lundi 1 juin 2009

Cyrus Sibert à Stanley Lucas : Traitons le problème de la presse en profondeur.


Cyrus Sibert

Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) :
www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cap-Haïtien, le 1er Juin 2009

Concernant votre texte « En Prelude A La Journee Interamericaine De La Presse : Baillonnement Des Medias Par Preval Et Le Groupe De Bourdon » (
http://reseaucitadelle.blogspot.com/2009/06/en-prelude-la-journee-interamericaine.html) ne faut-il pas en profiter pour faire le procès du comportement de ceux qui se disent démocrates et malgré tout, se montrent indifférents face aux journalistes qui continuent de prendre leur distance avec le pouvoir ?

Le texte de Stanley est une vérité de La Palice. Je l'ai publié sur mon blog www.reseaucitadelle.blogspot.com. Mais je pense qu'il y aussi l'indifférence, l'absence de solidarité de la part de ceux qui se disent démocrates ou progressistes.

Alors que les hommes d'affaire du ‘‘Groupe de Bourdon’’ soutiennent comme vous le dites les journalistes corrompus, les journalistes indépendants qui résistent sur le terrain n’ont aucun support, ils ne sont pas encadrés. Les hommes d’affaire qui se disent démocrates ne font rien pour financer les médias indépendants. Ils ne donnent pas de publicités aux organes de presse qui refusent la corruption. Ils se contentent d’exploiter la bonne foi et l’esprit de sacrifice des journalistes qui agissent sur le terrain comme des soldats errants, des combattants abandonnés sans ressources ni logistique. Telle est aussi une réalité à présenter.

Le média intègre qui cherche des contrats sur le marché n’a aucune garantie. Les auditeurs qui vous disent : Kembe la pa Lague ; Wap fè yon bon travay ; Ou guen kouraj ; Ou se yon gwo gason, ne vous donnent rien comme publicités. Pourtant, un travail de journalisme professionnel non inféodé au pouvoir exige des ressources ; pour bien enquêter et traiter les dossiers, il vous faut des ressources. Les commerçants prennent le démarcheur en quête de contrats publicitaires pour un mendiant qui trouble sa tranquillité. C’est les cas pour d’autres membres de la société civile. Eux ils sont des professionnels qui travaillent dur pour mener une vie digne, le journaliste n’est qu’un parasite a être manipulé au moment opportun sur la route du pouvoir. Malgré tout, chaque matin il attend des nouvelles pour planifier sa journée de travail. De plus, il est très critique et exige mieux. Alors que sans moyen un média ne peut pas payer les services d’un vrai professionnel compétent. Sans moyens financiers, les émissions seront pauvres et médiocres. Les animateurs seront de piètres et incompétents. Pour preuve, aucun père de famille sérieux ne conseillerait son enfant à adopter le Journalisme comme profession en Haïti.

C’est aussi un élément essentiel à ne pas ignorer.

Le journaliste ou le média qui refuse l’argent de la drogue et/ou les subventions du pouvoir est un clochard en Haïti. S’il résiste, c’est grâce à la solidarité de sa famille. Une solidarité souvent accompagnée de reproches, car le journaliste intègre n’est pas en mesure de rassurer ses proches sur un avenir meilleur. Finalement, il est perçu au sein de sa famille comme un obsédé incapable d’identifier ses intérêts.

Comme aux USA, tout changement politique suppose une mobilisation de ressources. S’il y a des haïtiens qui croient dans le progrès, la démocratie, la liberté et dans un état-nation moderne, ils doivent aussi payer le prix. Ils doivent se montrer solidaires et non se contenter de prendre ‘‘roue libre’’ sur la presse. Le ‘‘Yes we can’’ d’Obama a été possible grâce à ‘‘Yes we spend’’. La presse haïtienne évolue dans des situations difficiles. Sans une prise de conscience de la société civile de ce pays, les journalistes et les médias intègres sont condamnés à disparaître. Car, les charges pour un média haïtien sont énormes, sans compter les risques pour des équipements non assurés et l’obligation de les renouveler périodiquement.

La société civile haïtienne et nos compatriotes de la diaspora doivent adopter un comportement responsable. On ne change pas un pays en comptant sur les financements de l’internationale pour supporter ses partis politiques, ses organisations de défense des droits humains, pour financer ses électorales, ses associations civiques et ses médias. Ceux qui ont la volonté de fournir les moyens feront main basse sur le pouvoir et tous les outils nécessaires à sa consolidation. Les journalistes qui souhaitent garder leur dignité n’auront d’autre alternative que de changer de profession. Les gens de bien doivent avoir aussi les moyens de leur politique.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 1er Juin 2009, 16 heures 28.

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