samedi 20 août 2011

Lettre Ouverte à mon confrère Cyrus Sibert (Par Alfred Reynolds, LL.M.)

Lettre Ouverte à mon confrère Cyrus Sibert

Par Alfred Reynolds, LL.M.

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"A job is not just a job, it is who you are. And, if you want to change who you are, you have to change what you do.[1]"
                  Jude Law (Repo Men, 2010)

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         Cher Cyrus, si vous avez remarqué que je vous ai appelé « confrère », c'est bien parce que j'étais un journaliste comme vous.  Je ne vous connais pas de visage; mais, ayant vu votre photo sur le net, après qu'elle ait été placée comme cible par l'un de vos ennemis acharnés, je me suis dit – bien qu'on soit peut-être du même âge – il faut que je vous écrive pour vous donner quelques petits conseils non pas en tant qu'un sage, mais en tant qu'un confrère qui vit toujours en exil. Certes, je dis « exil » puisque j'ai laissé Haïti – ma terre natale – en mai 1993 contre mon gré et en dépit que je l'aie visité au moins six fois, depuis mon départ, dont l'une pour aller enterrer mon père à Jacmel.   

         Je vous trouve si fort, si brave et si courageux. Je commençais à vous suivre notamment depuis vos différentes prises de position contre certains membres pédophiles ONGs qui s'en prennent aux enfants orphelins d'Haïti. J'avoue  que si j'avais votre force et votre énergie, peut-être que je ne serais pas parti à un moment où le pays était devenue inhabitable. Je sais que certains confrères qui travaillent toujours dans la presse haïtienne vous diront que c'est une excuse soit que j'étais un lâche soit je n'avais aucun amour pour mon métier et pour ma patrie. Mais, qui seraient-ils pour me juger ?  On sait bien qu'en Haïti, pour survivre comme un membre de la presse, il faut avoir un protecteur dans le milieu du pouvoir (politique ou économique) qui guète à chaque instant les tueurs à gage qu'on envoie à nos trousses ; ce que, malheureusement, je n'en avais pas !
  
         Je me souviens parfaitement à un moment où je travaillais à la Radio Plus, suite à un stage et grâce à une recommandation du feu Roger Milscent – journaliste accompli et maitre-rédacteur de son petit bébé « les remous de l'actualité » du journal Le Nouvelliste, comme journaliste/reporter et correcteur de textes, personne ne pouvait savoir ma position politique du fait que j'essayais de la cacher par tous les moyens en trouvant une parfaite équilibre dans mes prises de son partout où j'étais : dans la rue avec les marchands ; au parlement avec des sénateurs ou députés ; et, dans des bureaux comme dans un centre universitaire avec des étudiants, professeurs et autres particuliers. Les interviewés, dont les accusés et les accusateurs, avaient toujours l'opportunité de se faire entendre dans mon reportage quotidien sur les différents quartiers populeux de la capitale au journal de 4 heures avec Francine ou dans mon programme de samedi « Solèy Leve ». Je croyais que je n'avais pas d'ennemis ; pourtant, j'avais tord…j'en avais beaucoup ! J'avais commis l'erreur de ne pas m'épauler à l'un ou à l'autre des seigneurs de la guerre de Troie qui ne cessait de répéter : « Si tu n'es pas avec nous, tu es contre nous ! » Ce jour-là, en recevant un coup de fil du Palais National, j'avais vite compris que tout était fini et que je devrais prendre la poudre d'escampette très bientôt.

         En effet, en me rappelant de mon passé professionnel et de l'héritage que j'ai laissé de ces trois années dans la presse haïtienne, si j'en avais des problèmes qui ont pu me faire fuir mon pays, je crois que c'est à cause de mon insouciance à ne pas avoir d'un parrain ou un de ces protecteurs qui vous demandent parfois de les faire des petites faveurs comme détruire leurs ennemis durant une émission. Bienheureusement, il y avait l'intégrité journalistique venant avec une réponse à la Ponce Pilâte : « Poukisa'w vle detrui yon moun ki pwôp ? Nèg sa pa fè anyen ki mal !» Sans eux, je savais que je ne pouvais pas me mettre à l'abri. Je savais aussi que je ne pouvais me mettre non plus dans une situation qui ferait du tort à ma vie, à ma famille et à mes amis. Mais, tout le monde savait que la boite dans laquelle je travaillais – par rapport à leur philosophie de communication de masse – avait un objectif bien précis et un supporteur qui devrait récompenser, quelques années plus tard, le propriétaire de la radio par une nomination directe du roi de Tabarre comme le principal maire de Tabarre. Aussi, et pire encore, dans mon entourage professionnel, il y avait ceux-là qu'on appelait journaliste qui se faisaient acheter pour faire de la propagande.  

