samedi 24 novembre 2007

La Direction Générale de la Police Nationale , un exemple de bonne gouvernance?

Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
reseaucitadelle@yahoo.fr
www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cap-Haïtien, Haïti


N’était-ce l’opinion négative de policiers affectés dans des villes de province, nous aurions titré ce texte par l’affirmative. Car avec les promptes réactions de la DGPNH pour corriger la majeure partie des disfonctionnements dénoncés, on avait l’impression que les choses étaient sur le point d’être changées irréversiblement. Malheureusement les témoignages de policiers des villes de province et surtout ceux de la zone frontalière tant à jeter un nuage septique sur notre perception de l’avenir de la Police Nationale d’Haïti.
L’institution que dirige Mario Andrésol fonctionne suivant deux approches discriminatoires : La police de la zone métropolitaine et la police des villes de province. Selon que vous soyez un policier affecté à l’intérieur ou à l’extérieur de la zone métropolitaine votre traitement et votre avenir dans l’institution seront différents.
Une grande majorité de policiers se sentent exclus et marginalisés. Les grades et promotions restent à Port-au-prince. En province il n’y a presque pas de frais pour le fonctionnement des Commissariats. En terme de traitement, le policier affecté en province a un traitement différent de celui qui travaille à Port-au-prince. La PNH n’a pas un système permettant d’informer les policiers des villes de province sur les opportunités. Les bourses d’études sont octroyées sans concours. Les policiers de la province ne sont pas informés quand il y a concours pour des postes et grades supérieurs.
Toujours d’après le témoignage de policiers affectés en province, le plan de promotion n’est pas en vigueur ou du moins, si le Haut Commandement l’applique, ils ne sont pas au courant. Des bourses de formation pour le Chili ont été octroyées à leur insu. Ce n’est qu’après le recrutement qu’ils ont reçu un avis périmé.
On se demande s’il y a deux forces de police en Haïti ? Comment motiver les policiers qui travaillent en province s’ils n’ont pas le sentiment d’appartenir sans discrimination à une institution nationale ? Le DGPNH oublie t-il la leçon du 22 février 2004 ?
La prise de la ville du Cap-Haïtien avait sonné le glas du départ de Jean-Bertrand Aristide. Alors que le régime Lavalas concentrait toutes ses forces à la capitale, les villes de Gonaïves, de Saint-Marc et de Cap-Haïtien ont interrompu son plan de garder le pouvoir durant 50 ans.
Aujourd’hui, les kidnappeurs utilisent la province pour garder leurs victimes et réclamer rançons. Aux dires d’une des victimes, il a été emmené dans les bois du Nord-est. Gardé dans une région inhabitée à même le sol. Durant deux jours, les bandits l’ont maintenu par terre, les yeux bandés et eux assis dans sa voiture négociaient avec la famille. On peut avec ce témoignage constater le déplacement des activités criminelles vers la province. L’effectif de policiers y est très faible. On concentre toutes les ressources humaines et financières dans la zone métropolitaine, abandonnant les villes de province aux bandits. Toujours pas de police rurale. Les sections communales sont livrées à elles même. Comment relancer la production agricole quand les paysans sont continuellement attaqués par des bandits venant de Port-au-prince ?
Absence de moyens de communication, véhicules insuffisants et en mauvais état, policiers démotivés, la sécurité des villes de province chute. La bonne foi de responsables départementaux ne suffit pas, il faut les moyens.
Nous sommes un peu déçu ! Car après avoir affronté le DGPNH dans notre réplique à l’internaute de la Police connu sous le pseudonyme Dekabess, nous avions observé une volonté de changer les choses. Nous étions tenté d’écrire un texte dans lequel la nouvelle direction de la PNH serait montrée comme exemple de bonne gouvernance.
Le Haut Commandement de la PNH semble imiter les autres administrations de l’Etat. Il est en train d’appliquer les mêmes approches de l’Etat central : Tout pour et à Port-au-prince. Un Etat, deux Républiques. Il n’est pas encore un modèle de bonne gouvernance.


Cyrus Sibert,
Cap-Haïtien, Haïti
23 Novembre 2007

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