jeudi 9 juillet 2009

REACTION D'UN INTERNAUTE SUR NOTRE RECENT TEXTE SUR LA DECENTRALISATION.

Je veux seulement ajouter que les dominicains pensent et planifient pour le présent et l'avenir de leur pays. Ils ont profité de leur stabilité pour rendre irréversible leur croissance en s'engageant à faire profiter toutes les couches de leur population, le progrès est visible pour tous parce que tout le monde bénéficie d'un minimum de service avec équité. Ils ont réussi à converger tous les intérêts de classe vers le renforcement de la paix perpétuelle. Le défi d'Haïti est à ce niveau aussi, On ne peut pas décoller sans converger les intérêts de classe vers une paix durable. Imposer la tranquillité comme l'a fait Préval/ MINUSTAH ne va rien résoudre dans le moyen terme. Nos différences ne sont pas vraiment énormes ou " insurmontables" , c'est une question d'intransigeance, négligence, de malveillance et paresse intellective. Nous savons comment provoquer, taquiner, sans arriver à développer le sens des mesures et des limites. La passion et les émotions sont bonnes, mais il faut éviter là ou elles colludent avec l'obscurantisme et le mensonge.

Les raisons pour passer par la République Dominicaine sont une combinaison d'excellence, de service et d"abordabilité " des couts. Le billet Miami -Santiago ou San Juan -Santiago est plus economic que celui Miami/P-Au- Prince. Une fois à Santiago (cela dépend de l'heure qu'on y arrive), on peut prendre un taxi pour $20 pour se rendre à la station d'autobus. Là, on paie 70 pesos ou $5 pour se rendre à Dajabon via Monte Cristi. On traverse la frontière sans problème. Le prix de Caribetour me parait raisonnable (je souhaite que leur station se trouve à proximité de l'aéroport de Santiago).

Les contrastes sont moins "choquants", on ne voit pas des compatriotes ou des Dominicains en guenille et sales. La route Ouanaminthe -Cap est une extension de l'auto route du Cibao. Le paysage est beau, la pauvreté est visible mais pas la misère. La différence entre Ouanaminthe et Dajabon est : Ouanaminthe est chaotique, bourgeonnante (style Bombay, India), elle n'était pas planifiée ni préparée pour son "essor". Elle est comme une "makwalie" qui a gagné la loterie mais sans jamais arriver à développer l’esprit de finesse. La municipalité est dépassée, sans ressources, sans créativité pour profiter de la santé économique de la ville pour prendre son indépendance du ministère de l'intérieur.

Dajabon est plus ordonnée, plus tranquille et très propre. On a l’impression que Ouanaminthe n'a pas de mairie. Le poste d'inspection de la douane est plus moderne que la douane elle même. Cette dernière occupe encore une chaumière construite dans les années 1920-1930. Ouanaminthe est dans l'obscurité totale, Dajabon est éclairée 24/24. Mais la dynamique est la même: deux peuples qui se débrouillent pour survivre avec la même endurance, la même détermination, la même vocation. Il est difficile de noter les frictions entre les deux peuples. Les porteurs Haïtiens de Dajabon sont des jeunes. De la station d'auto Bus à la frontière, on a besoin d'un taxi, ce dernier s'arrête à mi-chemin et le porteur vous aide jusqu'à la frontière. Chaque taxi à un porteur, le propriétaire est dominicain, le porteur est Haïtien. Le dominicain parle le créole comme vous et moi, il n'est pas possible de composer avec le porteur Haïtien en particulier. Il doit aussi respecter l'entente pour éviter des complications (il existe plusieurs petits réseaux de mafia), la corruption est insulaire mais à des niveaux variables.

Les entrepreneurs dominicains contrôlent le corridor Ouanaminthe -Limonade vendant tout ce qu'on a besoin ( Ice, Live Chicken, etc). Le long de la route, on remarque la reconstruction des petites maisons qui remplacent les taudis traditionnels, ce qui rend la misère du coté Haïtien un peu moins visible. A Ouanaminthe, on trouve tout ce qu'on a besoin, les mêmes produits de Miami au prix de Miami.

Par contre, un voyage par Port -Au-Prince est une autre histoire. Il paraît que Notre dame des sept douleurs habite l'aéroport Toussaint Louverture. En plus des mauvais services et traitements d’American Airlines, le prix élevé du billet, les frais élevés de l’aéroport, on est sorti confus, triste, avec un sentiment d'impuissance. Ils y existent deux catégories de mendiants, La première comprend les employés de service d'hygiène de l'aéroport et des lignes aériennes qui vous exposent un petit problème dont $ 5 dollars (au moins) peuvent résoudre. A la sortie du terminal, on est "tiraillé" par des ‘‘taxistes’’ avec la peur chronique d'être en face d'un potentiel kidnappeur.

Des enfants qui auraient du être à l’école, cheveux jaunis et sales, odeurs de désespoir et d'une condition qu'on ne veut même pas pour des animaux, vous demandent de les aider à trouver quelque chose à manger. Ils sont parfois du même âge que mes enfants, mes neveux. Alors, vient ce doute qu'on ne peut pas exposer en public: What "if" they are sons or daughters of one of my brothers or cousins conceived in "quick" circonstances ; and they didn't even know about the consequences? .

Un choc et un scénario qui vous enlèvent " sommeil et faim" au moins pour les trois premiers jours. Une condition sous-humaine qu'on ne peut pas ignorer parce qu'elle est visible. C'est une bombe qui menace tout le monde et peut exploser à n'importe quel moment. Elle n'épargnera personne, même leurs alliés seront victime. Ce n'est pas un problème lavalas , macoute , babylone. Il n'a pas une "étiquette ou le sceau identitaire " de son fabricant. On peut échanger des blâmes, pointer du doigt un secteur, accuser certains personnages ou certains acteurs, le problème devient de jour en jour urgent et préoccupant.

Je ne suis pas d'accord avec la conclusion, je ne suis pas certain que le blocage contre la décentralisation soit conscient. Le régime est confus face à la parité des priorités, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un régime d'urgence. Il revient aux forces nationales (en particulier les entrepreneurs, les universités et les instituts de réflexions) de planifier l'avenir en proposant une modalité d'aménagement réaliste c'est à dire à la portée de nos moyens

Le pouvoir actuel est contrôlé par des oligarques. Les oligarques par fonction et par tradition sont des courtiers. Ils sont là pour servir d'interlocuteur à la masse quand celle ci peut les aider à occuper le Palais National. Le problème est: Une fois au pouvoir, ils choisissent de vendre les influences aux groupes d'intérêt qui peuvent "payer"; or la masse n'a pas les ressources pour acheter ou pour profiter de la mentalité "corruptrice".

Le sentiment d'être trahi a crée la frustration et l'apathie citoyenne. Préval est un oligarque de sang "pure", il est entouré de requins dont les fonctions essentielles sont la sécurité des intérêts de la bourgeoisie marchande en échange de rente (le cas de la vente des entreprises d’état, et le renforcement des monopoles). Aujourd’hui, il a l'opportunité de servir de "couroi" à l'international pour apaiser la masse, parce qu'il a une idée du type de "red meat " convoité par le peuple.

Pour comprendre ce qui se passe à Port au Prince, il faut étudier les pratiques de caste parce que le régime actuel évolue à l'intérieur d'une logique où le mercenariat demeure le ‘‘transfond’’.

Willy POMPILUS

Aucun commentaire: