vendredi 30 novembre 2007

Injustices de la justice haïtienne.



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com




Les trois jeunes accusés dans l’attaque criminelle contre le policier Fabrice Castanet de la UNPOL - la police des Nations Unies en Haïti - sont libres. Après 18 mois d’incarcération, Fritz, Ricardo et
Wesly Prosper alias Ti Jotte ont été libérés le 28 novembre 2007. La justice haïtienne n’a rien à leur reprocher, il n’y a pas de preuves contre eux.

Pourtant, ces jeunes ont passé 18 mois en prison. Dix huit mois de souffrance et de tracasserie pour des familles misérables qui doivent envoyer chaque jour nourriture et lingerie à l’Administration pénitentiaire. Connaissant l’état de notre système carcéral, on peut en déduire : dix huit mois de déshumanisation. Ces jeunes qui se débouillaient pour aider leur famille à survivre ont tout perdu. Ils ont du mal à remettre en place le petit business à partir duquel ils survivaient avant juin 2006, le mois de leur arrestation.

En prison, ils ont appris beaucoup de choses et d’après leur témoignage, celui qui, sorti de prison, reste honnête, mérite d’être décoré par la société. Quant à eux, ils promettent de rester propres en fonction de leur idéal et, pour ne pas décevoir ceux qui les ont défendus, ceux qui ont plaidé en leur faveur.

La prison en Haïti ne joue pas son rôle de sanction afin de porter les citoyens à amender leur comportement. C’est un lieu de réification où l’homme est embrigadé dans un processus d’animalisation. Les traitements sont mauvais et l’espace consacré aux détenus de Cap-Haïtien est 4m2. Il peut contenir jusqu’à 60 personnes. Les prisonniers ont droit de sortir de leur cage le matin et le soir. Entre ces deux périodes, ceux qui ont un besoin, doivent aller dans un pot et inhaler l’odeur toute la journée. Sans compter les sévices, les bastonnades et toute autre forme de violence que subit généralement un détenu à longueur de journée, la vie dans une prison haïtienne est inhumaine.

Ainsi utilise-t-on la détention préventive pour punir un voisin, un concurrent, celui dont la femme du chef est tombée amoureuse, un collègue de travail, celui qui refuse de vendre un immeuble, un cocu innocent et surtout un adversaire politique.

Après plusieurs mois d’incarcération injuste, l’Etat ne présente même pas des excuses ; que dire d’un programme visant à réhabiliter et/ou à dédommager ceux qui sont victimes de la justice. Ils doivent rentrer chez eux. D’ailleurs, ils sont très contents de quitter l’enfer de la prison. Ces gens ont été punis, alors que la fonction sociale de la punition vise ceux qui ont violé la loi, donc des délinquants : une injustice de la justice haïtienne!

Les Ricardo, Fritz et Wesly Prosper alias Ti Jotte ont été incarcérés sur simple dénonciation. Ils ont passé 18 mois en prison parce qu’une langue de vipère, pour des raisons inavouées, les avait dénoncés protégeant un homme fort de la bourgeoisie locale (lisez le texte ci-joint : Attentat contre le policier français de la MINUSTAH au Cap-Haïtien : une enquête bafouée.) C'est le cas aujourd'hui, le système protège un étranger accusé de pédophilie aux dépens des enfants de rue de la ville du Cap-Haïtien.

Actuellement, au Trou du Nord, des jeunes sont appréhendés pour être détenus à la prison civile de Fort-Liberté. Certains d’entre eux sont d’anciens militants du mouvement anti-Aristide. Au Trou du Nord, il y avait le MOUVEMENT KOSOVO qui contrecarrait les chimères Lavalas. Aujourd’hui, Zabulon ainsi connu, le chef des bandits Lavalas ayant incendié le local de Radio Hispaniola en connections avec l’ancien député de la Grand-Rivière du Nord Nawoon Marcellus, y organise la répression. Zabulon attaqua Radio Hispaniola en 2004 suite à l’attentat perpétré contre le journaliste Pierre Elie SEM- actuellement handicapé aux Etats-Unis - par des hommes de Nawoon Marcellus : Kewin Augustin, Chélot Magloire et Richard Estimable.

