jeudi 28 avril 2011

HAÏTI (FR/ENG/ESP) : Menaces sur la liberté de la presse dans un contexte postélectoral tendu : “le président élu Michel Martelly doit d’urgence calmer le jeu avant l’investiture”

Français/English/Español
Reporters sans frontières
Communiqué de presse
28 avril 2011





Haïti



Menaces sur la liberté de la presse dans un contexte postélectoral tendu : "le président élu Michel Martelly doit d'urgence calmer le jeu avant l'investiture"



Quatre journalistes sont cités à comparaître en tant que témoin, ce 28 avril 2011, dans l'affaire de diffamation opposant le directeur général de la Télévision nationale d'Haïti (TNH), Pradel Henriquez à deux des cinq journalistes récemment congédiés par ce dernier dans des conditions et pour des motifs controversés (http://fr.rsf.org/haiti-trois-journalistes-revoques-de-la-11-04-2011,40006.html).



"Faute d'obtempérer à la présente citation [en qualité de témoin – ndlr], il sera fait contre eux ce que de droit", est-il écrit dans la convocation adressée à Valery Numa et Maxime Hilaire, de Radio Vision 2000, ainsi qu'à Jean Monard Metellus et Marc Joël, de Radio Caraïbes FM. La convocation a été rendue publique le 16 avril dernier par l'avocat de Pradel Henriquez. Les quatre journalistes concernés avaient recueilli les réactions des employés licenciés. Parallèlement, une commission spéciale de trois personnes instituée le 15 avril par le ministère de la Culture et de la Communication était censée statuer dans un délai de quinze jours, à compter du 18 avril, sur le sort des cinq journalistes révoqués de la TNH : Jacques Innocent, Guemsly Saint-Preux, Stéphane Cadet, Josias Pierre et l'ancien rédacteur en chef Eddy Jackson Alexis. Ces deux derniers sont poursuivis par Pradel Henriquez pour "diffamation".



La direction de la TNH reproche à ces journalistes d'avoir privilégié leurs préférences politiques sur leur devoir professionnel. Ceux-ci ont dénoncé, à l'inverse, de graves déséquilibres éditoriaux – voire de la propagande - lors de la campagne du second tour de la présidentielle, à l'avantage de Michel Martelly, vainqueur de l'ancienne première dame Mirlande Manigat. La mise à pied des journalistes est d'ailleurs intervenue après une visite de courtoisie à la TNH de Michel Martelly.



"L'équilibre du temps de parole en période de campagne électorale est un principe démocratique crucial, a fortiori au sein d'un média public national. La direction de la TNH doit s'expliquer sur son attitude et réintégrer des journalistes qui n'ont fait que soulever une question d'intérêt public. Le ton de la convocation adressée aux quatre professionnels de radio en dit également long sur le climat détestable provoqué par ces licenciements, très politiques. Les quatre journalistes entendus comme témoins n'ont fait que leur travail en donnant écho à l'affaire. Ils n'ont pas en s'en justifier devant l'autorité judiciaire. Utiliser des journalistes comme témoins pour faire condamner leurs collègues dans un procès en diffamation porte en soi très gravement atteinte à l'unité de la profession", a déclaré Reporters sans frontières.



"Nous espérons que la commission du ministère de la Culture et de la Communication rendra en temps voulu – il lui en reste très peu – les recommandations adéquates sur ce dossier même si elle ne peut se substituer à la justice. Il importe surtout, dans une situation postélectorale très tendue et à la veille de l'investiture du 14 mai, que le futur président prenne la parole. Très largement élu, Michel Martelly doit d'autant plus se poser en garant, du pluralisme, des libertés publiques et des principes constitutionnels fondamentaux. Une réaction d'apaisement de sa part face à l'affaire en cours pacifierait les esprits et faciliterait même son entrée en fonction", a ajouté l'organisation.



Radio détruite


Cette démarche s'impose d'urgence alors que la proclamation des résultats électoraux a déclenché une nouvelle vague de violences, que certains médias et journalistes ont subie comme au premier tour de la présidentielle (http://fr.rsf.org/haiti-la-presse-relativement-epargnee-10-12-2010,39006.html). A ce titre, Reporters sans frontières condamne l'incendie qui a réduit au silence la station communautaire Radio Tèt Ansanm, dans la nuit du 20 au 21 avril à Carice (Nord-Est). Cet acte est attribué aux partisans de l'ancien député de la plateforme Inite Jean Berthold Bastien, battu aux législatives par la candidate Fanèse Laguerre. Il appelle une enquête et des sanctions dans les meilleurs délais. Reporters sans frontières attend une évaluation détaillée des pertes subies par le média, dans la perspective de sa reconstruction.

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Haiti



President-elect urged to help defuse tension, threats to media freedom



Four journalists have been summoned to give evidence today in the criminal defamation action that Pradel Henriquez, the director-general of state-owned Télévision Nationale d'Haïti (TNH), brought against two of the five journalists he recently fired on questionable grounds (http://en.rsf.org/haiti-state-tv-chief-fires-three-12-04-2011,40011.html).



The four journalists – Valery Numa and Maxime Hilaire of Radio Vision 2000 and Jean Monard Metellus and Marc Joël of Radio Caraïbes FM – interviewed the TNH journalists about their dismissal. The summons, which threatens them with unspecified sanctions if they fail to appear, was announced by Henriquez's lawyer on 16 April.



A three-member special commission that was appointed by the culture and communication ministry on 15 April meanwhile has until 2 May to decide the fate of the five journalists who were fired – Jacques Innocent, Guemsly Saint-Preux, Stéphane Cadet, Josias Pierre and former editor in chief Eddy Jackson Alexis. Only the last two are being sued by Henriquez.



The TNH management accused the five journalists of putting their political preferences before their professional duties, while the journalists accused TNH of biased coverage or even outright propaganda in favour of candidate Michel Martelly during the second round of the presidential election, in which Martelly beat former first lady Mirlande Manigat. They were fired shortly after a courtesy visit to TNH by the president-elect.



"Equal air-time during an election campaign is a key democratic principle, especially for a national public broadcaster," Reporters Without Borders said. "The TNH management must explain its actions and reinstate those journalists who just raised a matter of public interest. The tone of the summonses issued to the four radio reporters says a lot about the appalling climate cause by these very political dismissals.



"The journalists who have been summoned as witnesses were just doing their job when they covered this story. They do not have to justify what they did before any court. Using journalists as witnesses in an attempt to convict colleagues in a defamation case constitutes a serious attack on the profession's unity.



"We hope that the ministry's commission meets its deadline – it has just a few days left – and makes appropriate recommendations in this matter even if it cannot usurp the role of the courts. There is a great deal of post-electoral tension and the president-elect needs to speak out before his inauguration on 14 May. The victor by a broad margin, Michel Martelly must promise to guarantee pluralism, civil liberties and basic constitutional principles. By helping to defuse this case, he could calm things down and ease the transfer of power."



Torched radio station


An initiative of this kind by the president-elect is all the more urgent as the announcement of the results of the legislative elections has triggered a new wave of violence in which some media and journalists are being targeted, as they were after the first round of the presidential election (http://en.rsf.org/haiti-media-get-off-relatively-lightly-10-12-2010,39008.html).



Reporters Without Borders condemns an arson attack on Radio Tèt Ansanm, a community radio station in the town of Carice (in the department of Nord-Est), on 21 April. The attack is being blamed on supporters of former INITE parliamentarian Jean Berthold Bastien, who was beaten by rival candidate Fanèse Laguerre. An investigation must be carried out at once and those responsible must be punished,



The press freedom organization is awaiting a detailed evaluation of the damage to the radio station with a view to helping to rebuild and reequip it.

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Haití



Amenazas sobre la libertad de prensa en un tenso contexto poselectoral: "es urgente que el presidente electo, Michel Martelly, calme la situación antes de su investidura"



Cuatro periodistas fueron convocados para comparecer como testigos, este 28 de abril de 2011, por la demanda por difamación interpuesta por el director general de la Televisión Nacional de Haití (TNH), Pradel Henriquez, contra dos de los cinco periodistas que éste suspendió recientemente en condiciones y por motivos controversiales (http://es.rsf.org/haiti-tres-periodistas-de-la-television-12-04-2011,40007.html).



