentielle de la Gendarmerie Nationale d'Haïti serait d'assumer le maintien de l'ordre public dans des conditions et avec des moyens qui viseraient à faciliter la transition démocratique et à la consolider. Il s'agirait d'une force nouvelle, sans lien organique ou personnel, avec l'ancienne Armée, et dont les domaines d'intervention porteraient sur la sécurité intérieure sur tout le territoire, l'organisation de secours à la population en cas de désastres naturels, la garantie de l'exercice des libertés individuelles de la vie démocratique, la libre gestion des communes et des collectivités avec, pour vocation, de pouvoir s'adapter à toutes les formes de situations susceptibles de s'opposer au bon fonctionnement de la vie démocratique, de veiller au respect par chaque citoyen des règles de la vie collective et de le protéger contre les risques qui le menacent.

La Gendarmerie Nationale serait organisée territorialement en régions géographiques. Elle comprendrait deux grandes subdivisions : 1) la Gendarmerie Départementale, force de police générale, opérant sur le terrain, essentiellement dans les chefs-lieux de départements et dans les provinces, 2) la Gendarmerie Mobile, force de maintien et de rétablissement de l'ordre, qui serait principalement utilisée en tant que réserve stratégique lors de manifestations et de troubles collectifs. Comme c'est le cas déjà dans de nombreux pays qui disposent d'une force aux mêmes contours, la Gendarmerie Nationale d'Haïti serait une force atypique. Elle serait une force militaire, par son statut, la formation des personnels mais en charge d'une mission policière. Cette mission porterait notamment sur le maintien de l'ordre, l'obéissance aux lois, la surveillance continue du territoire dans toute son étendue, particulièrement dans les provinces et les campagnes. La Gendarmerie Nationale exercerait également des missions de police administrative -prévenir et empêcher les troubles dans la cité-, de police judiciaire, -constater les infractions à la loi pénale, rassembler les preuves, en rechercher les auteurs-, de contrôle des étrangers, de lutte contre le grand banditisme, le commerce de la drogue, la surveillance des frontières, la lutte contre le terrorisme et elle interviendrait dans l'exécution des travaux de génie civil d'intérêt général. Le Directeur Général de la GNH serait placé sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur et serait responsable devant le Parlement. Les préparatifs pour la mise en oeuvre de la GNH devraient commencer à temps pour que la force soit opérationnelle au plus tard en 2011.


Les tâches réservées à la PNH comprendraient le maintien de la sécurité publique dans l'aire métropolitaine, la surveillance des zones chaudes, la police de la circulation et la police routière, la protection du Palais National et des personnalités officielles et des principaux établissements publics, Prison, Port, Aéroport. La coordination entre les deux forces serait assurée par une Commission Quadripartite présidée par le Président de la République et comprendrait le Ministre de l'Intérieur, le Directeur Général de la PNH, le Directeur Général de la Gendarmerie.

Composition, coûts et financement

Aussi bien pour des raisons d'équilibre que de bonne logique, la taille des personnels de gendarmerie devrait être conçue comme un complément aux forces qui auraient été nécessaires à la PNH pour s'acquitter de manière tout à fait satisfaisante de ses tâches présentes et à venir, d'où un effectif de Gendarmerie de 10.000 gendarmes. Le recrutement et la formation des personnels de Gendarmerie seraient assurés soit par la MINUSTAH, soit par des pays (France, USA, Canada, Israël) qui possèdent une grande expérience du type d'organisation militaire à fonction de police que représenterait la Gendarmerie Nationale d'Haïti, et dans des conditions qui garantissent l'absence de tout lien entre les nouvelles recrues et les pratiques anciennes de violation des droits de l'homme, le trafic de la drogue ou toute forme de terrorisme.

