jeudi 4 septembre 2008

…. Incapables de défendre la cité de l’indépendance.


Gonaïves sous les eaux
Photos Courtoisie MINUSTAH


Par Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, le 04 septembre 2008 ; (Ré.Cit.) -.

Quatre (4) ans après l’inondation causée par le cyclone Jeanne, Gonaïves est encore sous les flots. Dans la nuit du 1 au 2 septembre 2008, vers minuit, la Cité de l’Indépendance est inondée. Les adverses causées par la tempête tropicale Hanna n’ont pas pu être évacuées. Les mêmes causes dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets : la population Gonaïvienne est encore une fois sinistrée. On rapporte que l’eau est monté jusqu’à 3 mètres de hauteur.

Comme si c’était imprévisible, les autorités se lamentent, comme tout citoyen ordinaire. Ce sont des décideurs spectateurs. On peut même entendre des parlementaires réclamer aujourd’hui des mesures… Le député de Pilate demande sur les ondes, au président René Préval de procéder aux arrestations de ceux qui ont détourné les fonds débloqués pour des travaux d’aménagement de la cité de l’indépendance. Il en profite pour pressurer le Sénat, en réclamant le vote de la politique générale de Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, Premier Ministre désigné : il y a urgence. Comme d’habitude on utilise les tracas du peuple pour renforcer le statu quo.

Vingt deux ans après le renversement de Jean-Claude Duvalier pour le progrès et la démocratie, le minimum de services publics disparaît, le désordre règne, l’anarchie et le populisme constituent système de valeur et de gouvernance en Haïti. Les progressistes de gauche, les révolutionnaires professionnels et les dirigeants castristes qui occupent actuellement le palais National, n’arrivent pas à organiser le changement promis au peuple. Pire, ils se révèlent incapables de défendre la cité de l’indépendance.

On avait pourtant alerté les autorités sur la situation aux Gonaïves. Rien n’a été fait. Les travaux lancés par le gouvernement intérimaire de Gérard Latortue sont discontinués, sans explication valable. Pour preuve, il n’y a plus d’électricité aux Gonaïves – Cap-Haitien n’est pas exempt – le pont qu’on devait construire reste inachevé, les berges des rivières sont toujours ensablés. Paradoxalement, on oriente plus de d’argent vers les festivals culturels. Car, avec toutes les procédures mises en place pour le déblocage des fonds au Ministère des TPTC, il est plus facile de s’enrichir, à partir des activités de bamboches populaires. Bref, on oublie le peuple et toutes les menaces qui pèsent sur lui.

Les anti-duvaliériste se sentiront léser par notre texte, mais croyez nous ; nous étions des enfants, de jeunes adolescents, quand la propagande critiquait Baby Doc qui était : un incapable, un dictateur, un corrompu, un violateur des droits de l’homme, l’ennemi du peuple, sa femme détournait les fonds du trésor public, les paysans sont dans la misère à cause de lui. Les gouvernants font peu de cas des familles en difficulté, le peuple a faim, l’armée est répressif ; il faut changer tout cela…

22 ans après, où est le changement ? Les révolutionnaires-professionnels sont toujours au pouvoir. Depuis belle lurette, ils ont les pleins pouvoirs. Ils sont tout aussi dictateurs et corrompus. Le pire, les travaux de curage du régime des Duvalier n’existent plus. Ils sont remplacés par des activités de bamboches culturelles, le financement de voyages de souverains haïtiens, le tout financé par les fonds du trésor public détournés par la caisse noire de la Présidence… des imbécilités.

Sans être contre la culture, nous critiquons l’absence de priorité et l’irresponsabilité dans la gouvernance de l’Etat. Aujourd’hui, nos frères et sœurs sont sous les eaux. Ils sont ruinés. Deux inondations en quatre (4) ans ! On peut imaginer les pertes encourues. Ils subissent les conséquences de la gestion de ces dirigeants irresponsables qui ne font qu’exiger plus de taxe, plus de recettes, aux mépris des pauvres familles. Plus de taxes ! Sans services ni travaux publics.

Pour avoir propulsé des irresponsables au pouvoir, nous sommes condamnés à souffrir. C’est la règle action-conséquence. Nous devons, démocratiquement, débarrasser la scène de ces imposteurs. Sinon notre calvaire ne fait que commencer. On ne demande pas à des nuls de diriger un pays aussi problématique qu’Haïti, des nuls qui ne peuvent même pas défendre la Cité de l’Indépendance.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 4 septembre 2008, 16 heures 37.

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