lundi 27 avril 2009

Quid de la complicité de l’ONU dans les fraudes électorales en Haïti?


Par Cyrus Sibert

Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo.fr
Cap-Haïtien, le 27 Avril 2009

Le jeudi 23 Avril 2009, lors d’un point de presse, la porte-parole de la MINUSTAH met en garde tous les secteurs de la vie nationale qui entendent condamner et/ou réclamer l’annulation des sénatoriales du 19 avril 2009. Sophie Bouteau de Lacombe a trouvé les mots justes pour intimider tous les citoyens haïtiens qui refuseraient de cautionner les fraudes électorales :
« Tout le monde bien sûr souhaite qu’un maximum de personnes participe à une élection, quelle qu’elle soit. Vous savez que depuis plus d’1 an ½, le parlement a du mal à fonctionner. 7 mois après l’entrée en fonction du gouvernement, le budget n’a toujours pas été voté. Depuis 1 an ½, le sénat ne dispose que de 18 membres sur les 30 qui le composent normalement. Sans élections, il n’y a pas de parlementaires. Sans élections de renouvellement du tiers du sénat, il n’y a pas de renouvellement du tiers du sénat. Et sans sénateurs, sans parlementaires, les lois ne peuvent pas être votées et il n’y a pas de gestion des problèmes que vit la population, et c’est à cela qu’il faut penser aujourd’hui. Sans loi, il ne peut pas être possible de répondre aux besoins de la population. »
Sachant que les leaders de la classe politique et de la société civile ne sont en fait que des dirigeants sans pudeur ni repères moraux, elle insinue les avantages matériels de l’acceptation des résultats qui seront publiés par le Conseil Électoral Provisoire (CEP). Elle en a profité pour présenter les difficultés que rencontreraient les projets et accords, en absence d’un Sénat fonctionnel : « …sans sénateurs, sans parlementaires, les lois ne peuvent pas être votées et il n’y a pas de gestion des problèmes que vit la population …. Sans loi, il ne peut pas être possible de répondre aux besoins de la population. » Sachant que les élites dirigeantes de ce pays vivent d’une façon ou d’une autre de projets et d’accords, son message a été vite compris.
Si Madame de Lacombe a le mérite d’être directe, ses déclarations traduisent le comportement affairiste des fonctionnaires de la bureaucratie onusienne. A leurs yeux, il suffit d’avoir un semblant de démocratie, des interlocuteurs - peu importent s’ils sont corrompus ou pas et des institutions de façade pour justifier leur présence. Ces étrangers n’ont pas le souci de faire un travail sérieux dans le pays. S’il y a des « hommes d’affaire », eux ils sont des « hommes d’instabilité ». Plus cela durera, plus cela fera leur affaire. Ils ont tendance à se mettre du coté des détenteurs de pouvoir. Dans les hôtels, dans des Quartiers huppés, dans les villas luxueuses, ils côtoient les riches : le pouvoir économique. Sur le terrain, ils passent plus de temps au coté des dirigeants politiques. Finalement, ils perdent le sens de la réalité. Ils n’ont plus le contrôle du terrain et finissent par défendre le pouvoir en place même quand il pose des actes contraires au mandat de l’ONU en Haïti et aux valeurs universelles.

En 1994, la Mission de l’ONU en Haïti n’avait pas signalé les dérives de Jean Bertrand Aristide. Alors que ce dernier agissait contrairement à l’esprit de la résolution 940, des membres de la MINUHA (Mission des Nations Unies en Haïti) encensaient le chef de l’Etat. Ils n’avaient pas le courage de dénoncer les mauvaises pratiques. Ils avaient ainsi accepté des élections frauduleuses de 1995, de 1997, de 2000 ; trois élections qui ont contribué à aiguiser les antagonismes, à polariser et à paralyser le pays, nous enfonçant dans une crise qui finalement a conduit à des affrontements armés : un début de guerre civile. Malgré tout, il reçu du système international des prix :

Prix UNESCO 1996 de l’Éducation aux Droits de l’Homme (
8 janvier 1997 de l'UNESCO)
Médaille d'or de la journée mondiale de l'alimentation (
22 avril 2002 de la FAO)

Le PAM (Programme Alimentaire Mondial) n’a trouvé mieux que de décerner un prix à Jean-Bertrand Aristide pour son travail dans la lutte contre la faim. Une ineptie !
Aussi, cette pratique des fonctionnaires de l’ONU qui consiste à tolérer les apprentis dictateurs, nous a t- elle valu la destruction de l’armée d’Haïti pour la remplacer par des gangs armés. Conséquences, aujourd’hui le pays fait face à une augmentation des cas de meurtres, de crimes, de trafic de drogue et de kidnapping, non respect de la propriété privée, pullulement des gangs armés et désordres généralisés ; la fuite des cerveaux et des investisseurs en est le résultat.

Pourquoi la MINUSTAH n’avait-elle pas déployé ses 9,000 hommes au coté de la PNH dans les centres de vote pour empêcher que des criminels armés prennent d’assaut les bureaux de vote ? Les personnes jugées coupables de violence lors des élections, pourquoi on ne les arrête pas pour les déférer devant la justice ? Comme en 2006, plusieurs centres de vote n’ont pas été sécurisés. Pourquoi la communauté internationale n’avait-elle pas conditionné le financement des élections à la neutralité du pouvoir en place ? Avec tous ces employés en Haïti, le Conseil de Sécurité devrait être au courant de tout : les personnes tolérées dans la course malgré leur casier judicaire, les matériels de l’Etat et les fonds publics utilisés en faveur des candidats proches du pouvoir, les groupes armés qui se déplaçaient au vu et su de tout le monde. L’ONU à travers la MINUSTAH est elle complice dans ces violences et fraudes électorales ? Y a-t-il là un plan visant à enliser Haïti dans des crises en cascades en vue de finalement mettre notre pays sous tutelle complète ?
Cette histoire sent la poudre. Ne croyez pas que les citoyens accepteront indéfiniment qu’à chaque élection des hommes armés investissent les bureaux de vote en vue de se lancer dans des opérations de bourrage d’urnes et de fraudes massives. Un jour, à partir d’une violence électorale tolérée par la communauté internationale, une confrontation armée naitra. Les étrangers seront pris aux pièges entre les camps qui s’affronteront.
A ce moment là, Sophie et ses collègues de la bureaucratie onusienne en profiteront pour faire leur beurre comme les fonctionnaires de l’ONU s’enrichissent grâce aux massacres de ‘‘nègres’’ en Afrique et aux péripéties des réfugiés. Car ces étrangers cyniques assimilent les tueries à des jeux olympiques qu’il faut nécessairement organiser ou provoquer.

René Préval étant le choix de la communauté internationale qui en 2006 préférait répartir illégalement les votes blancs au lieu d’organiser un 2nd tour, le résultat négatif de son mandat sera aussi celui de l’ONU en Haïti. C’est révoltant qu’une mission de stabilisation des NATIONS UNIES ne trouve rien de mieux que de cautionner les violences et fraudes électorales. Les compatriotes qui voient dans le départ de la MINUSTAH, l’unique solution de sauvetage national, semblent avoir, de plus en plus, raison.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 27 Avril 2009, 14 heures 39.

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