Sans grand étonnement, comme Samba Boukman à la tête de la Commission de désarmement, Zabulon est Chargé d’Affaires du gouvernement PREVAL/ALEXIS. Il en profite pour faire de fausses dénonciations contre des jeunes qui avaient contribué au départ d’Aristide. Avec Lucien Délince Pierre-Louis, il est en train de ramener les violences contre la compagnie GHELLA à ces ennemis politiques. Une façon de déblayer la voie au Sénat, les deux hommes partenaires étant candidats.

Alors que la majorité de la population truvienne reconnaît la non implication dans les violences contre GHELLA, des jeunes du MOUVEMENT KOSOVO parce qu’ils sont déçus du résultat de leur lutte, une liste circule et force ces anciens militants de la démocratie à prendre la poudre d’escampette.

Nous insistons : Le gouvernement haïtien doit faire une bonne gestion du conflit GHELLA/TROU DU NORD pour ne pas impliquer la compagnie italienne dans les conflits politiques. La justice doit agir pour punir les vrais coupables et ne pas tomber dans le piège des politiciens qui souhaitent en profiter pour persécuter leurs adversaires et détruire leur avenir. Il faut prendre garde, de peur que la détention préventive ne soit une fois utilisée à des fins politiques.

Globalement nous pensons que l’Etat devrait avoir des maisons d’arrêt pour garder les personnes accusées séparément des condamnées. Des sanctions devraient être appliquées contre ceux qui font de fausses dénonciations parce qu’ils compliquent le travail des juges. La justice haïtienne ne doit pas poser des actes injustes.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
30 Novembre 2007

(Texte tiré des archives de RESEAU CITADELLE)

Attentat contre le policier français de la MINUSTAH au Cap-Haïtien : une enquête bafouée.

Cyrus Sibert, Journaliste,

Cap-Haïtien, Haïti

reseaucitadelle@yahoo.fr


Trois (3) jeunes capois sont emprisonnés depuis environ 8 mois. Ils sont arrêtés dans le cadre de la tentative d’assassinat du policier Fabrice Castanet de la UNPOL , la police des Nations Unies en Haïti. Ils répondent aux noms de Wesly Prosper alias Ti Jotte (30 ans), Fritz Saint-Fleur (24 ans) et Ricardo ainsi connu (25 ans) et ont été arrêtés pour enquête.

En effet, le 4 avril 2006, au soir, un policier des Nations Unies, de nationalité française,qui travaillait au sein de la MINUSTAH , a subi une attaque dans sa chambre, à l’Hôtel ‘‘Jardin de l’océan’’ situé au carénage, quartier résidentiel de Cap-Haïtien. D’après les informations rendues publiques sur cette affaire, une personne inconnue qui tentait de cambrioler la chambre du policier a dû tirer sur ce dernier pour pouvoir s’enfuir. La victime a été grièvement touchée ; Fabrice Castanet a été transporté d’urgence à l’étranger. Heureusement, il a eu la vie sauve.

Comme d’habitude, la Mission des Nations Unies ne joue pas avec les cas d’attaque contre ses membres. Elle exige toujours une enquête approfondie. Pour cela, elle met à la disposition des autorités locales tous les moyens techniques et scientifiques, jugés utiles, pour que, pour une fois, l’enquête aboutisse et ne se poursuive pas indéfiniment.

Mais dans ce dossier spécifique, la situation est compliquée. L’arme du crime n’a pas été retrouvée sur les lieux du crime. Les indices collectés sur place n’ont pas servi à grand chose. L’enquête se révélait difficile jusqu’à ce jour où, par hasard, une patrouille de la police, dans le cadre d’un contrôle d’identité suivi d’une fouille de routine, observa un jeune homme en fuite, laissant derrière lui un sac à dos dans lequel se trouvait un pistolet de model Gluck 40. Heureux hasard pour les enquêteurs, les analyses balistiques faites sur l’arme révèlent qu’elle a servi dans l’attentat contre le policier des Nations Unies. Aussi, détermine t-on que ce Gluck 40 appartient à John Nicoli, propriétaire de Rival Hôtel, situé à proximité du lieu du crime.

