jeudi 4 décembre 2008

Compte-rendu des ateliers de travail du Bureau de la CARICOM dans le Nord d’Haïti.

Malherbe DORVIL Président de la CCIPN, Ambassadeur Earl S. HUNTLEY de la CARICOM

Jean René BORDES de Bureau haitien de suivi, Guyler C. DELVA et l'Ambassadeur HUNTLEY


Wilbrode BEON, Directeur Exécutif de la CCIPN et le Dr Harold DURAND Conseiller
Malherbe DORVIL Président de la CCIPN, Ambassadeur Earl S. HUNTLEY de la CARICOM


Dany Toussaint, ex-sénateur de l’ouest, propriétaire de D-CONER au sein de l'assistance.


Serge T. Béliard alias ‘‘Pasteur’’, un chauffeur Bus Cap- Port au Prince, représentant de l’APTN (Association des Propriétaires et Transporteur du Nord).



Cap-Haïtien, le 04 Décembre 2008 ; (Ré.Cit.).-

Le Vendredi 28 novembre 2008, la salle de conférence de la Chambre de Commerce et des Professions du Nord (CCIPN) accueillait plusieurs hommes et femmes d’affaires. Ils répondaient à une invitation du Conseil d’Administration de la CCIPN qui entendait sensibiliser le secteur des affaires sur l’urgente nécessité de responsabilité et d’engagement citoyens face aux problèmes de la région et sur les différentes opportunités de développement, notamment celles offertes par l’intégration d’Haïti à la CARICOM, la mission de l’organisation, son rôle, son mode de fonctionnement, les avantages et les exigences du concept ‘‘marché et économique uniques’’.

L’Ambassadeur Earl Huntley, Directeur du Bureau de Représentation de la CARICOM en Haïti (CROH) et le responsable du Bureau de Coordination et de Suivi des accords Haïti/CARICOM (BCS), Jean René BORDES avaient fait le déplacement pour la circonstance. Le président de la Chambre Malherbe Dorvil, en guise, d’introduction fit un bref historique de la CCIPN. ‘‘Fondée le 24 juillet 1989 et reconnue d’utilité publique en janvier 1997, la CCIPN a connu, comme toutes les associations de la société civile haïtienne, des moments difficiles.
Toutefois, grâce aux mérites de plusieurs membres, conscients de l’importance de cette institution pour la défense des intérêts du Nord et bénéficiant du support de l’Union Européenne à travers le projet PRIMA, la Chambre reprend son élan, elle jouit désormais du prestige et bénéficie de la confiance de plus d’un.''

Le Directeur Exécutif, Wilbrode BEON demanda à l’assemblée d’applaudir le courage de Raoul Auguste qui a su préserver, grâce à sa détermination, l’existence de la CCIPN dans les jours sombres de son existence. Monsieur BEON en a profité pour rappeler les grandes lignes du plan stratégique institutionnel récemment validé, très apprécié par PRIMA (Programme de Renforcement Intégré du Milieu des Affaires) de l’Union Européenne en Haïti et proposé comme modèle aux autres chambres départementales. La CCIPN se prépare à devenir une vraie chambre départementale a travers d’un projet d’expansion qui vient tout juste d’être financé par PRIMA. Le dit projet s’intitule :
Projet d’expansion de la CCIPN et de Renforcement de ses capacités de lobby et d’autofinancement.

Monsieur Dorvil exhorta les hommes d’affaire à sortir de leur individualisme primaire, de leur comportement isolationniste, autosuffisant et de l’égoïsme: “ Le Nord vit des moments difficiles. Les infrastructures disparaissent. On dirait une zone oubliée par les autorités de l’Etat central, un département livré à lui même. La ville du Cap-Haïtien est aujourd’hui le centre régional de plus de 5 départements, le port d’attache des mouvements de populations entre les îles anglaises de la cote Nord d’Haïti et un point de transit pour plusieurs centaines de milliers de citoyens qui font du commerce sur la frontière haïtiano-dominicaine, un lieu de refuge pour les sinistrés de l’Artibonite et d’ailleurs. Le Cap souffre! L’environnement, l’assainissement, les marchés publics, le port international, l’urbanisation, tout est à repenser. Nous devons nous mobiliser pour forcer les dirigeants à aborder ces problèmes. Les hommes d’affaire doivent se positionner sur la construction de la route Cap-Ouanaminthe; la route Cap- Hinche, le fonctionnement de la nouvelle centrale électrique JOSE MARTI du Cap-Haïtien, l’aéroport du Cap-Haïtien, le développement du port de Labadie, l’aménagement de la ville du Cap, le développement touristique Saint-Michel Plage – Milot. Nous devons construire un leadership progressiste à travers la CCIPN. Nous devons pouvoir tirer les avantages offerts par notre intégration au ‘‘Marché commun de la Caraïbe ’’.

