samedi 15 août 2009

Salaire minimum : La situation des employés des TPTC/Cap-Haitien, une preuve de démagogie.






Par Cyrus Sibert
Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr

Réseau Citadelle profite du débat actuel pour attirer l’attention de l’opinion publique sur la situation des employés des travaux publics au Cap-Haitien.

Fiche technique :
- Moyenne d’âge 60 ans
- 40 ans de service.
- Salaire 70 gourdes par jour.
- Nombre de jours de travail par mois 10.
- Pas de droit à la pension civile de l’Etat.
- Pas d’assurance santé.
- Beaucoup d’entre eux ont des signes de parkinson.
- Ces êtres humains travaillent dans des trous d’égouts sans équipements
appropriés i.e. à main nue, exposés à toutes sortes de bactéries.
- Arriérés de salaire 5 mois 3 jours.
- Aucune garantie sociale.

Alors que des parlementaires s’échinent à empocher les fonds de l’ONA (Office National d’Assurance Vieillesse), des travailleurs de l’Etat évoluent dans des conditions inhumaines. Les députés qui se comportent en défenseurs du salaire minimum n’ont jamais pris en compte la situation de ces employés qui évoluent dans des conditions pires que les Bateys de la République Dominicaine, dans des conditions pires qu’au Parc Industriel de Port-au-Prince. C’est ce qui nous pousse à ne pas croire au prétendu loi sur le salaire minimum. Les politiciens s’en servent pour se positionner en prévision des prochaines élections. La Président René Préval l’utilise comme Propofol pour endormir l’opinion publique et faire main basse sur les sénatoriales. La gauche altermondialiste en profite pour ressusciter ses partisans en léthargie depuis l’échec de l’Union Soviétique.

On aura tout réglé avec cette loi sur le salaire minimum sauf changer la réalité des masses exploitées par les privilégiés de la bourgeoisie et/ou de l’Etat.


De ce fait, nous nous renfermons dans l’idée de Richard Gobden : « Le salaire monte, quand deux patrons courent après un ouvrier, il baisse quand deux ouvriers courent après un patron ». « On pourra essayer, par des moyens plus ou moins violents, par toutes sortes de combinaisons plus ou moins ingénieuses, par des lois plus ou moins habiles, inscrites dans nos codes, de fausser cette loi de l’offre et de la demande a l’égard du travail, on ne la changera jamais, parce qu’elle est immuable : toutes les fois qu’il n’y aura pas demande de travail, le meilleur ouvrier sera obligé d’accepter du travail à des prix réduit ; toutes les fois qu’il y aura demande de travail, forcement le salaire augmentera » Yves Guyot, La tyrannie collectiviste, Bibliothèque Classique de la liberté. P 54-55.

Point positif, le débat sur le salaire journalier a attiré les projecteurs sur les pauvres travailleurs d’Haïti. Nous en profitons pour exposer le cas des employés des Travaux Publics, un ministère bourré de marxistes et de militants de gauche qui se positionnent en défenseurs des travailleurs au nom de la justice sociale quand ces derniers ne sont pas sous leur joug comme servantes et/ou petit personnel.

La passivité des membres de la société civile et leur refus de prendre des positions de principe en faveur de la liberté économique, c'est-à-dire la nécessité de faire des réformes en profondeur capables d’attirer des investissements, d’augmenter la productivité et la mobilité ascendante des travailleurs, constitue un handicap et un obstacle majeurs pour un débat sérieux sur la problématique de salaire journalier minimum. Il faut finalement approcher cette question épineuse dans sa vraie dimension économique. Autrement, nos législateurs et décideurs continueront à adopter des positions contradictoires et dénuées de tout raisonnement scientifique. La solution durable ne passe pas par des discours démagogiques mais par la décentralisation de l’économie et la compétitivité au niveau des secteurs clés comme le tourisme, l’agro-industrie, le développement des PME (Petite et moyenne entreprise) source d’emplois. Alors, on créera en Haïti une situation dans laquelle deux employeurs seront à la recherche d’un même employé ce qui correspondra logiquement à une augmentation de salaire. Autrement, toute loi ne fera que créer la clandestinité, des employés s’arrangeront avec leurs employeurs et les juges corrompus en violation à des textes votés par les législateurs. Les lois décrétées changent difficilement ou de façon éphémère la réalité économique. La situation des travailleurs du Ministère des Travaux Publics dans le Nord est un exemple vivant. N’ayant pas d’autre alternative, ils sont obligés de se laisser exploiter. Ceux qui ont à cœur les conditions infrahumaines de ces laissés-pour-compte n’ont qu’à changer le cadre institutionnel qui condamne la majorité à des travaux minables. Voilà comment on peut créer des opportunités qui changeront pour de bon la vie de ces pauvres qui ont consacré une bonne partie leur vie a faire ce que beaucoup d’entre nous considèrent comme inacceptable. C’est en adoptant des politiques cohérentes et conséquentes que la communauté internationale nous prendra au sérieux et nous considèrera comme des interlocuteurs valables.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 15 Aout 2009, 17 heures 45.

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