lundi 19 juillet 2010

Sida : vers l'éradication du virus en 2050 ?

Mots clés : sida, dépistage

Par Martine Perez
19/07/2010 | Mise à jour : 09:48
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Un enfant montre des préservatifs qu'il a décrochés d'une bannière durant une campagne de prévention de la Croix-Rouge, à Bucarest (Roumanie) en 2008.
Un enfant montre des préservatifs qu'il a décrochés d'une bannière durant une campagne de prévention de la Croix-Rouge, à Bucarest (Roumanie) en 2008. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Les trithérapies soignent les malades, mais réduisent aussi la contagiosité. D'où l'idée de traiter pour prévenir.

Si toutes les personnes infectées par le virus du sida étaient dépistées et recevaient des médicaments antiviraux, l'épidémie pourrait sans doute disparaître dans quelques décennies. En effet, si les médicaments actuels ne permettent pas de détruire le virus, ils réduisent massivement, pour le patient traité, le risque de transmettre à son tour le virus à un tiers, par voie sexuelle ou par injection.


Test and treat («dépister et traiter»). Telle est désormais la philosophie qui anime les grands organismes de lutte contre le sida et notamment Onusida, qui s'assigne comme objectif à la fois de soigner les malades et d'empêcher de nouvelles contaminations. Alors que la 18e Conférence internationale sur le sida s'est ouverte dimanche à Vienne avec plus de 20 000 participants (chercheurs, médecins, associations), de plus en plus d'experts plaident pour une telle stratégie. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) en vient même à imaginer à l'horizon 2050 l'éradication de ce virus responsable de la mort de 25 millions de personnes depuis le début de la pandémie, en 1982.


«Cette stratégie s'appuie sur le fait que lorsque l'on diminue la charge virale des malades par le traitement le risque de transmission paraît plus faible, explicite le Pr Jean-François Delfraissy (directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida, Paris). «On considère que garantir un accès au traitement à tous ceux qui en ont besoin pourrait permettre de réduire jusqu'à un tiers les nouvelles contaminations chaque année», affirmait le dernier rapport d'Onusida, rendu public il y a quelques jours.


Jusqu'à présent, ce sont essentiellement des modèles, associés à des études d'observations, qui permettent d'envisager grâce à une telle démarche une possible éradication du virus du sida. Dimanche, à l'occasion de la Conférence mondiale sur le sida, la revue britannique The Lancet a publié les résultats d'une étude canadienne qui corrobore au moins partiellement ces hypothèses. Ce travail démontre que le seul traitement des séropositifs permet de diviser par deux le nombre de nouveaux cas d'infection par le VIH.

Autres études en cours 

L'équipe du Pr Julio Montaner (directeur du Centre de lutte contre le sida à Vancouver et président de l'International Aids Society, qui organise la Conférence internationale de Vienne) s'est concentrée sur la province canadienne de Colombie-Britannique, où tous les malades infectés par le virus bénéficient depuis 1996 d'un accès gratuit aux soins. Elle a ainsi pu observer qu'entre 1996 (date du début des trithérapies) et 2009 le nombre de personnes traitées est passé dans cette région de 837 à 5 413. Dans le même temps, au cours de ces treize années, le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité par an est passé de 702 à 338, soit une baisse de 52 %. «Pour cent personnes de plus sous trithérapie, le nombre de nouveaux cas baisse de 3 %», résument les auteurs.


En revanche, les taux d'infections sexuellement transmissibles ont augmenté pendant la durée de l'étude, ce qui démontre que ses résultats ne sont pas dus à une baisse des conduites sexuelles à risque, mais bien à l'effet préventif des traitements. La réduction du nombre de nouvelles infections a été perceptible pour tous les modes de contamination et particulièrement pour les consommateurs de drogues injectables. «Nos résultats confirment le second bénéfice des traitements, qui est de réduire la transmission du VIH. Ils incitent à réexaminer la dichotomie établie entre prévention et traitement du VIH», concluent les auteurs. Plusieurs autres études sont en cours pour mieux évaluer l'impact du traitement sur la prévention. «Il y a encore beaucoup d'interrogations, précise le Pr Delfraissy. D'abord, il faut travailler sur l'acceptation du dépistage et l'adhésion aux traitements. Il faudra aussi surveiller les éventuelles résistances du virus aux traitements. Enfin, la question du coût d'un traitement pour tous ne peut être occultée. Actuellement, sur 33 millions de personnes infectées dans le monde, seulement 12 millions sont dépistées et 5 millions traitées.»


En attendant une éventuelle éradication du virus dans les quarante années à venir, les campagnes de prévention du sida par le préservatif continuent partout dans le monde. Les experts attendent avec impatience les résultats d'une étude présentée demain mardi évaluant l'effet d'un gel vaginal contenant un antiviral pour prévenir la contamination pour les femmes.


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