Des coûts difficiles à évaluer

Malheureusement, s'agissant des coûts, nous n'avons pas trouvé une base de comparaison utile. Sur 2005-2007, les allocations budgétaires « Justice et Sécurité » étaient de HTG3.446.7 milliards (US$83.4 millions)) soit 1.9% du PIB. Sur ce total, la part de la PNH ressortait à HTG2.987.8 milliards (US$72.4 millions) soit 86.7% du budget total « Justice et Sécurité ». Ce budget 2005-2007 était en augmentation substantielle par rapport à 2005-2006 (US$59.0 millions) soit 1.5% du PIB. Pour 2006-2007, le budget PNH était de HTG4.5 milliards (US$107.9 millions) soit 80.9% du budget total « «Justice et Sécurité ». C'est dire que, d'une année sur l'autre, la PNH a eu la part du lion du budget global « Justice et Sécurité » et qu'au plan des allocations budgétaires, la PNH est nettement mieux lotie que l'Agriculture (4.4%) ou la Santé (6%). Il n'en demeure pas moins toutefois que si la part du secteur « Justice et Sécurité » représente presque 9% du total du budget de l'Etat, une telle allocation peut être considérée comme dérisoire par rapport à celle d'autres pays qui sont comme nous dans une situation d'après conflits et où les dépenses de police représentent entre 20 et 30% du budget national.

Dans le même ordre d'idées, toute référence à l'ancienne Armée d'Haïti n'aurait aucun intérêt, même théorique. À la fin des années 90, le budget de l'ancienne Armée pour un effectif de 9.634 militaires était de $19.2 millions (96 millions de gourdes).

À notre avis, ce ne serait pas une bonne idée de payer les gendarmes mieux que les policiers. Comme ces derniers sont relativement sous-payés, une solution raisonnable serait de relever les salaires de la PNH, d'aligner les salaires des gendarmes sur les tarifs relevés de la PNH, ce qui laisserait évidemment ouverte la question du financement d'équipements de la Gendarmerie et de leur entretien. Le financement de la GNH devrait comporter une grande composante internationale. À titre indicatif, les USA, après avoir terminé, au Liberia, la démobilisation de l'ancienne Armée, ont dédommagé les soldats démobilisés avec des allocations de $300 et de $4000, en fonction du rang, et ont financé à hauteur de $200 millions la présélection, le recrutement, la formation, l'équipement, et le logement d'une armée de 2.000 hommes et la réhabilitation de trois bases militaires.

Conclusion

La prise en charge par la communauté internationale d'une Gendarmerie Nationale non seulement permettrait rapidement la création d'une force de stabilisation et d'unité du corps social mais serait un moyen de rentabiliser pour de bon l'énorme investissement qu'elle a déjà consenti pour essayer d'instituer un ordre démocratique, y compris les coûts de la MINUSTAH, les coûts des nombreuses opérations électorales ainsi que les coûts des aides budgétaires aux fins économiques et sociales.


Marc L Bazin
25-27 Janvier 2008


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Commentaire de Serge Pierre-Pierre, New York

New York, le 10 février 2008

Très bel effort de M. Marc Bazin (le zipperman).

Il semble que le sentiment général en Haïti envers l'ancienne FADH à la lumière du mauvais comportement et de la réputation justifiée et justifiable de force répressive de celle-ci - est que saréintégration n'est pas à souhaiter car elle divise la nation.

La formule de Gendarmerie Nationale Haïtienne illustrée par M. Bazin et qui avait été envisagée par le président actuel René Garcia Préval devrait recevoir la plus haute priorité de ce dernier. Il est temps d'en finir avec cette temporisation du gouvernement actuel qui a une PEUR BLEUE de l'ancienne FADH, évite d'en parler mais ne fait pratiquement rien pour préparé le départ de la Minustah qui ne peut rester sur notre territoire indéfiniment.

