dimanche 24 juillet 2011

Bill Clinton a-t-il changé la donne ?

Haïti: Après plusieurs jours de durcissement de ton, le groupe des 16 sénateurs est, selon toute vraisemblance, parvenu à un accord avec le président Michel Martelly pour l'installation d'un gouvernement à la fin de la semaine prochaine. Ni Michel Martelly ni Joseph Lambert, les deux hommes d'Etat qui ont pris la parole à l'issue des pourparlers qui ont duré plusieurs heures au Karibe Convention Center, n'ont fait référence au Premier ministre désigné, Bernard Gousse, qui a déposé ses pièces au Sénat jeudi.

Le silence observé sur la personne de Gousse comme Premier ministre ne peut en aucun cas nuire à la poursuite des négociations. Si effectivement un nouveau gouvernement sera investi dans ses fonctions à la fin de la semaine prochaine, il n'y a pas de doute sur le triomphe de Gousse. La commission spéciale chargée d'analyser ses pièces commence déjà les investigations nécessaires sur le dossier. S'il peut s'agir d'un nouveau Premier ministre qui doit être désigné, nécessairement, il faudrait le retrait de Gousse dès maintenant. Dans le cas contraire, Gousse conserve toute sa chance.

L'impatience de la plupart des diplomates étrangers accrédités à Port-au-Prince sur l'absence d'un Premier ministre légitime pour faire fonctionner la machine gouvernementale, la déclaration de l'ambassadeur américain Kenneth Merten sur l'absence d'une quelconque aversion américaine contre Gousse pourraient être les éléments moteurs du revirement des 16 sénateurs du Groupe des parlementaires pour le Renouveau (GPR) et alliés, dans le cadre de la ratification du choix du Premier ministre désigné. Dans les couloirs du Parlement, certains députés ne sous-estiment pas la présence de l'ancien président Bill Clinton, actuel coprésident de la Commission intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH), dans la nouvelle donne des rapports entre le parti majoritaire au Parlement et le nouveau pouvoir.

Le succès des négociations va permettre au chef de l'Etat de mieux comprendre la complexité des rapports entre l'exécutif et le Parlement. Le poids d'un parti majoritaire en face d'un président légitime sera mieux cerné par le président Michel Martelly. Sans aucun doute, la bande à Lambert va bénéficier d'une présence remarquable au sein de la nouvelle équipe gouvernementale. Dans tous les pays à régime d'assemblée, la cohabitation entre un gouvernement proche du chef de l'Etat et une majorité parlementaire est inévitable. Quatre, cinq ou six ministres du GPR au sein du nouveau gouvernement ne doivent constituer aucun handicap pour l'équipe de Martelly, en attendant l'organisation des élections pour le renouvellement du tiers du Sénat afin de pouvoir dégager une nouvelle majorité au sein de cette assemblée législative.

Martelly a-t-il bien appris les leçons de la réalité politique et institutionnelle du pays, marquée par des intérêts politiques divergents et qui constituent la pièce maîtresse de notre culture politique ?

Lemoine Bonneau
bonneau@lenouvelliste.com

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