vendredi 19 juin 2009

Débat électoral au Cap-Haïtien : une occasion ratée.


Par Cyrus SibertRadio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cap-Haïtien, le 19 Juin 2009

Le jeudi 18 Juin 2009, sur le petit écran de la RTV (Radio Télé Vénus), la population capoise a eu droit à un débat entre Moise Jean-Charles de LESPWA et Marie Giselhaine Mompremier de FUSION ; deux candidats pour le deuxième des sénatoriales du 21 juin 2009.

Une occasion manquée. Car, on s’attendait à une confrontation de deux bilans, qui offrirait à la population l’occasion de choisir entre le Candidat de LESPWA Moise Jean-Charles conseiller du Président Préval et la candidate de la FUSION Marie Giselhaine Mompremier coordonnatrice du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la femme. De plus, les deux partis étant au pouvoir - au parlement, ils disposent de groupes parlementaires les plus influents - ils sont coresponsables de la gestion du pays et ont des comptes à rendre.

La Stratégie de Moise Jean-Charles de revenir aux anciens discours anti-bourgeois était un signe de panique. Alors que sur le petit écran, la candidate de la FUSION se présentait calme et souriante, dans une posture civilisée, celui du Parti LESPWA était agressif et donnait l’impression d’un homme traqué. D’entrée de jeu, ce dernier a dénoncé l’alliance de la bourgeoisie contre lui. Andy Apaid, Charles Henri Baker, Rudy Boulos, Brant et d’autres membres de l’oligarchie traditionnelle, selon ses propos, auraient financé Giselhaine Mompremier contre lui, parce qu’en bons réactionnaires, ces gens ne veulent pas d’un représentant du peuple au Sénat. Moise se présente comme un fils du peuple en lutte avec tous ceux qui avaient comploté contre le Président Jean Bertrand Aristide : « Jean Robert Lalane, Andy Apaid, tous ils sont contre moi. C’est un duel entre le Nord et le Sud. Nous ne laisseront pas ces gens de la bourgeoisie port-au-princienne nous imposer un Sénateur dans le Nord. A la capitale, elle sera récupérée et utilisée contre nous ». Moise en profité pour critiquer la décision du Conseil Electoral Provisoire d’annuler les votes obtenus dans les communes de Milot et de l’Acul du Nord. « On n’a pas respecté le vote de mère qui, bien que malade, a été aux urnes me voter. C’est là une preuve que je ne suis pas un candidat officiel.»

La candidate du Parti FUSION a rejeté la conclusion de Moise Jean-Charles. Selon elle c’est normal que Rudy Boulos membre de la FUSION supporte sa candidature. De plus, dans une démocratie, la collecte de fonds est de droit. Elle n’a jamais manipulé des fonds publics, elle n’est pas mêlée à aucun scandale de corruption. Pour faire campagne, elle doit avoir des fonds. Et le moyen le propre et légale de le faire est de faire des appels de dons. « Ironie du sort, Moise Jean-Charles est financé par cette oligarchie qu’il dénonce. Ce sont des gens liés à René Préval. Un petit groupe qui contrôle le pouvoir et le commerce. C’est révoltant de voir Moise Jean-Charles se présenter en personne critique de ces gens qui financent son parti et qui ont financé sa campagne au premier tour ». Selon Madame Mompremier, tous les adversaires qui avaient participé aux débats du premier tour avaient promis de supporter celui qui sera face à Moise Jean-Charles au second tour. Donc, l’OPL (Organisation du Peuple en Lutte) de M. Elusca Charles et le MODELH-PRDH de M. Jean-René Laguerre soutiennent sa candidature. Information étrange, vu qu’en début de semaine Jean-René Laguerre avait démenti toute alliance et demandé à ses partisans de voter blanc. Elle en profité pour dénoncé la main mise totale du parti LESPWA sur le BED du Nord. Le troisième membre qui maintenait un certain équilibre a démissionné.

Un débat paralysé par des intrigues, des accusations floues de Moise Jean Charles ; un débat sans contenu et lassant qui laisse l’électorat dans la confusion. Nous avons raté une chance de faire un vrai débat sur les problèmes du Nord, nous n’avons pas pu introduire la culture de bilan.

Conséquences de l’annulation des votes des communes de Milot et de l’Acul du Nord pour fraudes lors du premier tour, le Conseiller du Président de la République accepte de débattre, il ne se comporte plus comme un candidat sûr d’être élu. Il appelle ses partisans à voter dans l’ordre et à encourager d’autres électeurs à voter pour lui dans l’ordre la discipline et surtout pas de remplissage d’urnes. Toutefois, il utilise des slogans polarisateurs capables de provoquer le soutien des masses.

Le dimanche 21 juin 2009, nous allons voir dans quelle mesure les partisans de Moise Jean-Charles pourront résister à la tentation de frauder – spécialement dans les centres où les votes ne lui seront pas favorables ; nous allons voir dans quelle mesure les masses se solidariseront avec lui ; nous allons voir aussi si Marie Giselhaine Mompremier a pu sensibiliser l’électorat capois, indifférent depuis les élections présidentielles de 2006 ; nous allons voir si encore une fois, les sénatoriales se joueront dans des communes, en dehors de la ville.
Signalons qu’en début du mois de juin 2009, l’Archevêque de Cap-Haïtien, Mgr Louis Kébreau invitait les secteurs impliqués dans le processus électoral à tout mettre en œuvre pour que le second tour des sénatoriales partielles se tienne sans difficultés. Assimilant à un gâchis la première phase de cette compétition électorale, l’archevêque demande aux dirigeants du pays à voir son avenir plutôt que de machiner des manœuvres frauduleuses pour favoriser l’accession de leurs proches au pouvoir.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 19 Juin 2009, 14 heures 25.

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