Patrick Élie, chef de la 2ème Commission chargée de Réfléchir sur le type de Force de Sécurité à choisir pour remplacer la Minustah au printemps de 2011, a une bonne proposition de M. Marc Bazin et celle de la Commission de Réflexion préparée sous le gouvernement de transition
Boniface Alexandre/Gérard Latortue. La proposition de M. Bazin est énoncée clairement et peut-être comprise par tous. Celle de la Commission de Réflexion sur les FADH renferme des chiffres, des stratégies de déploiement sur l'ensemble du territoire et autres considérations d'ordre militaire.
Nous pensons que la Commission nommée par le président Préval a une documentation suffisante
pour faire une Recommendation au président de la républqiue qui la soumettra au Parlement pour Ratification et appropriation budgétaire. Il le faut car il est grand temps d'entamer le "gradual phasing out" de la Minustah. Le président Préval n'a pas le choix et doit monter qu'il a l'étoffe d'un chef d'État responsable.

Conjointement avec la formation de la nouvelle Force de Sécurité qui remplacera l'ancienne FADH dont le nom sera modifié dans la constitution,
le président Préval devra soumettre un Programme de Redressement Social pour la population. Plus question pour lui de dire qu'il ne peut rien faire! Ce Programme de redressement Social devraint inclure :
la création d'emplois dans l'agriculture à outrance, l'agro-industrie, le reboisement à outrance, l'éducation professionnelle avec l'implantation d'Universités dans chacun des 10 départements, l'amélioration des services de santé préventive de base; la création de loisirs avec "l'implantation de Complexes Sportifs multi-fonctions stratégiquement répartis à travers les 140 communes" au
début; la mise en place d'un Système de Transports en commun régional et inter-régional pour faciliter les déplacements de la population dans le pays.
La création d'environ 500.000 emplois dont 40.000 iraient à la Force de Sécurité pour assurer que les divers projets seront achevés. Le reboisement et la surveillance des forêts contre les malfrats, le contrôle des frontières et des côtes, le contrôle de la contrebande sont parties intégrantes de tout projet de développement durable dont les revenus dépendent grandement du contrôle du territoire et du respect des institutions. Haïti a toute une foule de bacheliers au chômage et prêts à répondre à son appel pour défendre la patrie tout en gagnant une vie décente.

Si le président Préval hésite encore à prendre les mesures qui s'imposent à l'heure actuelle, qu'il se base sur ce que fait aujourd'hui le président américain George Bush pour sauver économiquement les USA.
Haïti a besoin d'un président que peut prendre les mesures sévères mais importantes et qui peut s'entourer de gens qualifiés pour les rendre fonctionnelles.

"OÙ TROUVER CET ARGENT? HAITI N'A PAS D'ARGENT POUR UNE ARMÉE GRENN KRAZE, NON, MAIS POUR UNE FORCE DE SÉCURITÉ NOUVELLE, OUI ET OUI!"

Haïti a, en réserve, une DIASPORA omniprésente, anxieuse, désireuse et capable de l'aider à remonter le courant en plus d'une étrangère minimale.

Et comment?

1) 100.000 haïtiens retraités, courtisés (tapis rouge, appel formel, avantages juteux) pour rentrer au pays pour y passer leurs vieux jours, qui dépensent en moyenne 500 $ US le mois apporteront à l'économie nationale 60.000.000 $ US le mois et 600.000.000 $ US en douze (12) mois.

2) Le développement du Tourisme avec le concours massif des investisseurs de la diaspora;

3) Les acquisitions de terrains à travers le pays par la diaspora. Le gouvernement haïtien n'a qu'à faire un inventaire de ces terres, de donner la forme d'utilisation qu'il favorise et inviter les haïtiens de la diaspora.
La diaspora est prête.
"We are good and ready to tango with Haiti"!

4) Les investissements de la diaspora dans toutes sortes d'activités économiques

constitueront une source certaine de revenus pour l'État haïtien sans compter les contributions des 'NEW" ONG qui seront orientés vers des points stratégiques d'un Plan global de développement élaboré par l'État haïtien. Finie sera l'anarchie des ONG étrangers qui viennent faire de la "gagòt" dans le pays comme si Haïti était un pays libre où l'étranger se sert des petits nèg grangous haïtiens pour l'exploiter au détriment d'une population aux abois. Cela doit être inscrit au calendrier des lois à voter par le Parlement haïtien.

Chers compatriotes, c'étaient là nos pensées sur la constitution de la nouvelle Force de Sécurité pour Haïti.

