mardi 9 février 2010

MOUVEMENT DU 9 FEVRIER : HAITI NE PEUT PAS MOURIR – AYITI PAP MOURI


9 février 2010

Figure 1: Paul Gustave Magloire
Le 12 janvier 2010 est une date que le peuple haïtien ne pourra jamais oublier. Elle va toujours nous rappeler le jour d’une grande douleur pour notre nation, mais elle devra aussi être considérée comme le premier jour de la Renaissance Haïtienne. Car, Haïti va renaître des décombres créés par le séisme le plus meurtrier de son histoire.

En effet, dans l’espace de 36 secondes, ce puissant tremblement de terre qui a secoué le pays a entrainé la mort d’environ 250,000 personnes, fait plus de 500,000 blessés et créé 1,5 million de sans logis, dans un pays où 72% de la population vivait déjà dans une misère cruelle. En plus, la majorité des édifices publics de la capitale sont détruits et les faubourgs environnants sont en ruine, ainsi que les villes de Léogane, de Grand-Goâve, de Petit-Goâve et de Jacmel. Tant de mères, de pères, de parents ont pleuré un être cher qui a disparu que le monde entier a entendu nos cris de douleurs. Et le monde entier est aussi prêt à accompagner le peuple haïtien dans un vaste effort pour l’aider à reconstruire son pays. Mais, le premier obstacle que nous avons à la réalisation de ce grand projet est la présence d’un gouvernement irresponsable, sans vision et corrompu à la tête de l’État haïtien. Si un tel gouvernement reste au pouvoir, c’est une condamnation à mort pour le peuple. Ainsi, nous demandons à ce gouvernement de quitter le pouvoir afin que vive le pays, car HAITI NE DOIT PAS MOURIR !

Le gouvernement haïtien a donné les preuves de son irresponsabilité au moment de ce désastre qui a frappé le peuple haïtien profondément.

En effet :

1- Depuis environ trois ans, d’éminents chercheurs, haïtiens et étrangers, disaient avoir noté les signes annonçant que la capitale du pays, Port-au-Prince, courait le risque d’être frappée d’un puissant tremblement de terre. C’est à ce moment pourtant que le gouvernement avait choisi de bloquer les programmes qui visaient à déconcentrer la capitale et à décentraliser le pays. Ces programmes n’auraient pas pu empêcher le séisme d’avoir lieu, mais ils auraient pu épargner des milliers de vies humaines.

2- Dans les premiers jours qui ont suivi le séisme, le gouvernement n’était visible nulle part, d’où l’impression que les principaux représentants des autorités de la république avaient tous disparu sous les décombres des édifices publics. Quand ils sont remontés à la surface, c’était pour se plaindre de leur propre problème. Même le Président de la République, René Préval, lors de sa première déclaration, se plaignait d’avoir perdu « son palais » et sa maison et n’avait pas saisis l’opportunité, de préférence, pour lancer un mot d’encouragement et de solidarité avec le peuple qu’il avait abandonné à son sort.

3- Les pays qui sont généreusement venus au secours du peuple haïtien ont été très critiqués par le chef du gouvernement et le Président en personne, au lieu d’être remerciés pour leur effort et leur dévouement. Le gouvernement n’a même pas montré qu’il avait la capacité de coordonner le secours massif qui arrivait dans le pays, en identifiant les points où ces secours devraient être délivrés aux victimes.

4- Les autorités n’avaient même pas fait un petit effort pour enregistrer les cadavres qui avaient été ramassés dans les rues et sous les décombres. Ils ont été jetés, sans façon, dans des fosses communes, au mépris de toute dignité humaine. Pourtant, des mesures simples auraient pu créer un registre des disparus. Ainsi, avant de les emporter vers la fosse, une photo aurait pu être prise de chaque cadavre à l’aide d’une petite camera digitale qui peut retenir des milliers de photos dans un microfilm. Le traitement donné aux cadavres de ces victimes, lors de ce douloureux événement, montre le très peu de considération que ce gouvernement a pour le peuple haïtien.

Le gouvernement après 18 jours n’avait pas une vision claire de la façon de sortir le pays de la crise créée par le cataclysme et permettre aux millions de personnes qui ont été affectées de reprendre une vie normale.

5- Le gouvernement n’avait pas déclaré un état d’urgence tout de suite après le cataclysme, pour faciliter la distribution des secours aux victimes. Maintenant, il ne tient pas la population informée de la façon dont il compte s’assurer que les centaines de milliers de personnes qui dorment à la belle étoile vont recevoir un abri décent pour se protéger pendant la saison pluvieuse qui arrive. Rien n’est dit, non plus, sur les soins post-crise et les supports qui seront apportés au peuple traumatisé, blessé dans son amour propre et qui est obligé de dépendre de l’assistance pour vivre. Des centaines de milliers de personnes qui s’étaient déplacés pour aller s’abriter dans les provinces reviennent déjà à la capitale, car le gouvernement n’avait pas pris des mesures appropriées pour renforcer les villes qui accueillaient ces nouveaux venus, même avec un plan minimum de leur trouver un logis adéquat et un travail temporaire.

