jeudi 28 avril 2011

L'Armée est incontournable. Par Jean Erich René

Jean Erich René








A l'heure actuelle, l'État haïtien n'arrive pas à répondre aux demandes de service de sa population dans le domaine de la justice. Des crimes crapuleux commis en plein jour n'ont jamais été élucidés. L'enquête se poursuit avant d'être oubliée définitivement dans un tiroir. Les assassins opèrent à visière levée, en toute impunité. Ils sont prêts à tout casser, à tout brûler, à tout bousiller sans aucune crainte. Ce spectacle digne de King Kong peut inspirer n'importe quel film d'horreur. De leur naissance jusqu'à leur mort certains citoyens haïtiens vivent dans l'ignorance et le mépris des lois de la République et des principes fondamentaux des libertés citoyennes et de la morale. Aussi entend-on souvent parler de san manman, atoufè, borôme, Louis Jean Beaugé, déchouqueur, chimère etc...Ces vilaines expressions servent à désigner des énergumènes sans foi ni loi, tolérés qui ne font que régner par la terreur. Hier, les victimes s'appelaient Antoine Izmery, Jean Marie Vincent, Mireille Durocher Bertin, Max Mayard, Jean Lamy, Jean Dominique etc. ... Aujourd'hui le peuple est la plus grande victime. Qui l'eût dit! Qui l'eût cru! En dépit de toutes les convocations et de toutes les arrestations, il n'y a eu aucune poursuite judiciaire. Qu'a-t-on fait des dossiers criminels?

Autrefois, l'Armée d'Haïti constituait un rempart contre l'audace des bandits et contrariait leur prolifération. La police exécutait sans faille les mandats d'arrêt de la justice. Personne, non personne n'osait faire le gros dos en face du plus chétif soldat de l'Armée d'Haïti. Dans nos communautés rurales, le chef de section en dépit de l'immensité de sa juridiction maintenait l'ordre coûte que coûte. En 1995, à la faveur du retour à l'ordre démocratique dit-on, l'Armée a été démantelée. Pourquoi? Elle a été accusée d'être un repère d'assassins. Mais les assassinats ont-ils cessé ou augmenté depuis la dissolution de l'Armée d'Haïti?


L'Armée a été dissoute à cause de son caractère répressif, prétendait-on. Les jours passent, les masques d'hier tombent et permettent aujourd'hui, à tout le monde, de découvrir le visage de la vérité. Avec le temps on aura appris que les cadavres qui jonchaient les rues de Port-au-Prince étaient tirés de la morgue de l'hôpital général afin d'alerter l'opinion internationale contre l'Armée d'Haiti. Les voyages clandestins étaient encouragés par certains politiciens qui finançaient la construction des voiliers pour mettre en relief l'état d'anarchie qui régnait sous les bottes des soldats. Autant de stratégies macabres conçues pour ternir la réputation de l'Armée d'Haïti. Une logique de taboularasa se dégage de la mentalité de nos politiciens. Ils veulent tout détruire, rien que pour leur vengeance personnelle.

En aucun cas, on ne saurait réduire l'Armée ni l'associer à une Force iInternationale comme la MINUSTAH qui n'appartient pas à notre faune. Quel sophisme! L'Armée d'Haïti est constitutionnelle et par conséquent permanente. Elle évolue sur son propre territoire et ne peut jouer un rôle de second plan. La Constitution haïtienne ne reconnaît à personne le droit de dissoudre l'Armée. Selon l'article 263 de la Constitution: "La force publique se compose de deux corps distincts: les Forces Armées d'Haiti et les Forces de Police." L'article 267.3 deuxième alinéa stipule: "Le militaire ne peut être l'objet d'aucune révocation, mise en disponibilité, à la réforme, mise à la retraite anticipée qu'avec son consentement." Il est un fait certain comme la méthode de dactylographie de maître Jourdain que la dissolution de l'Armée d'Haïti est illégale. Son absence a créé un vide qu'on n'arrive pas à combler jusqu'à présent. Il faut avoir le courage de le reconnaître. Napoléon avait raison quand il disait: "L'Armée est le premier môle quand elle s'en va, tout le reste s'en va". On ne vit plus dans un état de droit en Haïti.

Depuis le démantèlement de l'Armée d'Haïti les diplomates du béton sèment la terreur. Le dilatoire procédural, la corruption et le mépris des lois s'affichent en lettres majuscules. Les malandrins ne respectent personne. Tout moun pran: la presse, le Clergé, le corps diplomatique, le monde médical, la police etc. sont tous frappés. Même les juges sont menacés. Le Nonce apostolique a dénoncé la violence en ces termes: "Haiti n'a pas besoin de ceux qui utilisent l'arme de la violence, non plus de ceux qui veulent tout conserver pour eux-mêmes". Dans aucun pays du monde on n'a jamais vu un tel spectacle, a déclaré l'Ambassadeur du Canada en Haïti. Citons un cas révoltant:Cela fait 40 ans que Jean Dominique milite activement dans la radio-diffusion. Il a connu certes la prison et l'exil mais il n'a jamais reçu une seule égratignure. Pwason fè dlo konfyans men se dlo ki bouyil. On cherche partout les assassins de Jean Dominique mais on ne regarde pas dans la bonne direction. Certains obstacles étaient dressés dans le champs de vision du juge Gassant qui finalement a dû démissionner et partir pour l'exil. Des tirs sporadiques sont entendus actuellement dans tous les coins de rue de Port-au-Prince. Le pays est miné à ce point ! On se rend vraiment compte que l'Armée d'Haiti n'est pas active. Elle n'aurait jamais permis une telle hardiesse. Les chimères munis d'armes lourdes sont plus puissants maintenant que les Forces de Police!

L'Armée d'Haiti comme toutes les armées du monde d'ailleurs souffre de certains problèmes. Mais on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau de son bain. C'est pire qu'avant! L'insécurité en Haiti va de mal en pis. On assiste à une véritable escalade de la violence. Il nous faut de toute urgence le concours d'une Force de Défense Nationale ou FDN pour arrêter les complots et mettre un frein à la fureur des flots. Son rôle c'est de sécuriser la population. Comme l'a si bien laissé entendre Condoleeza Rice: "La fermeté est le meilleur moyen pour lutter contre les anarchistes." L'Armée est incontournable.

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