Interpellé par le service départemental de la police judiciaire (SDPJ), monsieur Nicoli avoue que l’arme lui appartient et qu’il en est le propriétaire. Malgré tout, ce dernier n’a été convoqué par devant le juge qu’à titre de témoin. Témoin de quoi se demande t-on ? Jusqu’à présent les déclarations de Monsieur Nicoli sont : « Ce Gluck m’appartient. Il a été volé. J’oublie la date du vol. Je ne me souviens plus de l’heure ni du jour ou son absence avait attirée mon attention. J’ai un problème de mémoire depuis mon enfance. Je ne me souviens plus de rien ».

A la question, comment l’arme a t-elle été disparue ? , Monsieur Nicoli qui n’a même pas un permis de port d’arme à feu, a répondu que sa chambre a été cambriolée. Faut-il remarquer que le cambriolage et la disparition du Gluck 40 qui a servi contre le policier des Nations Unies n’ont pas été déclarés à la police. De plus, Monsieur Nicoli ne pouvait pas préciser si l’arme a disparu avant ou après la tentative d’assassinat du policier des Nations Unies. Monsieur Nicoli, entrepreneur de son état, est ainsi renvoyé chez lui en toute quiétude. Et, pour faire avancer l’instruction, le magistrat instructeur met en dépôt trois innocents sans preuve ni lien direct avec le crime.

Comment Wesly Prosper alias Ti Jotte, Fritz Saint-Fleur et Ricardo sont-ils arrivés là ? Comment ont-ils été arrêtés ?

Les trois inculpés dans le dossier se sont rendus volontairement à la justice. Ils voulaient être entendus et blanchis. Ils sont tous de Carénage, quartier proche de l’Hôtel où l’attentat s’est produit. Ils voulaient à ce que leurs noms ne soient plus cités comme des criminels impliqués dans le cambriolage et la tentative de meurtre sur le policier de la MINUSTAH.

Au mois de juin 2006, Wesly Prosper alias Ti Jotte s’est rendu volontairement au Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien dans le carré du juge d’instruction Henri-Claude Adhémar pour connaître la raison qui a poussé le Magistrat à décerner contre lui un mandat d’amener. Il a été immédiatement mis aux arrêts sans explication aucune comme un vulgaire hors-la-loi. Et jusqu’à date, il subit les affres et les méfaits d’une détention trop prolongée ; par conséquent, illégale et arbitraire.

Ricardo a connu le même sort. Il s’est rendu,lui, au commissariat central du ressort pour dire aux policiers qu’il est bruit que la police est sa recherche; étant donné qu’il n’est pas en contravention avec la loi, il est venu voir de quoi il en est. En récompense de son acte de courage et de bonne foi, comme l’autre, il a été arrêté et jeté depuis lors en prison, se demandant instamment le pourquoi de son incarcération.

Fritz Saint-Fleur, (qui n’a aucun lien d’amitié avec les deux premiers), constatant les déboires de ceux qui se sont rendus à la police et à la justice, a choisi le maquis et s’est réfugié à la Plaine du Nord, une petite commune située à environ 15 Kms du Cap-Haïtien. Malheureusement pour lui, il a été capturé et emprisonné sans aucune forme de procès.

Quand au juge Henri-Claude Adhémar, sa seule préoccupation est d’envoyer, coûte que coûte, quelqu’un par devant le Tribunal. Il est obsédé par le désir de donner satisfaction à la MINUSTAH et veut paraître BON JUGE aux yeux de l’ONU. Pour cela quelqu’un doit être sacrifié, peu importe qu’il soit ou non impliqué dans l’acte incriminé.

Alors, au mois de mars 2006, le Magistrat instructeur, dans son enquête, a cité à comparaître en la Chambre d’Instruction Criminelle le gardien qui était de service à l’hôtel le jour du crime. Ce dernier avoue avoir vu « un individu » sortir en catastrophe de la chambre du policier Fabrice Castanet de la UNPOL , après le coup de feu.