L’Ambassadeur Huntley et M. Bordes du Bureau de suivi présentèrent au public les avantages et les exigences du marché commun: ‘‘C’est un espace libre où tous les facteurs de production s’échangent librement. Libre mouvement des capitaux, des produits, des services et de la main d’œuvre sans restriction aucune. Les hommes d’affaire qui sont à l’intérieur de la zone pourront investir dans n’importe quel pays membre du marché commun sans l’approbation de l’Etat. Sur le libre déplacement des ressortissants de la région, la décision s’arrête, pour le moment, sur les universitaires, les musiciens, les techniciens, les professionnels. On planifie un plan de sécurité sociale et un document de voyage commun est à l’étude.'' L’Ambassadeur Huntley se dit conscient des problèmes qui entourent la libre circulation des peuples de la zone. Il demande, toutefois, aux amis haïtiens de comprendre les résistances de petits pays qui ne représentent que 4 millions d’habitants face à cette grande puissance démographique qu’est Haïti dans la zone.
Il suggère des actions en vue de changer l’image d’Haïti à l’étranger. Il se propose comme volontaire à cette fin.

Un point sur lequel RESEAU CITADELLE (un effort d’Agence de presse online) propose un visa Caribéen pour les haïtiens, comme solution provisoire. Car, les cadres d’Haïti qui circulent dans les pays membres de la CARICOM, expriment leur découragement face aux péripéties de trouver un visa pour chaque déplacement entre pays membre de la communauté.

M. Bordes et l’Ambassadeur Huntley continuèrent leur présentation en abordant la Cour de Justice de la Caraïbe, une sorte de Cour suprême au dessus des juridictions nationales. Haïti étant un pays de droit romano-germanique différent des autres pays de tradition Common Law, comment abordera-t-elle ce dossier?

L’Ambassadeur Huntley expliqua à l’assemblée que contrairement à Haïti, les pays de la CARICOM n’avaient pas de ‘‘Cour suprême’’ ou ‘‘Cour de Cassation’’. Un organe, établit en Angleterre, se prononçait sur les litiges, en dernier ressort. Aujourd’hui, la Cour Caribéenne de Justice (CCJ), joue le rôle de ‘‘Cour suprême’’. C’est aux haïtiens de choisir quelle place donner à la CCJ dans leur système judiciaire.

En termes d’opportunité pour Haïti, CSME sera un nouvel excitant pour l’économie nationale. Il offrira des opportunités d’investissement dans les domaines où Haïti est forte comme la production agricole, la reconstruction du tourisme – des ressortissants d’autres pays de la caraïbe pourront visiter la terre où la libération du peuple caribéen a commencé – le tarif national sera égal au tarif de la CARICOM, des investisseurs du monde dont des dominicains auront intérêt à investir en Haïti, en vue de produire des biens et services pour tout le marché. Ce qui augmentera les possibilités d’emploi. La santé, la justice, la sécurité, la lutte contre le crime et la drogue, la protection de l’environnement et l’alimentation sont des points de politique commune, capables d’aider Haïti à se mettre à niveau. Diplomatiquement, nous sommes plus solides en groupe. ‘‘Même tout petit, la CARICOM a ses objectifs diplomatiques et politiques.’’ Les haïtiens sont appelés à contribuer à la tache communautaire caribéenne.

A partir de 2009, débuteront les échanges, sans droits de douanes, entre Haïti et le reste des pays de la zone. Le tarif sera 40% de droits de douane pour les pays qui sont en dehors du marché unique. Haïti devra résoudre certains problèmes pour standardiser sa production, intégrer les producteurs du secteur informel, renforcer sa production de produits touristiques - l’artisanat, jouer sur ses particularités linguistiques. Le secteur privé doit faire valoir ses points de vue.