"En caso de no obedecer el presente citatorio [en calidad de testigo – N. de la R.], quedan expuestos penalmente conforme a derecho", menciona la convocación enviada a Valery Numa y Maxime Hilaire, de Radio Vision 2000, así como a Jean Monard Metellus y Marc Joël, de Radio Caraïbes FM. El abogado de Pradel Henriquez hizo pública la convocación el 16 de abril pasado. Los cuatro periodistas concernidos habían recabado las reacciones de los empleados suspendidos. En paralelo, una comisión especial conformada por tres personas, instituida el 15 de abril por el Ministerio de la Cultura y de la Comunicación, deberá dictaminar en un plazo de quince días, efectivos a partir del 18 de abril, sobre la suerte de los cinco periodistas de la TNH suspendidos: Jacques Innocent, Guemsly Saint-Preux, Stéphane Cadet, Josias Pierre y el ex jefe de redacción, Eddy Jackson Alexis. Pradel Henriquez demandó a estos dos últimos por "difamación".



La dirección de la TNH reprocha a estos periodistas haber antepuesto su tendencia política a su deber profesional. En contraparte, los periodistas denunciaron graves desequilibrios editoriales –incluso de propaganda– durante la campaña de la segunda vuelta de las elecciones presidenciales, a favor de Michel Martelly, quien venció a la ex primera dama, Mirlande Manigat. La suspensión de los periodistas ocurrió tras una visita de cortesía de Michel Martelly a la TNH.



"El equilibrio del tiempo concedido al discurso de los candidatos en periodo de campaña electoral es un principio democrático crucial, con mayor razón en un medio de comunicación público nacional. La dirección de la TNH debe dar explicaciones por su actitud y reincorporar a los periodistas, quienes no hicieron sino plantear una cuestión de interés público. El tono de la convocación dirigida a los cuatro profesionales de la radio dice mucho sobre el detestable clima provocado por estas suspensiones, de tinte político. Los cuatro periodistas considerados testigos sólo hicieron su trabajo dando eco al caso. No tienen por qué justificarse por ello ante la autoridad judicial. Utilizar a los periodistas como testigos para que se condene a sus colegas en un proceso de difamación constituye en sí un ataque muy grave a la unidad de la profesión", declaró Reporteros sin Fronteras.



"Esperamos que la comisión del Ministerio de la Cultura y de la Comunicación rinda a su debido tiempo –le queda muy poco– recomendaciones adecuadas sobre este expediente, incluso si no puede remplazar a la justicia. Es importante, sobre todo, en una situación poselectoral muy tensa y en vísperas de su investidura, el 14 de mayo, que el futuro presidente tome la palabra. Elegido con un gran margen, Michel Martelly debe garantizar el pluralismo, las libertades públicas y los principios constitucionales fundamentales. Frente a este caso, un llamado a la calma de su parte, tranquilizaría los ánimos y facilitaría incluso su entrada en funciones", agregó la organización.



Radio destruida


Esta labor se impone con urgencia, puesto que la proclamación de los resultados electorales desencadenó una nueva ola de violencia, padecida por algunos medios de comunicación y periodistas, como en la primera vuelta de las elecciones presidenciales (http://es.rsf.org/haiti-la-prensa-relativamente-afectada-10-12-2010,39010.html). En ese sentido, Reporteros sin Fronteras condena el incendio que redujo al silencio a la radio comunitaria Radio Tèt Ansanm, la noche del 20 al 21 de abril en Carice (noreste). Este acto es atribuido a los partidarios del ex diputado Inite Jean Berthold Bastien, vencido en las elecciones legislativas por la candidata Fanèse Laguerre. Este hecho debe ser investigado y deben imponerse sanciones en el menor plazo posible. Reporteros sin Fronteras espera una evaluación detallada de las pérdidas que sufrió el medio de comunicación, con vistas a su reconstrucción.



Benoît Hervieu
Despacho Américas / Americas desk
Reporters sans frontières
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