Qu'en pensez-vous? le débat est pertinent et devrait être poursuivi, alimenté.

A tantôt,

Serge Pierre-Pierre

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La Stratiaphobie

par Gérard Bissainthe

Mes recherches m’ont amené à découvrir récemment une fable totalement inédite et dont le fabuliste Jean de la Fontaine a pu très bien s’inspirer

Les Haïtiens malades de la Stratiaphobie

Un mal qui répand la terreur,
Mal que la Communauté Internationale en sa fureur
Inventa pour punir les crimes d’Haïti,
La Stratiaphobie (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour la Minustah,
Faisait aux Haïtiens la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés:
On n'en voyait point d'occupés
A chercher les moyens de protéger leur vie
Même pas un fistibal n'excitait leur envie;
Pas un seul déchouqueur n'épiait
Les chimères ou les zinglindos.
Les Lavalassiens se fuyaient:
Plus d'amour, partant plus de joie.

Poursuivant mes recherches voici ce que j’ai découvert:

Le vocable “Stratiaphobie” vient des mots grecs: “stratia” qui veut dire “armée” et “phobos” qui veut dire “peur”. Ce mot “phobos” n’a rien à voir évidemment avec le mot créole “phobo”.

La “Stratiaphobie” est une maladie caractérisée par la peur de l’armée. Curieusement les stratiaphobes n’ont pas peur de la chose que tout le monde appelle “armée”, mais seulement du mot.

C’est que le mot, pour des raisons que les experts n’ont pas réussi jusqu’ici à comprendre, provoque chez eux des réactions diverses et des plus imprévisibles; chez certains ce mot provoque de l’urticaire, chez d’autres une maladie haïtienne qui s’appelle la tchoulouloute. Quelques uns même entrent en transes rien qu’à entendre le mot “armée”. Il en est même que le mot a pu mettre au bord de la crise d’apoplexie.

Une explication serait que l’armée est trop souvent du genre « crazé zo ». On répond que ce n’est pas parce qu’une armée s’appelle armée, qu’elle craze les os; que même si on l’appelle Police, elle crazera les os aussi bien ou même mieux, si on y tolère des crazeurs de zo; et qu’on était trop content d’avoir avant 1804 une armée qui crazaient les os des colons.

La communauté internationale dont on connait la sollicitude pour la cause des Haïtiens s’est penchée sur ce problème et a trouvé une solution à la “Stratiaphobie” haïtienne. Elle a inventé un phénomène qu’on désigne sous le nom de “Minustah”. Cette Minustah n’est rien d’autre qu’une armée dans toute l’acception du terme et qui avec ses tanks est capable de crazer les os de tous les Haïtiens de la république, quels qu’ils soient. Mais elle a un premier avantage qui consiste en ce que rien dans sa consonance n’évoque le mot redouté “armée”. En plus elle est toute entière étrangère, les stratiaphobes haïtiens ayant une prédilection marquée pour tout ce qui est “pèpè”, c'est-à-dire chimiquement pur de toute haïtianité. Par exemple pour être un soldat de Minustah, un Nègre doit venir directement d’Afrique, comme les anciens esclaves. S’il vient de Fonds des Nègres, par exemple, en Haïti, il n’est pas qualifié. Pour les Blancs, c’est pareil: la Minustah n’a aucun soldat blanc haïtien, pourtant elle aurait pu en recruter à Fonds des Blancs.

Les responsables de la Minustah avancent que si elle a dû aller chercher, par exemple dans la Pampa brésilienne et dans les coins les plus reculés de la planète des soldats pour la Minustah, (jusque, parait-il, chez les Esquimaux afin d’avoir des soldats habitués au froid pour les régions froides d’Haïti comme Furcy et la Forêt des Pins), c’est parce que Préval et Alexis n’ont jamais fait la promotion du cheptel haïtien. Ils n’ont jamais fait valoir qu’après tout Haïti a des sujets qui sont de l’acier trempé, font face tous les jours à tous les dangers avec un courage surhumain, seraient capables, mieux que Rambo, de survivre un mois dans une jungle avec cinquante gourdes; ils le font tout le temps.

