vendredi 1 mai 2009

Un bouc émissaire pour expliquer les 49,45% de Moise Jean-Charles dans le Nord d’Haïti.





Par Cyrus Sibert

Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit :
www.reseaucitadelle.blogspot.com/

Cap-Haïtien, le 30 Avril 2009


Des groupes de la classe moyenne de la ville du Cap-Haïtien font le procès des 49,45% des voix obtenues par Moise Jean-Charles lors des sénatoriales du 19 avril dernier. Malgré l’évidence que les résultats sont en grande partie les fruits de fraudes planifiées et exécutées avec le support des Responsables de BEC (Bureau Electoral Communal) et du personnel des centres de vote, des éléments de la classe moyenne ayant dépensé plusieurs milliers de gourdes au profit d’adversaires du candidat de LESPWA, constatant leur échec cuisant, cherchent des explications fantasmagoriques. Pourtant, ils refusent d’aborder la question sur une base scientifique, on ne cherche pas de répondre à la question : Pourquoi les électeurs du centre ville sont-ils indifférents ? Quel mode de leadership doit-on développer pour stimuler leur participation ? Est-il anormal que la population refuse de suivre des gens sans projet ni discours politique, des activistes motivés uniquement par des avantages personnels, des intérêts de clan, ou par des luttes intestines d’influence entre hommes du pouvoir? Dans le reflexe habituel qui consiste à voir les choses de façon limitée, suivant une approche manichéenne noir ou blanc, on préfère rechercher des boucs émissaires. Dans un simplisme enfantin, on fait porter la responsabilité des votes obtenus par Moise Jean-Charles à notre texte «
Mise au point de Moise Jean-Charles, Candidat au Sénat de LESPWA. » publié le samedi 18 Avril vers 17 heures. Des langues de vipères qui cherchent à ternir notre image ne réussiront pas, car pour l’opinion publique, nous allons nous expliquer et stopper cette entreprise qui consiste au fond à détruire un rayonnement sur lequel on n’a aucune emprise.


En effet, après plus d’un an d’engagement contre les actes reprochés à Moïse Jean-Charles nous étions surpris de suivre sur un média de la ville du Cap-Haitien, l’interview de fermeture de campagne du candidat de LESPWA. De 21 heures à 23 heures, il répondait aux questions des journalistes de Radio Kontak Inter, 94.9 au Cap-Haïtien. Comme rapporté dans notre texte « Mise au point de Moise Jean-Charles, Candidat au Sénat de LESPWA. »


1- « Il a fait preuve de capacité politique acquise sur le tas. »
Il n’a pas résisté quand on l’accusait d’avoir utilisé les véhicules de la Mairie. Mieux que Richard Nixon, il n’a pas démenti. Il a juste demandé pardon, se montrant sincère et prêt à reconnaitre ses erreurs.

2- « Il n’a pas eu trop grande difficulté pour qualifier les accusations du Député Hugues Célestin de jalousie. Selon lui ce dernier croyait qu’on allait faire choix de lui comme candidat au Sénat du Parti LESPWA. Voyant que l’élu était Moïse Jean-Charles, il a scandé le dossier d’assassinat de Guy Salvant, exigeant que le juge d’instruction introduise le nom du candidat de LESPWA au nombre des accusés. Moïse Jean-Charles a posé les questions suivantes pour prouver son innocence : Pourquoi le Député Hugues Célestin n’a-t-il rien fait depuis tout ce temps, alors qu’il exerce le pouvoir en tant que parlementaire ? »

3- « Sur le dossier de la route de Milot dont on l’accuse d’avoir détourné l’argent, le candidat de LESPWA a répondu : Dans toutes les enquêtes menées sur les fonds détournés sous le régime d’Aristide, on n’a jamais cité le nom de Moise Jean-Charles. Il est clair qu’ils sont nombreux ceux qui cherchent à me jeter en prison. Alors pourquoi mon nom ne figure pas parmi les corrompus ? J’étais dans le marquis sous un régime qui me voulait prisonnier. Si j’avais fait quelque chose de mal, ils m’auraient emprisonné. Moise Jean-Charles a renchéri en ce sens : Etant que Maire de Milot, j’ai joué le rôle de catalyseur. Mes déclarations visaient à informer la population. C’est en ce sens que j’avais déclaré que: La route serait faite. L’argent était là. Le Président Aristide avait effectivement débloqué les fonds. Il en profité pour signaler que Jose Ulysse était responsable de ces genres de travaux. Jamais un petit maire n’avait de telle responsabilité. »