L’assistance était positive. On posait des questions pertinentes. Un débat animé auquel prenait part des personnalités comme le major Dany Toussaint, ex-sénateur de l’ouest, reconverti dans les affaires. Il est le propriétaire de D-CONER, un ‘‘fast food’’ très fréquenté au Cap-Haïtien. La présence de Serge T. Béliard alias ‘‘Pasteur’’, - un chauffeur bien connu pour sa gentillesse et sa sagesse - comme représentant de l’APTN (Association des Propriétaires et Transporteur du Nord), spécialement, les chauffeurs de Bus assurant le trajet Cap-Haïtien/ Port-au-Prince, dans la salle de conférence, marque la fin des temps durant lesquels la Chambre de Commerce et des Professions du Nord (CCIPN) était perçue comme un cercle fermé, au service de groupuscules d’intérêts occultes.

Le lendemain, soit le Samedi 29, l’Ambassadeur Huntley et M. Bordes ont rencontré les journalistes du Nord et du nord-est sur le même thème. Environ 40 journalistes, des membres de RCPN (Réseau des Correspondants de Presse du Nord), de l'AJH (Association des Journalistes Haïtiens) et SOS JOURNALISTE ont pris part aux débats tenus à l’Hôtel Mont Joli de 8hres30 à 13 heures. Le même sujet, la même chaleur, un intérêt similaire et une ambiance identique à la rencontre de la veille démontrent l’engouement des haïtiens pour le projet d’intégration d’Haïti à la CARICOM. L’Ambassadeur Huntley mit l’accent sur le rôle stratégique du secteur privé et de la presse dans ce processus. Il les qualifie de secteurs indispensables. Face à l’insistance des questions sur les relations entre la CARICOM et les frères caribéens des territoires européens, RESEAU CITADELLE proposa la mise en place d’un espace ou d’une organisation créolophone qui servira de trait d’union entre nous autres de la CARICOM et nos frères antillais isolés dans des territoires européens. Guyler C. Delva, de SOS Journaliste et Jean Claude Louis, de l’Institut Panos pour la Caraïbe prenaient part aux débats avec les journalistes respectivement, comme facilitateur et rapporteur.
Nous estimons que le processus d’intégration d’Haïti dans la CARICOM et toutes ses exigences peuvent servir de ligne et de guide capables de palier à l’absence de vision globale de la part des dirigeants haïtiens. Sur le plan politique, cela peut contribuer à stimuler les efforts internes pour le renforcement de la démocratie, le respect des libertés civiles et politiques, les droits humains dont le droit de propriété, les droits d’auteurs, la bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption, le respect de l’environnement, les libertés économiques… L’intégration d’Haïti à cet espace de culture libérale à volonté moderne pourra contribuer à l’éclatement du système féodal bicentenaire qui résiste sous diverses formes au changement. La diaspora haïtienne devra dire son mot et jouer sa partition. Qualifiés et surtout Anglophones, les ressortissants haïtiens résidant en Amérique du Nord ne pourront plus justifier leur immobilisme. Car, il n’y aura plus moyen de se cacher derrière des prétextes comme l’insécurité en Haïti, l’instabilité, les difficultés administratives et ne pas s’impliquer. Rien n’empêche des investisseurs de la diaspora, des professionnels et intellectuels d’investir dans n’importe quel pays de la zone et de contribuer à la croissance de l’espace caribéen. On pourra installer son entreprise dans un pays comme les Bahamas ou la Jamaïque et importer les matières premières de la mère patrie. Ce qui stimulera le secteur agricole haïtien et recapitalisera les producteurs, spécialement les paysans.

Cette tournée du Bureau de Représentation de la CARICOM accompagné du Bureau de Coordination et de Suivi des accords Haïti/CARICOM (BCS) est un succès. Le climat politique actuel non polarisé, facilite une meilleure compréhension des objectifs de l’organisation régionale en Haïti. Cet effort de communication mérite d’être approfondi.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 04 Décembre 2008, 11 heures 35.

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