         En effet, qui ne connaissait pas Hughens Voltaire ? Ce cher travailleur de la presse qui ne respectait pas l'autorité ? Ce cher travailleur de la presse qui quémandait des sous même à ceux-là qu'il pensait être son ennemi. Paix en son âme ! Ses propres amis dont il supportait avec de la propagande, comme on me l'avait soufflé, l'avaient empoisonné parce qu'il savait trop et qu'il était un peu bavard et un fou. Ses parents n'avaient pas les moyens pour l'enterrer à Léogâne, dit-on, et on devrait faire une quête collective pour acheter son cercueil. Quel malheur pour quelqu'un qui avait de l'avenir, dites certains ! Et, si je comprends bien, aucun journal, radio ou télévision haïtienne n'a mentionné son nom ; car, selon plusieurs, il était la peste de la presse.

         Cher Cyrus, si je décide à vous raconter un peu mon passage dans la presse haïtienne, c'est pour vous dire que la politique à l'haïtienne est très cruelle et qu'il faut être vraiment courageux à soutenir ouvertement un pouvoir qui fait peur aux lamayôt des Opérations de Baghdad. Je crois que vous êtes devenu maintenant une cible et qu'il faut faire attention à vous. En tant qu'ancien journaliste, je reconnais la valeur de votre travail parce que vous avez de la passion, de la fougue, du patriotisme et d'un dévouement sérieux pour changer le visage de notre pays. Ce que beaucoup de gens, qui vous sont contre, y manquent. Je sais, par vos écrits et vos commentaires, vous croyez fermement au changement et je vous dis clairement que j'y crois aussi. Je veux vous dire que je vous supporte aussi dans votre combat. Cependant, n'oubliez pas que ces gens sont vraiment cruels. Ils ne pardonnent pas à personne. Ils haïssent l'innovation, le changement et le progrès. Ils sont égoïstes et ils aiment se faire flatter. Ils mangent même leurs fils et leurs filles juste pour garder leurs intérêts sans souci aux autres qui sont abandonnés sous les tentes et ceux-là qui n'ont rien à manger. 

         Cher Cyrus, soyez fort ! Sachez bien que le travail que vous faites est précieux pour ceux-là qui aiment énormément Haïti ; pour les jeunes et les orphelins d'Haïti ; pour ceux-là qui voient une nouvelle Haïti où l'éducation est pour tous et où la justice serve aveuglement pour tous et contre tous ; et pour nous qui sommes  à l'extérieur et qui veulent retourner dans notre pays pour de bon. Votre travail de journaliste, ce n'est pas justement un travail. Sachez-le bien, c'est ce que vous êtes. Si moi-même j'ai décidé de changer ce que j'étais, c'est parce que je voulais changer consciemment ce que je faisais afin que je ne puisse jamais cacher ce que je suis. Pro Deo et Patria ! Que Dieu vous protège !


[1] Un travail, ce n'est pas juste un travail, c'est ce que vous êtes. Et, si vous voulez changer ce que vous êtes, vous devez changer ce que vous faites ! 

From: Réseau Citadelle - Cyrus Sibert <reseaucitadelle@yahoo.fr>
To: Groupe Reseau Citadelle <reseaucitadelle@yahoogroupes.fr>
Sent: Friday, August 19, 2011 7:49 PM
Subject: [Tout-Haiti] Technique d'intimidation de Lavalas contre Cyrus Sibert : Willy Pompilus menace, Ti Yvon publie ma photo. Silence absolu des moralistes des forums. J'attends pour voir s'ils savent tirer!

Technique d'intimidation de Lavalas contre Cyrus Sibert : Willy Pompilus  menace, Ti Yvon publie ma photo. Silence absolu des moralistes des forums. J'attends pour voir s'ils savent tirer!

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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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