Poursuivant son instruction, le juge Adhémar lui a présenté un album de photos en vue de designer le fuyard éventuel. La technique utilisée – technique très critiquée par certains professionnels de la justice au Cap-Haïtien - consiste à afficher des photos de bandits notoirement connus et celles de personnalités honnêtes de la ville. Le gardien, après un temps de réflexion, a choisi la photo numérotée deux (2) qui était celle de ‘‘Bahon’’ ainsi connu, Officier de l’Etat Civil et activiste lavalas, originaire du Limbé. Bahon est un homme de grand gabarit et de couleur épidermique noire. A cette époque, il se trouvait en prison suite au conflit l’opposant à Paul ODJES pour l’appropriation par ce dernier et sa suite de l’Hôpital ‘‘Bon Samaritain’’ du Limbé.

Paradoxalement, au début du mois de novembre 2006, convoqué de nouveau, le gardien de l’hôtel déclare au juge que trop de temps s’est écoulé, qu’il ne se souvient plus de la photo préalablement choisie ; donc, il oublie tout. En vue de le persuader (non sans intimidation) à coopérer, le Juge Adhémar ordonnait qu’on lui mette en taule pour refus de collaborer avec la justice. Après quatre (4) jours de détention, ce gardien, qui avait tout oublié, a subitement retrouvé la mémoire et, sans hésitation aucune, a choisi une photo : celle de Fritz Saint-Fleur, un jeune homme de peau claire et peu corpulent. Enfin, le juge, satisfait du résultat obtenu, décide de relâcher le soi-disant témoin qui, une fois recouvrée sa liberté, a abandonné son travail à l’Hôtel sans laisser de trace.

En conclusion, d’après nos sources, le Juge Henri-Claude Adhémar, qui veut paraître GRAND JUGE, particulièrement dans ce dossier, a jeté son dévolu sur le malheureux Fritz Saint-Fleur pour un crime, nous supposons, qu’il n’a pas commis. La pertinence des faits et les actes d’instruction posés par le Magistrat dans le cadre de cette affaire le prouvent, d’autant que son empreinte n’a pas été retrouvée sur le pistolet Gluck 40 de John Nicoli ayant servi à commettre le crime.

Les parents et les proches de ces jeunes en détention depuis environ huit (8) mois, dans des conditions infrahumaines à la prison civile du Cap-Haïtien, réclament justice. Une justice impartiale et rationnelle ; une justice qui soit capable de juger tous les citoyens d’après les faits, au regard de la loi, qu’ils soient riches ou pauvres, sans préjugés de classe. Ils se posent des questions sur la motivation du juge Henri-Claude Adhémar. Pourquoi il n’a pas inculpé le propriétaire de l’arme illégale qui a commis l’attentat ? Pourquoi refuse-t-il d’orienter l’enquête vers le principal suspect du dossier car les indices recueillis sont on ne peut plus concluants?

Nous savons qu’en Haïti, il y a des intouchables. John Nicoli, est-il de cette caste qui se croit au dessus de la loi ? La Mission des Nations Unies en Haïti peut-elle cautionner la tradition d’injustice et d’impunité que connaît le pays depuis l’esclavage ?

Nous insistons pour dire que : quelqu’en soit le niveau d’étude, le sexe, l’âge, le rang social et la couleur de la peau, l’injustice est inacceptable.

A la rédaction de ce texte, nous entendons sur les ondes de radio, le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique exhorter les citoyens à témoigner contre les criminels et surtout les kidnappeurs. D’après Luc Eucher Joseph, si la justice n’a pas de preuve, elle sera obligée de libérer légalement les gangsters arrêtés par la police. Alors, pourquoi la justice ne libère pas ces jeunes contre qui aucune preuve n’a été apportée ? Pourquoi la MINUSTAH qui avait supporté scientifiquement la police et la justice, en leur fournissant les données balistiques, les empreintes digitales retrouvées sur le pistolet et autres soutiens techniques, a tout abandonné en chemin, laissant au système féodal et discriminatoire haïtien la possibilité d’abuser des plus faibles ? Alors, le résultat de l’enquête sur l’attentat perpétré sur le policier français de la MINUSTAH Fabrice Castanet, le 4 avril 2006, au Cap-Haïtien, permettra – t-il à la justice de punir le ou les vrais coupables et de dissuader ceux qui mijotent des plans contre les casques bleus en Haïti ?

Cyrus Sibert
Journaliste
Cap-Haïtien, Haïti
19 Janvier 2007.

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