Cependant certains pensent que la stratiaphobie est une fausse maladie. Pour eux elle est de l’ordre de cette déviation psychologique qui faisait dire à Tartuffe:

Oh ! Prenez ce mouchoir
Et cachez-moi ce sein que je ne saurais voir
.


Le stratiaphobe haïtien dit de même

Oh ! Prenez cette Minustah
Et cachez-moi cette Armée que je ne saurais voir.


Gérard Bissainthe
11 février 2008

vendredi 1 février 2008

Nationalité du Sénateur Boulos : « l’arbre qui cache la forêt ».

Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com

Depuis plusieurs semaines un débat existe sur la nationalité du Sénateur du Nord-est Rudolph Boulos. On en fait une priorité nationale. Tout le monde en parle. Le Sénat est allé jusqu’à proposer une commission d’enquête pour faire le point sur cette affaire, vu qu’elle affecte son fonctionnement. Beaucoup de textes circulent sur internet. Pour certains Boulos est un menteur, un imposteur qui doit partir, pour d’autres, c’est une affaire entre noirs et clairs, dans une logique de cohésion nationale, il doit garder son poste, on devrait, du même coup, en profiter pour exiger l’intégration de la diaspora.

Pour l’intéressé lui-même, Rudolph Boulos, c’est un complot. Au lieu d’une question de Clairs contre Noirs, il est victime d’une rivalité entre Clairs et Clairs :

… la bataille des Patriotes en face des Patripoches,

Il se réclame du groupe de patriotes :

ceux qui veulent la victoire sur la République de Port-au-Prince au profit des Provinces,

ceux qui veulent garantir à la jeunesse haïtienne un avenir,

ceux qui veulent que la population des villes et des campagnes puisse vivre avec un minimum,

ceux qui veulent que la Diaspora puisse devenir le moteur économique, intellectuel et politique en vue de Sauver ce pays des grands Mangeurs qui exploitent la plantation depuis l’indépendance en 1804.

Et c’est dans ce contexte qu’on peut placer la déclaration du Sénateur Joseph Lambert : « l’arbre qui cache la forêt ».

Pour avoir observé de très près la campagne électorale de 2005, nous comprenons vite l’approche du sénateur Boulos. Il y a une confrontation entre clairs et clairs dans ce pays : une sorte de guerre froide de sécession entre les féodaux conservateurs de toutes couleurs et les libéraux modernes qui voient en Haïti la possibilité de créer un marché national suivant une logique capitaliste en vue de faire fortune. Ils sont aussi de toutes couleurs, ceux qui veulent le changement en Haïti et qui se sacrifient tous les jours pour faire bouger le pays.

Lors des dernières élections, dans les deux camps, il y avait des clairs et des noirs. Et la constitution est utilisée comme arme pour acculer ceux qui n’acceptent pas le système. L’article sur la nationalité a été soulevé dans l’unique but de conserver le statu quo. Car les dirigeants de ce pays ne respectent pas les lois de la République ; ils les utilisent pour persécuter leurs adversaires.

Nous sommes des souverainistes qui condamnent le fait qu’un citoyen haïtien renonce pour quelque raison que ce soit à sa nationalité. Tous les jours nous nous posons la question suivante: en cas de conflit d’intérêts entre Haïti et un autre pays, le dirigeant qui a une double nationalité ne pourrait pas défendre le pays. Les Etats-unis pourraient, au nom de la nationalité américaine d’un dirigeant haïtien, procéder à son arrestation et le traiter comme un délinquant américain.

