dimanche 13 septembre 2009

TOURISME CARAIBÉEN ET DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE


www.newmedia-fr.info

Publié le 09/11/2007

Les projections faites au cours de la dernière décennie au sujet de la croissance de l'industrie du tourisme se sont concrétisées. En 2003, le tourisme était le secteur commercial le plus important de l'économie mondiale, employant 200 millions de personnes.

L'ampleur du tourisme ne se limite pas à sa croissance et à son impact économique mais s'étend aussi à sa diversité. L'industrie a évolué de façon considérable au cours des décennies et ne se limite plus au tourisme de soleil, mer et sable. En effet, plusieurs autres types de tourisme sont proposés à l'heure actuelle sur le marché mondial. Ils sont aussi variés que les types d'expériences qu'exige le touriste et comprennent le tourisme de nature, le tourisme culturel, le tourisme de santé, le tourisme généalogique voire le tourisme de pèlerinage.

Le modèle de développement touristique que poursuivront les destinations sera fonction des types de tourisme offerts. En effet, il faut reconnaître que les modèles touristiques ont des impacts différents sur les populations locales. La recherche et l'expérience démontrent que certains modèles privilégient plus que d'autres une participation accrue des communautés locales marginalisées au niveau économique. La différence essentielle réside dans la structure de l'économie touristique, notamment la manière dont le produit touristique est offert et l'impact des recettes touristiques sur différents secteurs de l'économie locale. Cela détermine aussi les principaux bénéficiaires des dépenses touristiques.

Ces dernières années, deux modèles touristiques ont suscité un large intérêt dans la Grande Caraïbe, principalement en raison de leur potentiel en matière de bénéfices significatifs aux communautés locales, marginalisées sur le plan économique (qu'elles soient pauvres, autochtones, rurales ou tout cela à la fois). Ces deux modèles, l'écotourisme et le tourisme communautaire, sont apparus en réponse au désir des touristes contemporains de passer des vacances actives et de prendre part à des activités liées au patrimoine naturel, archéologique, historique ou culturel d'une destination, ainsi que du désir des communautés locales d'accueil d'être au premier plan du développement touristique.

Les modèles d'écotourisme et de tourisme communautaire sont des formes alternatives de tourisme qui cherchent à accroître les avantages du tourisme tout en en réduisant les inconvénients. A la différence du tourisme traditionnel, des formes alternatives de tourisme sont typiquement offertes par des petits et moyens opérateurs et sont celles qui ont le plus de chances d'apporter des revenus et des avantages directs aux communautés rurales et autochtones ainsi qu'aux pauvres.

La possibilité de fusionner ces deux modèles dans ce qu'on qualifie d'écotourisme communautaire représente une aubaine pour plusieurs communautés de la Grande Caraïbe. L'écotourisme communautaire est un tourisme qui reflète les objectifs de l'écotourisme, qui est communautaire et implique la population locale. Il cherche à trouver un équilibre entre le succès commercial, la préservation du patrimoine culturel et la protection de l'environnement physique.

Afin d'assurer la durabilité de l'écotourisme communautaire, la population locale doit être impliquée dans toute prise de décision concernant le développement du produit touristique, ainsi que dans la gestion continue des activités touristiques. La participation locale peut se dérouler sur deux plans. La participation directe, lorsque les communautés locales sont investisseurs, propriétaires et dirigeants d'entreprises ou indirecte, lorsque la population locale est employée et/ou fournit des biens et des services destinés à l'industrie du tourisme. Tant qu'il existera un mélange de participation directe et indirecte, la protection et la promotion des droits, du patrimoine naturel et culturel, du protocole et des valeurs des communautés locales seront assurées, grâce à des initiatives d'écotourisme communautaire.

Il existe déjà de nombreux exemples positifs d'écotourisme communautaire. Parmi ces derniers, les communautés Maroon dans le Misty Blue et John Crow Mountains de Jamaïque ; les communautés Maya de Punta Allen et Xcalak à Quintana Roo, au Mexique ; la région de Toledo dans le sud du Belize et les communautés amérindiennes à Galibi, dans le nord-est du Surinam. Ces communautés partagent une expérience commune de l'utilisation de l'écotourisme en tant que stratégie de développement communautaire ; une stratégie qui répond non seulement au désir d'aventure et de confort des touristes, mais aussi aux besoins économiques essentiels de la communauté elle-même. Le modèle d'écotourisme communautaire, à condition d'être mis en œuvre et géré soigneusement, présente une occasion précieuse pour la responsabilisation communautaire et la réduction de la pauvreté. Les communautés en proie à la pauvreté et à la marginalisation économique devraient envisager sérieusement l'écotourisme communautaire en tant qu'option viable vers le développement communautaire durable.