4- « Le candidat de LESPWA en a profité pour venter son approche d’ouverture et ses capacités à négocier la paix avec des gangs de cité soleil. Deux éléments qui contribuent grandement à la stabilité actuelle et surtout à ce début de démocratie et d’Etat de droit si l’on considère qu’aucun groupe n’est actuellement persécuté dans le pays. Tous les secteurs qui le veulent, peuvent participer d’une façon ou d’une autre à la gestion du pays. »

5- « Moise Jean-Charles a esquivé avec tact les questions sur le comportement du Président Préval qu’il considère de trop lent. Faute de sa stratégie d’intégration, le chef de l’Etat prend du temps à consulter tout le monde avant d’agir. Il n’a pas répondu à la question sur les conflits au sein de la Mairie dont il serait la cause. Il met en défi n’importe qui voudrait l’accuser de corruption de le prouver. »

6- « Au nom de la vérité, nous devons constater que beaucoup d’auditeurs ont appelé pour solliciter une action en leur faveur. C’est le cas d’un professeur de Limonade qui a appelé pour demander à Moise d’intercéder pour les enseignants, car Jacques Edouard Alexis les avait mal traités lors de son passage au pouvoir. »

7- « Toutefois, pour le moment, le candidat de LESPWA joue bien, en se présentant en rassembleur. Il n’a pas hésité à demander pardon pour avoir utilisé un véhicule de l’état lors de son inscription comme candidat. Tout en rappelant aux sympathisants du Parti Fanmi Lavalas leur devoir envers l’ex Président Aristide d’attendre et de ne pas s’occuper des élections du 19 Avril2009, il a terminé son show en rectifiant : « Nous ne demandons pas que Roche dans l’eau connaisse la chaleur de roche au soleil. Mais Roche au soleil doit connaitre avec Roche dans l’eau le bonheur de ne pas être au soleil. Le peuple Haïtien a un profond respect pour le Président Aristide.
Cependant, il oublie le passé et prend désormais son avenir en main.» Dixit, Moïse Jean Charles. »

8- Comme hypothèse explicative nous avions dit dans le texte :
« Si cette forme de gouvernance choque les intellectuels du nord et du pays en général, nous devons, dans un esprit de recherche, comprendre les causes qui favorisent un acquiescement tacite du leadership de Moise Jean-Charles chez une quantité considérable de la population. Moise Jean-Charles symbolise pour les masses d’exclus, l’accès au pouvoir. Ce fut le cas pour les Tonton-Macoutes de Duvalier et les chimères d’Aristide. L’exclus des bidonvilles qui jouit du pouvoir grâce à une personne, ne se pose plus de questions sur son niveau intellectuel, sur l’origine de l’argent reçu et encore moins sur le respect des normes légales et administratives. A travers Moise Jean-Charles, les exclus voient leur avenir : une fenêtre de toucher le pouvoir, un moyen sûr de le mettre à leurs coté. Les distributions de fonds fournis par la Présidence dans les quartiers populaires font de lui un messie. Même quand, dans plusieurs zones, il fait de fausses promesses, il demeure un moyen de régler d’autres problèmes éventuels. De plus, il aime donner.
En conséquence, le chômage, l’exclusion, la misère et la centralisation excessive des services publics, constituent la matrice de la corruption, de la mauvaise gouvernance et de l’instabilité en Haïti. Les corrompus risquent de contrôler le pouvoir pour longtemps en Haïti. L’idéal d’un état moderne et de bonne gouvernance, restera le rêve des intellectuels, car la classe moyenne et la bourgeoisie haïtiennes n’adoptent pas un comportement différents. »


