lundi 27 juillet 2009

Tourisme : Haïti, une bouffée d’oxygène, malgré tout.



Sigrid Martin à Lakay Restaurant.
(Photo by Cyrus Sibert)

Par Cyrus Sibert
Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit. :
www.reseaucitadelle.blogspot.com/

Cap-Haïtien, le 27 Juillet 2009


‘‘Je ne pensais pas qu’Haïti puisse, un jour être pour moi, une bouffée d’oxygène’’ : C’est en ces termes que Sigrid, une institutrice de Lyon (France), explique sa satisfaction de visiter Haïti en cette fin de juillet 2009.


C’est en pleine rencontre avec Madame Moural (la femme du Consul Français au Cap-Haitien, assassiné à Port-au-Prince) que nous avions aperçu Sigrid. Moural, propriétaire de l’Hôtel Roi Henry Christophe nous racontait ses péripéties avec l’administration haïtienne. D’après elle les entrepreneurs ne sont pas protégés. N’importe qui peut se permettre d’ harceler une entreprise. C’est le cas actuel de son hôtel.


Sigrid l’ex-Directrice de l’Alliance Française était là. On se croyait dans un rêve. Mais c’était la réalité : elle avait gagné un ticket promotionnel sur internet. Une nouvelle ligne aérienne assurant la liaison Paris/Haïti/Puntacana chaque jour, organise la vente aux enchères. Elle a eu le sien pour 350 Euros. Elle venait tout juste d’arriver. Pourtant, elle a eu quand même le temps de prendre son plat préféré : la langouste de Myriame à l’Hôtel Jardin de L’océan.


Des capois qui connaissaient cette dame dynamique qui avait ranimé l’Alliance Française du Cap-Haitien dans les périodes difficiles de 2003 à 2004, étaient nombreux à l’accueillir chaleureusement. Elle était la bienvenue et sans perdre de temps, elle voulait connaitre le programme du week-end. Elle comptait se rendre à la Plaine du Nord pour la fête de Saint-Jacques le 24 juillet puis à Limonade le lendemain soit le 25 juillet.


Même quand elle a pris une chambre à l’Hôtel Jardin de L’Océan, madame Moural de l’Hôtel Roi Christophe offre un verre en signe de bienvenue. Sigrid a pris un temps pour nous faire vivre la magie de son voyage. Elle voulait visiter ‘‘Haïti chérie’’, mais elle ne s’attendait pas à le faire cette année. Les choses étant difficiles en France, c’est de s’affairer à joindre les deux bouts. La vie est chère là-bas. L’Europe va mal et pourquoi pas tout le monde ; conséquences de la crise économique mondiale. Un vodouisant crierait au miracle de Saint Jacques ou de Parrain Ogou : elle a obtenu son billet comme décrit plus haut. Avec sa ‘’carte bleue’’ (carte de crédit) et quelques billets, elle décide de se rentre en Haïti. En (8) heures de temps, la voila en Haïti.


Sigrid nous racontait son voyage. Dans l’avion de 300 places, il y avait 250 passagers. La majorité était des haïtiens. Des gens qui n’ont pas visité Haïti depuis aux moins 10 ans. Les ressortissants haïtiens avaient peur. Ils racontaient des histoires sur l’insécurité, la crise politique ; ils n’avaient aucun programme, ne comptaient pas de déplacer à Port-au-Prince. La peur était dans les esprits, ils allaient rester cloîtrés dans leur maison d’accueil juste pour passer le temps. On dirait des gens à destination de Bagdad, des gens qui se rendent dans le sud de l’Afghanistan où il y a des combats intenses entre une armée régulière et une guérilla bien ancrée, dans une zone où la violence est généralisée.


Arrivée à Port-au-Prince, elle était la seule européenne d’origine à débarquer. Les autres européens allaient en République Dominicaine dans la ville touristique de Puntacana.


Selon elle, les choses ont changé positivement en Haïti : "D’un simple coup d’œil, j’ai vu le changement. C’est mieux que quand j’étais en poste en Haïti. Il reste beaucoup à faire, mais le pays se remet."


Avant de nous séparer pour la journée du 24 juillet, nous avions pris rendez-vous à Lakay Bar Restaurant, sur le Boulevard du coté de Carénage vers 20 heures avant qu’elle puisse se rendre à Plaine du Nord danser Tropicana ou Septentrional. Peut importe l’orchestre, elle voulait danser la musique haïtienne en Haïti.


Le 25 juillet dans la matinée, elle s’est rendue à Limonade pour visiter les réalisations de la coopération entre Lyon et la Ville de Limonade. Elle sait que sa commune avait financé un projet de distribution de vaches au profit des femmes de limonade. Puis dans la soirée, de nouveau à Lakay Restaurant, elle a fait la déclaration qui nous commande décrire ce texte : Tu sais Cyrus, j’ai eu de la fièvre ce matin, le changement de milieu entre la France et Haïti a été tellement brutal que mon corps a réagi. Aussi la poussière provoquée par cette foule à Plaine du Nord est irritante. Je vais boire du rhum et du citron et tout ira bien. Je ne regrette pas cette décision de faire un tour en Haïti. Il fallait faire un stop avec la routine de chez moi métro-boulot-dodo. Je ne pensais pas qu’Haïti puisse un jour être pour moi une bouffée d’oxygène.



Vite fait, elle commande du rhum avec du citron. Le barman de Lakay Restaurant se dépêche. Et quelques minutes plus tard, c’était reparti : elle se mettait à rigoler et à danser, jouissant de son séjour en Haïti, loin des tracasseries de la vie européenne.


Le dimanche 26 juillet, Sigrid prend l’avion pour Port-au-Prince. Elle compte se rendre à Montrouis - Cote des Arcadins, à Jacmel et dans le Sud du pays, jouissant de cette ‘‘bouffée d’oxygène’’ qu’offre qu’Haïti dans les conditions actuelles.


Signalons que les fêtes patronales dans les communes du Nord spécifiquement les villes Plaine du Nord et de Limonade sont un succès en termes de participation, d’animation, de commerce. Le nombre de pèlerins est en nette augmentation comparativement aux années récentes. Des habitants de ces deux communes expriment leur contentement et signalent que depuis plusieurs années la fête n’a connu un tel succès. La foule était compacte, les bals remplis. Les commerçants n’ont pas perdu leur temps. Coté sécurité, la Police Nationale et la MINUSTAH ont mis au point un dispositif impressionnant. Les bandits potentiels n’ont pas pu bouger. Aucun incident grave n’a été remarqué. Les cas recensés font état de larcins, de vols de portefeuilles et d’escrocs tentant de mettre de fausse monnaie en circulation. Des cas pour lesquels les auteurs ont été interpellés par la police.



Haïti-Tourisme, Sigrid Martin participe de notre amour pour Haïti. Avec tous les membres de la diaspora haïtienne qui ont fait le déplacement cette année, elle vient de démontrer comme l’écrivait Dom Elder Camara, « que lorsqu’on rêve tout seul ce n’est qu’un rêve alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité. » A force de penser à notre pays, ils ont su trouver les voies et moyens pour prendre part aux festivités dans le Nord. En partageant avec eux l’utopie qu’Haïti est « une bouffée d’oxygène », notre pays peut l’être pour tout le monde. Pour reprendre une idée de Jean R. Guion, Président International de l’Alliance Francophone, parue en Juin 2009, dans La Gazette # 140, journal de l’Union de la Presse Francophone : « L’utopie partagée, est donc bien le ressort de l’Histoire. »


RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 27 Juillet 2009, 16 heures 58.

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