Par Jasmin Garraway, directrice du tourisme durable de l'Association des Etats de la Caraïbe.

COMMENTAIRE ANONYME

Cette " participation accrue des communautés locales marginalisées au niveau économique." dont vous parlez pourra dificilement se sibstituer au bon vieux tourisme connu sous les initiales S.S.S (pour Sea,Sun, Sand), ou encore..(Sea, Sun, Sex!) selon la bonne vielle formule Yankee en vogue dans les années 80.

Cette forme de tourisme dont il est fait allusion dans ce très intéressant article, s'apparente dans l'esprit à la même démarche que celle prévalant pour le commerce équitable dont on perçoit-hélas!- les limites...

Les touristes prêts a se préter à ce genre d'expérience sont du reste les mêmes gens adhérants selon leurs moyens financiers au commerce équitable. Dans la Société actuelle cette catégorie d'individus est pour le moins qu'on puisse dire marginale. Pour que vos propositions -qui posent le principe du déséquilibre entre les économies développées , et celles pauvres- soient crédibles et recevables, c'est une refonte complete du système marchand, qu'il faudrait envisager

------------------------------------------------------------------------------------
La charte du tourisme équitable

Le voyage est un moyen privilégié de lien et de compréhension entre les peuples. Il doit permettre l'épanouissement du voyageur et de l'accueillant sur les plans personnels, culturels et économiques. Ses ressources doivent profiter équitablement aux populations d'accueil et contribuer au développement durable de leur territoire d'accueil.

Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire (ATES)
http://www.tourismesolidaire.org/
Croq'Nature est membre de la Plate-forme pour le commerce équitable:
www.commercequitable.org

Artisans du monde:
www.artisansdumonde.org

Les principes du tourisme équitable

Par le développement des voyages de masse et la promotion de produits « packages » vendus tout compris, le voyageur est très souvent devenu un touriste :consommateur. Cette « marchandisation » des voyages a généré de nombreux effets négatifs. C'est ainsi notamment qu'un petit nombre de tours opérateurs occidentaux très puissants imposent maintenant leurs règles, leurs prix, et souvent leurs standards marketing aux pays d'accueil et aux prestataires de services locaux, tout comme à leurs clients.

D'une opportunité d'établir des relations directes entre les hommes et les femmes de cultures différentes pouvant contribuer à la construction d'un monde plus solidaire, et celle de permettre à des populations et pays d'accueil de valoriser leur culture et de contribuer durablement à leur développement, le tourisme tend à devenir essentiellement un outil de profit pour quelques opérateurs privés. Inéquitable, cette tendance renforce et banalise les relations dominants/dominés en laissant peu de place à la prise en compte du respect de la diversité culturelle et des équilibres sociaux et naturels souvent fragiles.

Placés dans ce contexte et sous la pression des règles et standard imposés, d'une part les petits prestataires locaux les plus défavorisés se livrent à une concurrence effrénée entre eux et banalisent leurs produits avec des conséquences déplorables tant pour eux mêmes que pour leur environnement (social, économique, écologique, culturel), d'autre part, les populations peinent à trouver des espaces commerciaux et des interlocuteurs pour bâtir un tourisme qui les respecte et leur permet de vivre dignement.

Face à ce constat, l'objet principal des adhérents à la présente charte du tourisme équitable est de travailler avec des communautés d'accueil, les prestataires de services et les voyageurs pour préserver leur dignité et leur autonomie dans une activité de rencontres et d'échanges, en maîtrisant le sens et la valeur de leurs actes.

Dans ce cadre, les opérateurs du tourisme équitable travaillent en particulier avec des prestataires de services locaux (du lieu du voyage), respectant les valeurs sociales et culturelles de leur environnement, et opérant leur activité économique en prenant en considération le mieux possible des critères de développement durable (selon leur marge de manœuvres).