Nous avons eu le courage de rapporter l’interview. Pour avoir dénoncé Moise Jean-Charles pendant plusieurs années, nous étions surpris que personne de toute cette société capoise qui ne rate aucune occasion pour se présenter en victime de Moise, n’a eu le courage d’appeler à l’antenne libre pour lui poser des questions embarrassantes sur son passé et ses actes. Une attitude facile à expliquer, car ils sont nombreux ceux qui recevaient de l’argent d’une façon ou d’une autre des mains du Conseiller du Président Préval soit comme membre du Comité de carnaval ou du comité Festival Culturel du Nord. Aussi, sont-ils nombreux ceux qui ont obtenu des bourses d’études et d’autres formes d’aide du Candidat de LESPWA. A l’émission de ce 17 Avril 2009, les questions posées, venaient, comme nous l’avions dit, de supporteurs de LESPWA et de citoyens qui imploraient une action en leur faveur.

Cette pratique qui consiste à rester dans l’anonymat et à demander à d’autres de mener à sa place le combat politique ne marche plus. Nous avons fait l’expérience dans notre combat contre les exactions du Maire Lavalas de la ville du Cap-Haïtien Michel Saint-Croix. Alors que des membres de l’Administration Communale de la 2e ville du pays sont indexés dans le rapport du Département d’Etat Américain sur les Droits humains à travers le monde, comme violateurs de droits de la personne, ceux qui se disent de la ‘‘Droite’’ et anti-Lavalas font de lui un allié en vue de défendre leurs intérêts personnels, abandonnant le peuple, les victimes et les journalistes à leur sort. En effet, des personnalités de la société civile se positionnent en « professionnels apolitiques ». Ils font de leur non appartenance à un mouvement politique un élément essentiel sur leur carte de visite : Je suis un professionnel. Je ne fais pas de politique. Je vends mes services à n’importe qui. Pourtant, ils cherchent à manipuler les jeunes, la presse et d’autres personnes naïves ou vulnérables.


En privé, ils commentent en ces termes : Je ne me laisserai pas influencer par ces hommes politiques jusqu’à dépenser mes avoirs. Cependant, ils sont bien tentés par le pouvoir. Couronner sa carrière professionnelle dans un ministère est un rêve caressé. La Présidence serait idéale pour un intellectuel ‘‘professionnel apolitique’’. Cependant, ne comptez pas sur eux pour le nerf de la guerre. Les jeunes militants n’ont qu’à dépenser leur argent de poche et à se sacrifier pour la « cause. »


A RESEAU CITADELLE nous pensons qu’avec la fin de confrontations armées sur la scène politique nationale, dans le but de relancer l’économie par des investissements, on n’a pas intérêt à créer des situations extrêmes. Aujourd’hui, Moise Jean-Charles, mis à part les actes commis dans le passé, ne se pose pas en agresseur. Jouissant du soutien du Président René Préval, il n’utilise pas le pouvoir pour persécuter ses adversaires, comme l’auraient fait d’autres, s’ils étaient à sa place. Alors, même quand il n’est pas un partenaire politique, nous devons reconnaitre ses efforts d’intégration et d’ouverture. Encore plus, comme un organe de presse, nous devons rapporter, exactement, les faits même quand les commentaires peuvent-être orientés.


Jusqu’à présent, les deux arguments présentés par Moise Jean-Charles ne subissent aucune attaque. On se contente de se plaindre. On n’a même eu pas le courage d’aller voter le jour du scrutin. Jean René Laguerre n’a pu bloquer la main mise total du candidat de LESPWA sur les Sénatoriales dans le Nord que grâce à ses camarades anciens militants du PUCH (Parti Unifié des Communistes haïtiens) de feu René Théodore et à l’engagement des partisans et sympathisants du Parti MODELH-PRDH de Dr Guy Théodore. Au centre ville, la classe moyenne est restée chez elle. Elle attend que la presse fasse le travail à sa place et quand un journaliste décrit honnêtement la situation, on ose dire n’importe quoi pour le discréditer et faire pression sur lui. Nombreux sont ceux qui voient leurs avantages dans des situations d’extrême polarisation. Malgré leur statut de « professionnel apolitique », cela leur donnerait plus d’espace pour s’enrichir.


