dimanche 24 août 2008

LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (190)

BILL CLINTON’ SON REGIMENT DEMOCRATE, BARACK OBAMA ET NOUS.

HAITI OBSERVATEUR. SEMAINE DU 14 AOUT 08.

Dr Gérard Etienne.

Qu’il y ait, aux États-Unis d’Amérique, des millions de personnes haïtiennes qui croient en Dieu, elles doivent, tous les matins, remercier le ciel pour avoir trouvé un espace qui leur permet de travailler, d’étudier, de pratiquer leur profession, de venir en aide à leurs proches parents après avoir été exilées de leur pays d’origine. En revanche, pour les personnes qui croient au big bang qui serait à l’origine de la création du monde, que ces gens-là (à défaut d’une intelligence transcendantale) aient la décence d’exalter tous les jours les valeurs humaines du peuple américain. Car seul un peuple civilisé (et par extension un peuple sensible aux libertés fondamentales, peut, avec tant de générosité tendre la main aux exclus d’un État féodal et d’un régime politique pour qui la dissidence politique et la défense des droits de l’homme représentent des crimes entraînant la mort des révolutionnaires. Nous avons trop tendance à refouler la générosité du peuple américain, générosité sans laquelle les portes des écoles, des églises, des collèges, des universités, des usines, des manufactures, des compagnies, des hôpitaux nous seraient fermées, générosité sans laquelle nous ne formerions pas aujourd’hui une puissante communauté ethnique qui contribue largement à la vie politique, sociale, culturelle, économique, artistique et littéraire américaine,

Sauf qu’il convient de relativiser ce point de vue Pourquoi? Parce que nous héritons de nos aïeux une mémoire qui ne fléchit pas, une mémoire teintée de tous les événements sanglants que nous avons subis et qui nous ont fait effectuer cent pas en arrière. Car autant les quarante châtiments corporels des esclavagistes étaient cette espèce de torche allumée au creux de leur mémoire et qui les faisait affronter les boulets de Rochambeau, autant Bill Clinton et son régiment démocrate ont littéralement massacré notre peuple en lui imposant comme président un tyran psychopathe et comme parti politique un mouvement terroriste du nom de lavalasse. Par là Bill Clinton et le parti démocrate américain ayant oublié les grandes leçons de démocratie des John et Robert Kennedy ont déployé au pays une force militaire de 23.000 Yankees dotés d’armes sophistiqués comme si Haïti était devenue un terrain où allaient se mesurer deux grandes armées pour la conquête de l’Île. Et que dire de l’embargo de Bill Clinton qui au lieu d’entraîner la démission de trois cadres militaires des FADH ont détruit notre système écologique et provoqué la mort de dizaines d’enfants dans le Nord, faute d’un vaccin contre la variole. Et que dire aussi des millions $ que Bill Clinton a permis à son domestique JBA de voler à même les taxes sur les transports aériens et sur la téléphonie.

Parce que Bill Clinton et SON parti démocrate ont confié le destin de notre peuple à un tas de malades mentaux , à une bande de mafiosi qui s’érigent en ONGS philanthropique; parce que Bill Clinton et SON parti démocrate ont eu la méchanceté de réduire un peuple fort, intelligent, courageux, en une société zombi fiée, médiocre, flémarde. Nous déclarons que Bill Clinton et son parti sont les principaux ennemis d’Haïti, que depuis 1994 ils ont signé avec leurs complices un pacte pour notre stagnation dans la misère sordide et l’incapacité de se mouvoir vers de nouveaux horizons. C’est à ce parti que l’illustre Martin Luther King, à la suite des progressistes J. F. Kennedy, Robert Kennedy, JEFFERSON Roosevelt, Truman, Lincoln, fouetta l’orgueil des Noirs dans une symbolique de rêves d’union américaine. Et voilà qu’après quarante-cinq ans que cette vision d’une Amérique fraternelle a été offerte au peuple que le Sénateur Noir Oba mA juge urgent le changement social de son pays et qu’il est temps pour lui d’offrir à son pays de nouvelles énergies, de nouvelles idées de changement. Mais la question fondamentale renvoie à la formation de leader d’Oba mA.