Mais, pour une fois, soyons sérieux ! Est ce qu’on n’arrête pas les citoyens haïtiens pour les extrader vers les Etats-Unis sans passer par la justice haïtienne ? Préval avait signé un contrat en ce sens le ‘‘17 octobre 1999’’. C’est le cas pour les kidnappeurs et les trafiquants de drogue. Ils sont arrêtés par des agents de la police fédérale américaine, sur le sol haïtien, puis extradés sans aucune forme de procès aux Etats-Unis. Le président Jean-Bertrand Aristide a été exfiltré contre son gré par les forces spéciales américaines vers la République Centre-Africaine. Nos chefs d’Etat de nationalité haïtienne ne défendent pas moins les intérêts des étrangers. Ils sacrifient continuellement les intérêts de la nation pour faire plaisir aux étrangers.

Aussi, sommes-nous des démocrates qui militent en faveur d’une armée nationale. Mais cela ne nous empêche pas de comprendre les faits : les militaires haïtiens étaient et sont encore très politisés. Nous nous souvenons avoir vu le diplôme d’un officier de l’armée d’Haïti. Au nombre des matières enseignées figurait : DOCTRINE DUVALIERISTE. C’est un fait. Cela ne nous empêche pas de continuer à militer en faveur d’une armée nationale, mais nous le faisons en prenant en compte les faits.

Nous nous ridiculisons quand nous refusons de voir la réalité. L’étranger nous prend pour des ânes, des idiots, des singes. C’est qui nous pousse à dire la vérité même quand elle dérange. Il doit y avoir en Haïti au moins une voix courageuse pour troubler le silence des lâches et la sénilité des conformistes-affairistes.

Aujourd’hui le sol national est foulé par des troupes étrangères. Le Président René Préval fait l’éloge des soldats étrangers. Il ose survoler le territoire national, en hélicoptère, le 18 novembre 2007. Il était accompagné des soldats de l’ONU, pour inspecter les travaux de la MINUSTAH, le jour sacré de la bataille de Vertières. Alors peut-il en même temps exiger le respect de la constitution sur la double nationalité et violer cette même constitution quand il s’agit de demander aux forces étrangères de protéger son pouvoir ?

Comme des moutons, tout le monde rentre dans le jeu, exigeant le respect de la constitution sur la nationalité. Satisfait René Préval rentre chez lui en misant sur la faiblesse d’esprit de tous les citoyens haïtiens et du patatisme de la classe politique. Car, il les manipule à volonté. Pour preuve, il a été porté à la tête de l’Etat une nouvelle fois en 2006, sans débattre.

Comment peut-on exiger le respect de la constitution sur la nationalité et garder des troupes étrangères en Haïti ? Comment peut-on cautionner la violation de la loi électorale lors des élections présidentielles et en même temps se poser en légaliste?

Les féodaux imposent au peuple exploité des accords politiques inconstitutionnels et illégaux pour maintenir le statu quo. Face aux efforts de modernité, de décentralisation et d’ouverture, ils se barricadent derrière la constitution et prônent le respect de la loi.

Haïti est à un carrefour où nous devons faire des choix. Comme les européens en 1945 et les dominicains dans les années 60, nous devons comprendre la réalité de notre situation de pays occupé par des troupes étrangères. Cet état de fait est inconstitutionnel et affecte notre souveraineté nationale. Au lieu de nier les faits et de naviguer la tête dans les nuages, regardons la réalité en face et agissons pour une fin irréversible de cette situation humiliante.

Nous sommes conscients que l’amendement de la constitution est une boite de pandore capable de réveiller les vieux démons de la Présidence à vie et sans limite. Nous devons respecter les procédures prévues dans les dispositions générales de la loi mère. Toutefois, au même titre qu’on a pu négocier la répartition des votes blancs pour mettre fin à la violence, dans le même esprit qui nous a guidé pour négocier le maintien des sénateurs à leur poste, suivant les mêmes considérations qui nous forcent à accepter des soldats étrangers sur le sol national, nous devons négocier l’intégration de la diaspora pour la modernité, la décentralisation, le retour des ressources humaines et financières.