Nous publions la présente pour dire à qui veut l’entendre : la crédibilité de Cyrus Sibert et de RESEAU CITADELLE est claire et nette. Nous l’avons obtenue sur le champ de bataille en rejetant des offres considérables. Nous n’accepterons pas que quiconque l’attaque pour si peu. D’ailleurs s’ils sont nombreux ceux qui rampent pour obtenir des faveurs même quand en public ils se positionnent en personnes radicales, pour nous, Moise n’est pour un interlocuteur. Nous sommes prêts à porter sur la place publique tout débat qui viserait à semer le doute sur notre honnêteté. Nous avons le droit d’avoir notre opinion et nous pensons que Moise Jean-Charles est mieux là où il est. En tant que Sénateur, il sera trop inféodé à René Préval. On devrait le conseiller de se retirer au profit d’un candidat qualifié. Cependant, nous reconnaissons que son travail qui consiste à drainer des fonds publics vers les quartiers populeux, en dehors des circuits administratifs, certes, est accueilli par une grande partie de la population. Conséquences d’un vide institutionnel généralisé, c’est une reproduction de Zacharie Delva dit « Parenn » des Gonaïves du temps de François Duvalier qu’il faut étudier en profondeur, comme nous l’avons signalé dans notre « hypothèse explicative », pour mieux comprendre le populisme en Haïti. Chaque week-end, il est dans son département pour accompagner et assister beaucoup de jeunes des quartiers dits populaires : « l’encadrement des masses et démonstration d’une volonté d’aider à résoudre les problèmes matériels ». Il dispose des ressources qui bien entendu auraient plus d’impact si elles étaient utilisées dans l’aménagement de la ville du Cap-Haitien pour la relance du tourisme. Mais le fait observé est que les bénéficiaires acceptent cet état de fait. Même quand ils n’avaient pas fait le déplacement le jour du scrutin, il supporte la dérive.


Sur le plan politique, Moise Jean-Charles empêche aux extrémistes Lavalas de Nawoon Marcelin de prendre pied dans le Nord et contribue à contrebalancer la rue. Joue t-il le jeu du Président de la République ou bien est il motivé par stratégie électorale ? Il accueille et fait appel à ses ennemis. Plusieurs membres de son équipe de campagne sont d’anciens membres du mouvement anti-Aristide dans le Nord. Alors, si ceux qui se disent contre le candidat de LESPWA n’ont pas eu la force de téléphoner à l’émission pour lui poser des questions embarrassantes, s’ils n’ont pas le courage de porter plainte et de le trainer par devant la justice, s’ils se sont abstenus le jour du scrutin, ce n’est pas à nous de faire de Moise Jean-Charles une affaire personnelle, encore moins de jouer les petits soldats dans une lutte qui vise à attirer l’attention de Président de la République et conserver un poste.


Nous avions rapporté les faits. Ils sont authentiques.


Militants de la liberté, engagés dans un combat contre la féodalité, pour un Etat-Nation moderne, nous n’avons pas de fortune, mais cela ne fait pas de nous un vendu. Ne considérez pas notre situation financière pour nous traiter comme des gens sans honneur. Aux yeux du combattant de la liberté l’argent est un moyen, pas une fin. Souvenir F.M. (La Radio de la Renaissance), notre station de Radio, avancera avec le temps. Il prendra le temps nécessaire pour avoir les moyens utiles à son développement. C’est d’ailleurs l’histoire ou la situation de la majorité des médias d’Haïti qui refusent l’argent sale de la drogue et/ou de la corruption. Dans un souci d’indépendance, nous avions eu le courage de rejeter des offres intéressantes qui nous aideraient à changer rapidement notre situation précaire. Toutefois, cette station qui, comme nous le savons, ne peut pas compter sur le support de la société civile indifférente et assujettie de la ville du Cap-Haïtien, ne constitue pas à nos yeux une source de besoins, capable de nous dévier de notre ligne. A ceux qui prennent leurs pratiques comme échelle pour mesurer leurs semblables, nous disons : nous sommes conscients que dans une lutte, comme un icône, celui qui accepte la tache idéologique est condamné à incarner les valeurs prônées. S’il s’écarte de cette ligne, il se retrouvera dans la poubelle de l’histoire. « Que Dieu nous protège de nos amis ! »

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 30 Avril 2009, 20 heures 00.

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