mercredi 27 août 2008

QU’IL EN SOIT AINSI !

Depuis quelque temps, mon horizon professionnel et mon paysage familial s’assombrissent par de grosses vagues de menaces, qui semblent vouloir annoncer une tempête dévastatrice sur ma vie et celle de mon entourage. Des appels anonymes sur mon portable, certaines déclarations intempestives à travers les rues par des policiers et autres citoyens proches de la mafia locale, les témoignage et compte rendu de détenus partageant la même cellule avec l’ex responsable du service d’investigation, le maire du Cap-Haïtien qui déclare ouvertement et sans ambages lors d’une émission télévisée qu’il n’y a absolument pas de policiers trempés dans le kidnapping et qu’il ne faut pas prendre au sérieux ceux-là qui avancent pareille allégation… en sont des signes avant coureurs qui, loin de me faire peur, me conduisent à réfléchir sur mon avenir et renforcer mon engagement citoyen dans ce pays que je ne suis pas prêt à laisser au profit des salauds. Certes, je n’ai plus vingt ans. À trente six ans, je suis plus qu’un Magistrat, je suis un père, un époux. Ma mère, ma femme et ma fille de deux ans ont encore besoin de ma présence et de ma protection. Plusieurs personnes me demandent d’arrêter, mais sans vouloir être têtu, et, au risque d’être incohérent avec ma conception de justice et ma conviction d’homme, je ne peux pas abandonner, surtout pas à mi chemin. Ce serait trop lâche de ma part et, cela ne me ressemble pas. Ce combat n’est pas seulement le mien, il y a tout un idéal derrière moi. Toute une génération me regarde. Je me bats pour le changement, pour le peuple, pour la nation. Quoi de plus beau de tomber pour une noble cause ! Dans le dernier appel anonyme que j’ai reçu, mon interlocuteur, avant de me raccrocher au nez, m’a laissé entendre carrément que je n’aurai pas la chance de Claudy Gassant. Eh bien, qu’il en soit ainsi ! Personne ne meurt avant son heure. Il est écrit : si on connaît l’avenir, on peut le modifier. Moi-même, je le dis pour la postérité et pour l’histoire, si c’est dans le traitement de dossiers de kidnapping impliquant des policiers que je dois livrer ma dernière bataille, si c’est ici que doit prendre fin ma mission, c’est que mon passage sur terre aura été écrit d’avance et j’entends nullement le modifier. Qu’il en soit ainsi !
Des remerciements à mon frère Gérard Fortuné, Magistrat Willy Lubin, Mme Jocelyne Elie, Me Serge H. Moise, Me François Joseph Baptiste, Mme Caroline Benoît, M. Rony Joseph, M. Mickély Bolivar et M. Jean-Louis Aly pour leurs sympathies et leur soutien sans faille.

Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Juge d’Instruction
Cap-Haïtien, Haïti
Ce 26 Août 2008
http://heidifortune .blogspot. com

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