La stabilité en Haïti passe par la reconstitution d’une classe moyenne solide : une classe d’hommes et de femmes bien formés, propriétaires et à l’abri de la précarité (ayant accès au crédit et aux polices d’assurance). Nous devons réparer les dégâts causés par François Duvalier et Jean-Bertrand Aristide. Ils ont détruit la classe moyenne haïtienne. D’après les aînés dont le Doyen Charles Manigat - Cap-Haïtien, dans le temps, il y avait une masse critique. Chaque parti politique avait son organe de presse. Les clubs littéraires publiaient des œuvres. Cap-Haïtien comptait plusieurs journaux. Sans perdre notre temps à critiquer François Duvalier – car tout le monde sait ce qu’il a fait de bien et/ou de mal – il est un fait qu’au terme de son régime, Haïti était vidé de cette masse critique. Avec Jean-Bertrand Aristide, surtout avec le phénomène des coopératives, roch nan dlo konen mizè roch nan solèy : tout moun jwen. La classe moyenne s’est appauvrie. Avec le kidnapping et la violence des gangs, la situation s’est empirée, les cadres qui nous restaient ont dû abandonner le navire. Hors, on ne change pas un pays sans ressources humaines et financières. Avec 400 milliards de dollars d’actifs et la culture d’exécution (Ray H. Killick), cette diaspora représente une mine à exploiter.

Ne perdons pas notre temps à parler de pétrole. Le pétrole haïtien est sa diaspora. On n’a qu’à suivre ce que font les israéliens avec leur diaspora.

La constitution haïtienne ne doit pas servir de moyens pour endiguer ceux qui veulent participer. Si nous acceptons en silence qu’on la viole pour permettre aux étrangers de venir se bronzer et s’enrichir chez nous, il est illogique de la brandir contre nos frères et sœurs de la diaspora qui sont plus brillants, plus expérimentés, plus riches et plus modernes que nous. Tout de même, nous ne voulons pas dire que tous les haïtiens de la diaspora sont compétents et intègres. Nous en avons fait l’expérience durant la transition 2004-2006 avec des technocrates sans scrupules. Mais, nous devons trouver un moyen pour relancer Haïti sans démagogie avec les enfants du pays.

Le dossier de la nationalité de Rudolph Boulos est, comme disait le Sénateur Lambert, l’arbre qui cache la forêt. Beaucoup de citoyens honnêtes sont tombés dans le piège de René Préval. Ils ont exigé le respect de la constitution. Alors que ce même René Préval a au sein de son régime un nombre important de fonctionnaires ayant d’autres passeports, il fait de la nationalité de Rudolph Boulos une affaire d’Etat.

D’après une source confidentielle, le Président serait, lui aussi, détenteur d’un passeport Belge. Durant son premier mandat, Préval nous avait pris pour des imbéciles. Il avait procédé illégalement à l’arrestation du Directeur de la compagnie d’Etat de ciment CIMENT D’HAITI au Palais National. Les citoyens pouvaient voir sur le petit écran un président-juge qui combattait seul, la corruption en Haïti. Tout le monde connaît l’histoire, la corruption battait son plein après l’arrestation de ce bouc émissaire malheureux. La banque mondiale avait même fermé les portes de son bureau en Haïti à cause de la corruption qui régnait sous le gouvernement du Président René Préval.

Rudolph Boulos se dit clame. Il ne se laissera pas perturber : Je sais qu’il ne m’aime pas, parce que je contribue à renforcer la diplomatie parlementaire. Il n’aime pas des parlementaires autonomes. Ils n’aiment pas ceux qui sont capables de porter le débat entre l’exécutif et le parlement jusqu’aux grandes capitales. Ils sont tellement habitués avec des parlementaires fanatiques, des sous-hommes au service de l’exécutif.

Au lieu de défendre le Sénateur Rudolph Boulos dont l’extrait d’archive de son acte de naissance circule sur Internet, nous nous contentons de signaler la mesquinerie et la démagogie qui entoure cette affaire. Nous rappelons à nos lecteurs que René Préval aime les boucs émissaires et la démagogie est sa science. C’est le propre des anarchistes et des populistes. Haïti à plus d’intérêt dans un leadership provincial moderne que dans un Chef d’Etat féodal, sans programme, au service des monopoles concentrés dans la République de Port-au-Prince.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
1er février 2008