6- Le gouvernement ne dit pas non plus à la population dans quel cadre la reconstruction du pays sera entreprise, tel que le cadre physique, le cadre économique et le cadre sociopolitique. Le président Préval et ses membres du gouvernement se contentent de répéter les termes de déconcentration et de décentralisation auxquelles ils ne croient pas et qu’ils ont toujours combattus.

L’image de corruption projetée par le gouvernement jette des doutes sur la capacité du gouvernement d’être un interlocuteur valable pour ceux qui veulent offrir de l’aide pour reconstruire le pays, et aussi sur la possibilité pour ce gouvernement de gérer avec intégrité l’aide qui lui sera confiée.

7- Car, le gouvernement est connu pour être l’un des plus corrompus du monde. Le président Préval n’engage que des copains dans son gouvernement avec qui il peut voler et piller sans aucune retenue et sans aucune honte. Les fonds de l’État qui sont placés dans les banques étrangères et qui servent à acheter des villas à l’étranger, auraient pu servir à construire les hôpitaux et les écoles dont le peuple haïtien à tant besoin.

8- La presse internationale fait état des fonds de l’État qui ont disparu et que ceux qui nous gouvernent n’ont eu aucune décence pour même s’excuser devant le peuple, mais se contentent de s’accuser l’un l’autre, comme quoi le peuple pourrait leur trouver des circonstances atténuantes. La corruption de ceux qui nous gouvernent est la plus grande honte de la nation haïtienne aujourd’hui.

9- Les membres de la communauté internationale sont obligés de constater que s’ils doivent aider à la reconstruction du pays, ils ont deux choix :

a) La première serait de travailler avec un gouvernement qui a le sens de sa responsabilité dans cette période de crise en Haïti, qui a une vision claire de l’avenir du pays et le sens des résultats à obtenir afin d’améliorer les conditions de vie du peuple haïtien, surtout des plus faibles qui sont dans le besoin. Ce gouvernement doit aussi être formé de leaders qui ont le sens du bien public et le respect des fonds qui seront alloués à Haïti.

b) Dans le cas contraire, la communauté internationale se prépare à intervenir sur le terrain sans la participation du gouvernement haïtien, jugé trop corrompu, inefficient et irresponsable. Alors, dans de tel cas, tout l’effort de reconstruction sera placé entre les mains des émissaires nommés par les organisations internationales.

Les autorités haïtiennes, à la vérité, n’ont pas encore formulé jusqu'à présent, comment elles envisagent de remettre le peuple au travail dans la reconstruction du pays, afin que le peuple ne soit pas réduit à vivre dans l’assistance à tous les niveaux, pour un très long temps. Déjà, le gouvernement a raté l’opportunité de lancer immédiatement un programme de plantation d’arbres, d’éducation de base, de création d’emplois et de support pour les gens qui avaient quitté spontanément la capitale pour aller chercher refuge dans les provinces. Ce gouvernement, s’il était responsable aurait pu demander à la communauté internationale une aide urgente pour le financement de ces programmes qui auraient encouragé les gens déplacés à rester dans les provinces et entamer ainsi la décentralisation du pays sans aucun délai.

Compte tenu de l’incapacité du gouvernement en place à prendre la situation en main afin de rétablir la confiance dans la population, les observateurs étrangers veulent arriver à la conclusion que le pays ne peut plus se gouverner lui-même. Alors, le risque de mettre le pays sous occupation étrangère devient de plus en plus évident. Ainsi, le peuple haïtien, dans les 10 départements géographiques du pays et dans la diaspora, ne peut plus continuer à accepter les manquements du gouvernement sans réagir. Si nous acceptons n’importe quoi, nous avons donné le droit à ce qu’on nous traite aussi n’importe comment. La souveraineté du pays est en danger. Donc, le gouvernement doit partir, car Haïti ne doit pas mourir en tant que nation indépendante.

Ainsi nous les membres du MOUVEMENT DU 9 FEVRIER, demandons la démission du gouvernement Préval/Bellerive dans le plus bref délai et la prise en charge du pays par un gouvernement compétent et responsable, capable d’intervenir efficacement dans les domaines qui affligent la nation et qui soit formé d’hommes et de femmes sur qui ne plane aucune suspicion de corruption. Nous exigeons que ce changement soit adopté au plus vite avant qu’il soit trop tard. Sinon, le peuple haïtien va se mobiliser partout dans le pays pour exiger le respect de cette revendication.

Ainsi, nous demandons, aussi, aux partis politiques, organisations politiques, civiques et religieuses, professionnelles et syndicales, aux leaders et personnalités de tous les secteurs du pays et de la diaspora, aux élus des deux chambres législatives, des mairies et des sections communales qui veulent adhérer au MOUVEMENT DU 9 FEVRIER de nous envoyer une note de support à l’adresse suivante :

Nous vous saluons en la patrie commune, Haïti pour toujours !

Pour le MOUVEMENT DU 9 FEVRIER
PAUL GUSTAVE MAGLOIRE
Ancien Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales d’Haïti

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