mercredi 13 juillet 2011

Thèmes de l’Emission de la semaine

Thèmes de l'Emission de la semaine


Orlando le 15 juillet, 2011

Actualités Politiques : Grandes Lignes

Peut-on sérieusement évoquer et offrir comme exemple le conflit idéologique et doctrinal du régime bipartite américain pour justifier le bras de fer entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif haïtiens ? Aux Etats-Unis le conflit est entre Républicain conservateur, défendant la doctrine de l'Etat-gendarme, la taxation minimale, le laisser-faire, le libre arbitre, le marché libre et le libre échange, versus Démocrate libéral-progressiste, défendant, la doctrine de l'Etat-providence, l'obligation d'intervention sociale de l'Etat, les garanties sociales offertes à tous les citoyens et particulièrement aux plus démunis. Le nœud du conflit, c'est comment réduire la dette nationale. Le Démocrate propose simultanément la réduction des dépenses de l'Etat et l'augmentation des revenus fiscaux. Le Républicain s'oppose à toute augmentation de la taxation et même à la réforme fiscale. Tandis qu'en Haïti, le conflit se circonscrit uniquement et spécifiquement que sur l'insistance des parlementaires à vouloir perpétuer une violation constitutionnelle flagrante, de la notion fondamentale de l'indépendance des pouvoirs, établie et consacrée dans les articles 59, 59.1, 60, 60.1 et 60.2 du Titre V de la constitution intitulé De la Souveraineté Nationale. A la base de ce conflit, oui, il y a un conflit constitutionnel. Mais il est absolument impossible d'y trouver aucun différent doctrinal et d'idéologique ! C'est un bloc parlementaire exigeant la répartition pure et simple des ministères ayant les plus importantes allocations budgétaires, point final ! En d'autres termes, c'est l'accès à la caisse publique par le biais de la répartition des ministères qui intéresse ces parlementaires et les ex-présidents qui les manipulent au profit de la continuité !

Depuis le rejet de Daniel Rouzier, les choses ont évolué pour devenir plus agressives, au point où 16 parlementaires ont publié leur prise de position de rejet prémédité contre le premier ministre désigné Bernard Gousse, avant de recevoir le dépôt de ses pièces et l'inviter au parlement pour une audition. Doit-on s'attendre à ce que ces parlementaires dressent une liste de candidats à la primature qui leur plaisent ? Ou, vont-ils ajouter sous peu à l'article 157 de la constitution de nouveaux critères pour être nommé premier ministre ?

Le tandem Préval/Alexis ayant fait malheureusement l'expérience désastreuse de l'ankylose qui s'est rapidement métamorphosée en paralysie totale avec la répartition des ministères en 2006 ; Sachant que dans ces circonstances l'unique moyen de survie pour l'Exécutif, soit indubitablement la pérennisation obligatoire du cercle vicieux traditionnel de la corruption et de l'impunité , (le système Néo-patrimonial dénoncé par le sénateur Rudy Boulos dans son dernier article) ; Aristide dans une situation binaire l'obligeant à récupérer ou à perdre définitivement sa pertinence politique après 7 ans d'exile et une exclusion formelle de son parti des joutes électorales ; Martelly fraîchement catapulté au pouvoir avec des promesses de changement, ayant utilisé l'espace politique et la clientèle que jadis Aristide contrôlait exclusivement ; L'affirmation et la consécration de la pertinence et de la légitimité politique des deux, Martelly et d'Aristide, dépendant donc indubitablement des résultats des compétitions électorales de la fin d'année, les sénatoriales partielles et les autorités locales ; Ce sera le moment de vérité pour les deux, cependant avec la nuance, qu'il sera beaucoup plus important pour Aristide qui est obligé, de réaffirmer non-seulement sa pertinence, mais de plus et surtout sa prépondérance politique, de l'emporter avec une victoire écrasante !

Alors que Martelly chef d'état aura naturellement le contrôle et l'accès de la caisse publique, Préval, Aristide et les parlementaires, veulent en avoir l'accès indirectement par le biais de la répartition des ministères, pour financer leurs candidats et avoir leur propre vache à lait. La répartition des ministères, bien que ce soit une violation constitutionnelle flagrante, est une condition sine qua non, pour le succès de la résurgence des paléo, crypto et néo-lavalassiens. La pertinence et la légitimité politique de ces deux protagonistes Martelly et Aristide occupant le même espace politique et servant la même clientèle politique, seront proportionnelles à l'importance relative de leur victoire à l'urne !

Si Aristide l'emporte, il reprendra automatiquement du poil de la bête, pour imposer instantanément sa prépondérance politique et sa xénophobie. La question est de savoir, comment cette résurgence lavalassienne dans ses efforts de récupération de son espace et de sa clientèle, pour forger une nouvelle topographie politique, vont affecter la stabilité sociale, politique et économique du pays d'une part ? Mais d'autre part, Bill Clinton, principal démarcheur de deux projets des plus importants pour l'avenir du pays, la reconstruction et la relance de l'économie haïtienne, après avoir répondu à René Civil et à Raymond Paul qu'Aristide soit le passé en mars 2009, comment va-t-il réagir face à cette nouvelle donne ? Ayant fait déjà l'expérience d'Aristide qu'il a lui-même retourné au pouvoir en 1994. Et à qui, il a coupé totalement l'aide étrangère, à cause de la corruption de son gouvernement, fin décembre 2000, au seuil de son retour au pouvoir le 7 février 2001 pour son second mandat. Acceptera-il à laisser faire et prendre le risque d'une telle incertitude, quand le succès de ses deux projets dépendra principalement de l'atmosphère de paix et de la stabilité de la nouvelle topographie politique ?

Observant le comportement de Martelly, depuis son catapultage au pouvoir, face à la complexité évidente de la problématique et aussi au danger du défi électoral qui le guette à bref délai, on ne perçoit aucune inquiétude de sa part qui montre dans les faits qu'il en soit conscient et concerné. La question est aussi de savoir, a-t-il l'intention de faire, ou de ne pas faire ces élections de la fin d'année ? S'il se propose de les faire, que fera-il des autorités locales dont les mandats sont entrés en caducité depuis fin 2009. Mais que Préval les a retenus, pour précisément contrôler les élections de 2010 et de 2011 à son profit. Cela ne fait aucun doute que ce soient les autorités locales qui contrôlent la machine électorale et commettent toutes les fraudes au profit du pouvoir ! Ces autorités locales qui sont là maintenant envers qui ont-elles leur loyauté ?

Alors que les paléo, les crypto et les néo-lavalassien soient déjà en train de se battre du bec et des ongles pour leur survie politique par le biais des ultimatums parlementaires frisant clairement l'extorsion et le chantage. On ne voit aucune réaction, aucune réplique substantielle de la part de Martelly qui correspond à l'ampleur et à l'importance de l'enjeu du moment, la confirmation et la consécration de sa légitimité politique à bref délai. Comprend-il qu'une défaite aux prochaines élections, confirmera que son catapultage au pouvoir soit irréfutablement une imposture et réciproquement consacrera la légitimité politique de ses adversaires ? Comprend-il qu'une défaite aux prochaines élections ne le renversera pas du pouvoir, certes. Cependant, détruira automatiquement sa capacité de gouverner pour la durée de son mandat ? Il y a péril en la demeure ! Did Martelly and his entourage bite more than they can chew?

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