Qu’on n’oublie que l’actuel candidat à la présidence américaine appartient à la génération au sein de laquelle des professeurs haïtiens recrutaient des étudiants dès les années 60. Sauf que pendant qu’un tyran soumettait notre peuple à la pire violence de l’histoire, celle du fascisme, du totalitarisme, nos frères les Afro-américains commençaient une vraie révolution en amont. Les groupes de la pression cessaient d’être la proie des policiers racistes et des Blancs ségrégationnistes. Ils visaient plutôt des objectifs politiques à partir de leur expérience militaire et universitaire. On revenait du Vietnam avec une nouvelle vision de l’identité. On fréquentait l’Université non pas pour être les Maîtres de la société, mais pour offrir à cette société des idées de changement. Là réside toute la philosophie de la révolution non violente (parce qu’elle se fait par la voie de la discussion, de la persuasion,) D’où le rôle du Black Power qui, tout en prenant ses distances par rapport à une idéologie conservatrice, insufflera à ses membres un enseignement si dynamique qu’il allait aboutir au phénomène Barak Obama.

Disons qu’avec Obama les Afro-américains ont réussi là où des centaines de peuples ont échoué. Avec seulement la force intellectuelle, culturelle, spirituelle, l’Amérique est tout à coup guérie de ses plaies historiques, la ségrégation, et la discrimination. Désormais les empreintes du Noir sont partout visibles, pas seulement comme signes indicateurs d’un changement sociopolitique, mais comme indices d’un long processus avec derrière soi des oligarchies responsables. Et c’est là que pour nous autres Haïtiens qui trainons derrière nous une histoire chargée de crimes et d’injustices, l’exemple de Barak Obama est plein de significations. Il est porteur de toute l’histoire de la race noire, une histoire qui résume les souffrances physiques et morales d’une ethnie depuis des siècles .Plus que cela : l’exemple d’OBAMA est aussi significatif sur le plan de la stratégie. Au fond il nous lance cet avertissement : « rien n’est spontané en politique; toute victoire sur les forces occultes résulte d’un long parcours selon une claire vision de ses réalités sociologiques et surtout une connaissance approfondie de son entourage. D’ailleurs c’est grâce à cette connaissance que les Américains ont décidé de suivre la voie que leur trace le jeune homme avec seulement pour boussoles l’honnêteté morale et la force de persuasion de ses discours.

Nous pêcherions contre nos propres principes philosophiques si nous demandions à Barak Obama de relever un défi, celui d’occuper la Maison Blanche. Ah que non. Le défi est déjà relevé, celui de dire au monde que les médias occidentaux rapportant régulièrement des crimes odieux commis par des Nègres dans les prisons américaines conditionnent la population. C’est aussi un jeu de conditionnement le fait de faire croire, que des policiers racistes qui abattent les jeunes Nègres, vendeurs de coc, tapis dans les toilettes des écoles, sont les justiciers de la société et enfin qu’il est impossible d’enseigner à Harlem dans les écoles que fréquentent des Noirs vu que ces Noirs-là sont les bourreaux de leurs professeurs. !!!Eh bien l’ascension fulgurante d’Obama prouve le contraire. A côté du jeune Blanc à Columbia se trouve un Noir avec, dans quelques années le même CV qui le conduira aux postes les plus prestigieux des États-Unis.

Orgueilleux que nous sommes nous serions déjà à quelques mètres de la cible si nous savions comment mener une lutte sociale. Les poussées fantasmagoriques mettent des malades mentaux non des gens préparés à assumer quelque pouvoir. Qu’Obama soit élu Président, cela nous importe peu. Par contre sa marche spectaculaire vers la Maison Blanche représente UNE ETAPE digne des grands leaders du monde. Pour cela seulement il fait partie des grands de ce monde .Chapeau Mr Obama.

Dr Gérard Etienne.

Hôpital Royal Victoria, 12 août, 2008.

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