Le tourisme équitable vise en parallèle à promouvoir des comportements responsables pour les voyageurs, notamment par une sensibilisation particulière à ses principes.

Définition du tourisme équitable

Le tourisme équitable est un ensemble d'activités et de services, proposé par des opérateurs touristiques à des voyageurs responsables, et élaboré par les communautés d'accueil, autochtones (ou tout au moins en grande partie avec elles). Ces communautés participent de façon prépondérante à l'évolution de la définition de ces activités (possibilité de les modifier, de les réorienter, de les arrêter).

Elles participent aussi à leur gestion continue de façon significative (en limitant au maximum les intermédiaires n'adhérant pas à ces principes du tourisme équitable).

Les bénéfices sociaux, culturels et financiers de ces activités doivent être perçus en grande partie localement, et équitablement partagés entre les membres de la population autochtone.

Les engagements des acteurs du tourisme équitable

Les différents acteurs de cette filière du tourisme équitable et notamment les organismes qui assurent la promotion et la vente des produits de cette filière, peuvent être considérés comme des acteurs du tourisme équitable s'ils respectent au moins les engagements suivants :

1/ Partenariat
1a/ Dans une approche de tourisme solidaire, les communautés d'accueil, les prestataires de services locaux et les organismes de promotion et de vente des séjours travaillent en partenariat sur le long terme. Ils valorisent les apports spécifiques de chacun en intégrant au mieux les coûts sociaux et environnementaux.
1b/ Ils partagent équitablement entre eux les fruits de leurs activités menées en complémentarité.

2/ Contractualisation concertée
2a/ Toutes les parties prenantes doivent être consultées sur les projets de développement touristique (y compris les communautés résidentes non directement impliquées dans la réalisation des activités touristiques se déroulant sur leur territoire), et ceci préalablement à l'établissement de contrats de prestations de services respectant au moins les droits sociaux fondamentaux (convention de l'Organisation Internationale du Travail), et toute réglementation locale d'usage plus protectrice pour les travailleurs.
2b/ L'établissement des prix des prestations, et en particulier des rémunérations des prestataires, fait l'objet d'un processus de négociation équitable, intégrant notamment le respect d'une concurrence non déloyale envers les prestataires locaux. De même, un acompte adapté, voire le règlement intégral en avance, peut être versé au prestataire local si celui-ci ne dispose pas du fond de roulement suffisant lui permettant de couvrir sereinement par lui-même les frais liés à la prestation.

3/ Développement local
3a/ Les activités touristiques proposées localement doivent être pensées et gérées pour contribuer directement au développement durable des communautés et territoires d'accueil.
3b/ Les bénéfices tirés de ces activités touristiques, en particulier ceux des organismes de promotion et de vente, sont réinvestis majoritairement dans des actions de développement local maîtrisées par les communautés d'accueil.

4/ Transparence
4a/ la transparence des modes de décisions, des transactions financières et des comptes généraux relatifs à toutes les activités est une caractéristique incontournable du tourisme équitable. C'est cette transparence qui permet à toutes les parties prenantes de participer effectivement aux débats, et qui valide l'équité des différentes décisions.
4b/ cette transparence inclut aussi une information de qualité des touristes préalablement à leur séjour. Cette information porte à la fois sur une description réaliste du contenu des prestations proposées (le marketing touristique basé sur la « vente d'un rêve » au touriste doit être banni) et sur une sensibilisation à la démarche particulière du tourisme équitable.
4c/ Enfin cette transparence générale doit permettre le contrôle du respect des engagements pour chaque acteur déclarant son activité équitable. Ce contrôle pouvant être réalisé par toute personne ou organisme extérieur à l'organisation.

5/ Voyageurs responsables
5a/ le voyageur qui opte pour cette forme de tourisme est un consommateur responsable qui a pris conscience que son attitude et ses actes sur place peuvent être pour les populations d'accueil autant un facteur de développement qu'un élément déstabilisateur. En conséquence, il s'engage à se garder de toute attitude et de toute intervention qui pourrait bouleverser les équilibres sociaux, culturels et écologiques des communautés d'accueil et viendraient contrecarrer leurs dynamiques de développement. En particulier il s'interdit tout don et intervention directe sur le lieu qui ne seraient pas placés sous le contrôle des responsables des communautés.

Aucun commentaire: